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Après la bataille « perdue » par l’État, les Ford veulent éviter les repreneurs leurres

La direction de Ford parle de discussions en cours avec un repreneur, tout en lançant les négociations pour son plan social. Les autorités critiquent mais prennent acte. Les syndicats s’alarment (encore un peu plus) pour les 886 salariés de l’usine et 3000 emplois induits.

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Après la bataille « perdue » par l’État, les Ford veulent éviter les repreneurs leurres

On ne parle que d’eux mais, une nouvelle fois, on ne les entendra pas. Les membres de la direction de Ford Europe ont participé ce mercredi au comité de suivi à la préfecture de Gironde à Bordeaux mais, comme toujours, ne se sont pas montrés à la presse. Pourtant, beaucoup de questions restent sans réponse.

La direction vient de déposer un plan de licenciements (dit de sauvegarde de l’emploi ou PSE) que trouve « absurde » le délégué interministériel Jean-Pierre Floris, que « regrette » le préfet Didier Lallement et en même temps dont ils prennent acte car « impossible à empêcher » ajoute-t-il.

« J’ai perdu la bataille, déplore le délégué interministériel, puisque j’ai essayé avec les experts du ministère du travail d’expliquer à Ford que le PSE n’était pas nécessaire et qu’il fallait se concentrer sur la reprise. »

Avancées et repreneurs

Philippe Poutou, délégué CGT de l’usine, sort excédé de cette réunion avec l’intersyndicale, la direction, les autorités locales et nationales :

« Ils sont en train de laisser faire Ford. Quand Floris dit qu’il a perdu le combat, je réponds que non. Il faut le continuer. Il faut au moins imposer le report du PSE. Ce n’est pas possible de donner des millions d’euros pendant des années puis dire c’est comme ça, que personne n’y peut rien. »

Le délégué interministériel à la restructuration des entreprises estime que des avancées ont tout de même eu lieu : engagements sur les salaires jusqu’à fin 2019, aucun licenciement avant septembre 2019 et les salariés qui devront travailler pour l’usine voisine de Getrag seront prêtés (et non transférés définitivement).

Jean-Pierre Floris, délégué ministériel à la restructuration d’entreprises (XR/Rue89 Bordeaux)

Surtout, sous le sceau de la confidentialité, Ford assure avoir des discussions avec un repreneur potentiel. Jean-Pierre Floris demande que le nom soit dévoilé fin juillet – sans que Ford s’engage. Un nom revient régulièrement : l’usine alsacienne de Punch Powerglide qui s’exprime ce mercredi dans Sud Ouest. Jean-Luc Gassies, de la CFTC, doute :

« On en entend parler depuis plusieurs mois, même de la part de notre direction locale. Mais dans ce cadre, on ne comprend pas pourquoi ils parlent de PSE pour la totalité des salariés car s’il y a un repreneur il n’y a aucune raison de le déclencher. Il y a de fortes probabilités qu’encore une fois – mais on espère se tromper – ce soit un leurre pour que Ford continuer à dérouler son plan. »

« On lâchera rien »

Il y a 10 ans, l’entreprise HZ qui devait déjà reprendre le site était en effet un mirage qui avait obligé Ford à revenir en selle.

Mais la mobilisation des salariés n’est quant à elle plus la même. Malgré l’appel au rassemblement lancé par l’Union départementale de la CGT et la CGT Métallurgie en particulier, seuls une quarantaine d’entre eux étaient présents devant la préf’, dont des postiers et des cheminots venus faire converger leurs luttes (ne cherchez pas la contrepèterie).

Désormais le plan du géant de la bagnole est bien en route puisque d’ici la fin du mois, les négociations sur le PSE vont démarrer. Le prochain comité de suivi n’aurait lieu qu’à la rentrée de septembre, à un an des premiers licenciements.

La maire de Blanquefort, Véronique Ferreira, appelle à un renforcement de « la pression politique ». « On ne les lâchera pas » promet le préfet.


#blanquefort

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