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La Cimade monte au créneau contre le projet de loi asile et immigration

Ce mercredi, les salariés de la Cimade étaient en grève et se sont rassemblés place Pey Berland, à Bordeaux, pour dénoncer la loi asile et immigration, et revenir sur les situations délicates traversées par de nombreux migrants en rétention.

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La Cimade monte au créneau contre le projet de loi asile et immigration

« On est tous étrangers ». C’est le slogan arboré par les manifestants qui, ce mercredi 4 janvier, ont répondu à l’appel des salariés de la Cimade pour dénoncer le projet de loi asile et immigration.

« Le texte a été présenté à la commission des lois, seulement deux ans après la dernière loi sur le sujet, explique Mélanie Maugé-Baufumé, intervenante salariée de la Cimade. Et il marque un net recul pour le droit des personnes étrangères de manière générale et dans les centres de rétention. »

Les 90 salariés de la Cimade, dont 22 intervenants dans les CRA, déplorent plusieurs aspects du projet :

« On s’oppose à l’allongement de la durée de la rétention qui passe de 45 à 90 jours. Cette durée de rétention n’augmente pas le taux de renvoi des personnes étrangères », affirme Mélanie Maugé-Baufumé.

La Cimade souhaite par ailleurs que les personnes puissent faire valoir leurs droits.

« On veut aussi un droit de recours effectif pour les personnes placées en procédure accélérée, annonce Morgane Raguenet-Pré, bénévole de la Cimade. La personne doit pouvoir accéder à un recours suspensif pour ne pas être renvoyée avant même d’avoir obtenu l’issue de sa demande. On souhaite également maintenir un délai de recours de 30 jours pour les personnes déboutées par l’office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA). Le projet de loi prévoit de passer ce délai à 15 jours, c’est court. »

Selon la Cimade, la loi est très dommageable pour les personnes concernées. Elle complexifie les demandes d’asile alors qu’aujourd’hui seulement un demandeur sur deux a accès à une place en CADA (centre d’accueil pour demandeurs d’asile).

Témoignages

Seule salariée de la Cimade à intervenir dans le CRA de Bordeaux, Mélanie Maugé-Baufumé est revenue sur le rôle de l’association dans ces structures, où elle est seule habilitée à pénétrer :

« Notre mission est d’accompagner les personnes enfermées dans les centres. On les aide dans l’effectivité de leurs droits, on explique les procédures, la chronologie, etc. Il faut qu’elles puissent décider en connaissance de cause. »

Au cours du rassemblement, des témoignages de personnes en rétention à Bordeaux ont été lus à haute voix. Ils font part de la souffrance ressenties par ces hommes âgés de 19 à 51 ans. Sur les 20 individus, la moitié va être libérée et l’autre sera expulsée. L’un d’entre eux écrit :

« Cela fait 10 ans que je vis en France, j’ai mon père et sa femme, leurs enfants et mes cousins en situation régulière. J’ai fait une demande de titre de séjour et j’ai eu pendant 3 ans des récépissés avec des autorisations de travail. J’ai monté mon entreprise de sous-traitance, ça marchait bien. Le préfet a ensuite refusé de m’accorder un titre de séjour. Je ne pouvais plus travailler. Le préfet de l’Isère a décidé de me placer dans le centre de Bordeaux, alors que je vis à Lyon. Je suis loin de mes proches qui ne peuvent pas me rendre visite. Je m’ennuie, il n’y a pas d’occupation et pas de lumière. »


#Bordeaux

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