Ce 1er mai, tout semble normal dans l’enceinte de la Caserne Niel. Entre deux nuages, le soleil pointe son nez pour le bonheur des badauds sous la halle de Darwin, aux abords du skate park et de la ferme urbaine, ou encore dans les allées désertées du village des tétrodons qui accueillait jusqu’à il y a un mois des sans abris.
Pour ceux qui connaissent les lieux, il y a des signes qui ne trompent pas. Des tétrodons sont empilés les uns sur les autres, un muret en taule est dressé au fond de l’allée centrale un peu après le hangar d’Emmaüs, et, à côté des blocs de béton éparpillés, un gardien dans sa voiture surveille cet « accès réservé » à la zone de chantier.
Jeudi dernier, cette frontière avait provoqué la colère des « Darwiniens ». Certains d’entre eux avaient retiré les barrières délimitant la zone des travaux de la ZAC Bastide-Niel, pilotés par Bordeaux Métropole Aménagement (BMA). Ils voulaient dénoncer ce qu’ils jugent être des « manœuvres anticipées par rapport au calendrier annoncé [qui] tendent à asphyxier l’écosystème ».
Quelques jours plus tard, les esprits semblent s’apaiser. Ce sont les Darwiniens qui en donnent le premier signe dans un communiqué publié ce mardi. « Pour une sortie de crise durable », ils demandent « que soit définitivement respectée et mise en œuvre la solution envisagée avec le Maire, M. Alain Juppé, le 24 octobre dernier lors de sa visite sur place ».
« Bon sens »
Le communiqué est accompagné d’un plan en trois partie : une zone jaune qui constitue la propriété de Darwin, un zone verte avec l’espace associatif, et une zone marron « en cours de restitution suite aux accords de médiation« . Une ligne rouge dessine les « limites de Darwin éco-système ».
« Notre plan va jusqu’au mur derrière la ferme Niel permettant de la sécuriser, précise Jean-Marc Gancille, cofondateur de Darwin. En définissant clairement les emprises respectives, on lèvera les incertitudes et pacifiera la situation une fois pour toute pendant les travaux. »
Le communiqué ajoute que « contrairement à la “rumeur urbaine”, l’intention de Darwin n’est nullement d’obtenir toujours plus de terrain ». Ses auteurs rappellent « que si la densification paraît inéluctable au vu de l’attractivité de Bordeaux, elle ne s’accompagne pas encore d’un développement économique significatif : l’activité partout saluée de nos entreprises et associations en apparaît d’autant plus cruciale ».
Des voies cavalières
Ils en appellent « à la raison et au bon sens, afin que les projets urbains puissent s’épanouir dans leur diversité et le respect de leurs valeurs fondamentales, contribuant ainsi pleinement au rayonnement du territoire bordelais ».
« Chiche », leur répond ce mercredi Alain Juppé. Le maire estime avoir « affaire à de vrais caractériels des deux côtés » et déplore que l’accord proposé le 9 novembre dernier n’ait pas été respecté. Il dénonce le retard pris par les Darwiniens, à qui il a proposé de céder deux îlots, à évacuer certains espaces visés par l’aménageur, tout comme « les initiatives intempestives de BMA pour privatiser la voie cavalière ou libérer le parking provisoire » de Darwin.
« Celui-ci doit rester disponible avant l’ouverture du prochain », souligne Alain Juppé, ironisant au passage sur la volonté des salariés et bénévoles de l’écosystème de pouvoir continuer à venir sur place en voiture.
« On va aller mesurer avec un double-décimètre qui respecte quoi », conclut le maire.
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