Le procès de Maurice Papon s’est ouvert en 1997 à Bordeaux. L’ancien secrétaire générale de la préfecture de la Gironde de 1942 à 1944 a été condamné le 2 avril 1998 à 10 ans de prison pour complicité de crimes contre l’humanité. Le colloque d’historiens et de juristes qui s’est réuni la semaine dernière à Bordeaux était organisé par le Centre d’études des mondes moderne et contemporain (Université Bordeaux Montaigne), le Réseau aquitain pour l’histoire et la mémoire de l’immigration, le Comité Sousa-Mendes et l’Association Anonymes, Justes et Persécutés durant la période nazie dans les communes de France.
Lors de la deuxième journée qui a eu lieu dans l’amphithéâtre Jacques-Chaban-Delmas, à l’hôtel de Région de Nouvelle-Aquitaine, l’intervention imprévue d’Aliza Bin-Noun, l’ambassadrice d’Israël en France venue à Bordeaux à l’occasion d’une exposition sur les Justes d’Albanie, était sur toutes les lèvres. Car les intervenants ont été « mis devant devant le fait accompli » selon un intervenant au colloque qui préfère garder l’anonymat.
« En fait, je n’étais pas vraiment au courant de sa venue, explique-t-il. Quand je suis arrivé vers 10h30, une personne a demandé la parole dans le public de façon insistante. Ce qui est plutôt rare. Elle a dit : “Nous sommes dans un colloque sur le procès d’un crime d’un état autoritaire. Je suis extrêmement choqué, sans que nous ayons été avertis, qu’une représentante d’un autre état autoritaire se joigne à nous.” Quelqu’un dans le public a crié “Taisez-vous”, un autre “On nous prend en otage”. Je n’ai compris que plus tard de qui il s’agissait. »
« A quand le procès des assassins de Gaza ? »
Le site de CAPJPO-Europalestine rapporte que Jean-Pierre Labroille, militant de La Ligue des droits de l’homme Gironde, s’est également exprimé :
« Je voudrais vous faire part de ma surprise et de mon désaccord pour la présence cet après-midi d’un ambassadeur d’un pays étranger pour saluer ce colloque. L’histoire de ce procès appartient à tous, elle ne saurait être captée par un État étranger. Cette présence est d’autant plus choquante dans un colloque où l’on parle de droit, de justice, de mémoire et d’histoire que cet état bafoue le droit international et tire sur des manifestants désarmés. A quand le procès des assassins des manifestants de Gaza ? »
Plus tard dans la matinée, l’ambassadrice a fait savoir qu’elle annulait son intervention par manque de temps. Par ailleurs, dans un entretien accordé à Sud Ouest, elle a justifié la répression des manifestations palestiniennes qui n’ont « rien de pacifique » étant « initiées par le Hamas, qui ne reconnaît pas l’existence d’Israël et appelle à sa destruction ».
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