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Les employés de la CAF Gironde mobilisés contre la suppression de 50 postes

Répondant à l’appel des syndicats FO et CGT, ils étaient une petite vingtaine réunis devant l’entrée de la Caisse d’allocation familiale (CAF) de Gironde, au siège de Bordeaux-Lac, pour protester contre les suppressions de poste et la dégradation de leurs conditions de travail.

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Les employés de la CAF Gironde mobilisés contre la suppression de 50 postes

Rassemblés sous une chaleur écrasante, les employés de la CAF Gironde ont manifesté, ce jeudi 21 juin, leur opposition à la future Convention d’Objectif et de Gestion (COG) pour la période 2018-2022.

Ce contrat, en passe d’être signé entre l’Etat et la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), donne la conduite à adopter au sein de la Branche Famille : politique de l’emploi, politique budgétaire, organisation des Caisses, productivité, mode d’accueil, etc.

La CGT et Force ouvrière (FO) dénoncent « une charge de travail qui ne cesse d’augmenter », parallèlement à des effectifs toujours plus réduits. La nouvelle COG prévoit en effet la suppression de 2 100 postes dans l’ensemble des CAF, dont 50 rien que pour celle de Gironde (sur environ 800 salariés).

Pour Servane Crussière, représentante de la CGT, cette convention prône le tout numérique au détriment de l’humain.

Un bilan « catastrophique »

Pour appuyer son propos, l’intersyndicale établit un constat très critique de la précédente COG pour la période 2013-2017. Celle-ci défendait une « simplification administrative couplée à une montée en puissance des télés services », avec pour ambition d’alléger le travail du personnel et de gagner en productivité.

Mais selon les chiffres de la CNAF, avancés par les syndicats, seules 17 à 18 % des démarches auraient été réalisées par télé procédure, dont la moitié par traitement automatique, le reste étant à charge des agents. Pour la CGT et FO, le bilan s’est ainsi révélé « catastrophique » :

« La simplification tant attendue n’est jamais venue, pis encore, la complexification s’est intensifiée tant sur le plan législatif qu’organisationnel. Seul l’objectif des suppressions d’emplois a été atteint », précise le communiqué de presse.

En novembre 2016, les agents de la CAF Gironde avaient déjà dénoncé la baisse et la précarisation des effectifs. Sur la période 2013-2017, pas moins de 1 700 emplois ont en effet été supprimés, dont une quarantaine pour le département, selon la CGT.

Face à l’augmentation des délais de traitement de dossiers et du nombre d’appels sur la plateforme téléphonique, les sites d’accueil sont contraints de fermer régulièrement afin de résorber les retards. Les heures supplémentaires s’accumulent, si bien que l’intersyndicale s’inquiète « des personnels épuisés, en perte de sens de leurs missions ».

« On déshumanise notre profession, ajoute Servane Crussière. Cette pression du chiffre, elle est insoutenable. »

Les manifestants devant le siège de la CAF Gironde (LS/Rue 89 Bordeaux)

Revendications et inquiétudes

En se rassemblant au siège de la CAF Gironde, les manifestants espèrent l’abandon des 2 100 suppressions de postes annoncées. Selon la CGT, le « ministère » – la Branche Famille est placée sous une double tutelle, celle du ministère des Affaires sociales et de la Santé et celle du ministère du Budget – aurait d’abord donné le chiffre de 4 000 postes menacés. La CNAF s’y serait alors opposé, coupant la poire en deux.

L’intersyndicale réclame également l’obtention « immédiate de moyens humains conséquents », comprenant « la titularisation de l’ensemble des CDD ». Elle exige enfin le maintien de la Convention collective et l’augmentation de la valeur du point d’indice, gelé par le gouvernement au 1er janvier 2018.

Cependant, les emplois ne seraient pas seulement menacés par le tout numérique et l’intelligence artificielle, principes défendus dans la nouvelle COG. Servane Crussière établit aussi un parallèle avec la récente sortie du président de la République, sur le « pognon de dingue » mis « dans les minimas sociaux », à la veille de son discours sur sa politique sociale.

« Nous qui travaillons dans ces organismes d’aide sociale, va-t-on disparaître demain ? » s’inquiète-t-elle.

Un dialogue de sourd

Par ailleurs, il semblerait qu’un contentieux de longue date entre les employés de la CAF Gironde et sa direction rende le problème d’autant plus insolvable.

Pour les syndicats, la direction demeure sourde à leurs revendications et se dédouane de ses responsabilités, se défendant d’une stricte application des directives de la CNAF. Il y a « un ou deux mois », un médiateur leur aurait été refusé selon la CGT, rendant le dialogue impossible.

Le mouvement est d’ores et déjà reconduit, et plusieurs préavis de grève ont été posés « au-delà juillet ». À l’appel des syndicats CGT et FO, les employés mobilisés de la CAF Gironde participeront à la grève interprofessionnelle du 28 juin pour dénoncer « la casse du service public ».


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