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Le retour volontaire dans le pays d’origine, si simple que ça ?

Le troisième et dernier débat proposé par Rue89 Bordeaux dans le cadre de la programmation Bienvenue aura lieu mardi 17 avril à 18h sur le plateau télé de l’IJBA. Son thème, « S’ils veulent rentrer dans leurs pays d’origine ? », peut surprendre à l’heure où l’urgence est à l’accueil. Voici pourquoi il est important d’envisager le retour.

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Le retour volontaire dans le pays d’origine, si simple que ça ?

Chaque jour, c’est le même rituel. Vers 9h du matin, Bouzid descend retrouver ses amis en bas de l’immeuble. Ils sont trois, parfois plus, à se retrouver pour passer le temps. Ils se promènent dans le quartier, jouent aux cartes, et se rendent à la mosquée du quartier à l’heure de la prière. En fin de journée, Bouzid regagne son appartement et passe sa soirée devant la télévision à regarder Echourouk TV ou Canal Algérie.

Après avoir travaillé une cinquantaine d’années comme ouvrier, Bouzid est aujourd’hui à la retraite. Ses cinq enfants, dont deux sont nés sur le sol français, ont quitté le foyer pour fonder une famille ou pour suivre une voie professionnelle. Dans son T3 au troisième étage d’un immeuble du Grand Parc, Bouzid vit avec sa femme. Elle était venue le rejoindre dans les années 60 pour s’occuper de lui et des enfants.

Ces derniers jours de leurs vies, Bouzid et sa femme voudraient bien les passer en Algérie, dans leur bourgade natale des environs de Constantine. Mais ils n’osent franchir le pas. Après plus de cinquante ans passés en France, comment faire pour tourner une telle page ? Avec quels moyens ? Dans quelles perspectives ? Sans compter le difficile éloignement des enfants et des petits-enfants qui resteront en France.

Le retour « volontaire »

La question du retour est une des questions les plus importantes du processus d’immigration. Et pourtant, elle se pose rarement dans les instances politiques et sociales qui gèrent les flux migratoires.

Quand elle est évoquée dans les services d’accompagnements et d’aides proposés par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), et même s’il s’agit de retour dit « volontaire », elle est à l’attention des personnes en situation irrégulière, des personnes sous obligation de quitter le territoire, ou des personnes engagées dans une procédure de demande d’asile qu’elles ne souhaitent pas poursuivre ou qui a été refusée.

Outre l’organisation du voyage et une allocation forfaitaire, l’OFII leur propose des conseils d’orientation professionnelle et peut également aider à trouver un emploi dans le pays d’origine. Cette démarche s’apparente plus à un processus de réduction de l’immigration qu’à un accompagnement pour retrouver sa culture et ses racines.

Les liens par la langue

Par ailleurs, des initiatives ont été mises en œuvre pour garder des liens avec les pays d’origine en vue d’un retour. Les Enseignements de langue et de culture d’origine (ELCO) sont nés sur la base d’accords bilatéraux pour la scolarisation des enfants des travailleurs migrants.

Les ELCO ont concerné neuf pays : l’Algérie, la Croatie, l’Espagne, l’Italie, le Maroc, le Portugal, la Serbie, la Tunisie et la Turquie. Ils devaient permettre à la fois aux élèves de mieux s’insérer dans l’école mais aussi conduire à conserver des racines, en maintenant des liens avec la culture d’origine et en préservant la possibilité d’un retour au pays.

Très vite, des études ont révélé de nombreux dysfonctionnements. Les enseignements, étant financés par les pays d’origine, ont créé un climat de méfiance quant à une propagande à des fins religieuses et identitaires hostiles au pays d’accueil. Les ELCO ont été remplacé par un nouveau dispositif d’Enseignements internationaux de langues étrangères (EILE) qui bénéficie d’un encadrement renforcé tant du point de vue de la pédagogie et des programmes que des enseignants mis à disposition. La notion du pays d’origine fait ainsi les frais de cette révision.

Choc du retour

Plusieurs études révèlent le « choc du retour » subit par les longs séjours à l’étranger. Aucune d’entre-elles ne fait directement référence aux flux des migrations à l’échelle planétaire. Cependant, elles sont nombreuses celles qui préconisent des prises en charge chez les étudiants ou les salariés expatriés, et où l’on parle d’ « une certaine détresse » et d’ « un cortège de traumatises ».

S’il est difficile de dénicher une étude qui aborde le retour après des exodes massifs de réfugiés de guerre, de réfugiés climatiques, ou de réfugiés économiques, Rue89 Bordeaux tentera, à travers ce débat, d’esquisser quelques pistes.

« S’ils veulent rentrer dans leurs pays d’origine ? » Y répondre se dessinera d’une part à travers l’histoire des grandes migrations en France au XXe siècle, comme celle des Italiens avec Yolande Magni auteure de « La vie rêvée des italiens du Gers », ou des Portugais avec Manuel Dias Vaz président du RAHMI (Réseau Aquitain pour l’histoire et la mémoire de l’immigration) et auteur de l’Histoire d’une immigration portugaise. D’autre part, une réflexion contemporaine sera menée en théorie avec Yves Cusset, philosophe, et en pratique avec Khadim Ndoye, directeur de l’UTSF Gironde (Union des travailleurs sénégalais en France).


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