[A lire dans Le Monde et Sud Ouest] Ne voulant plus mentir sur son passé à son fils de 7 ans, Gilles Bertin, un des auteurs du braquage de la Brink’s en 1988 à Toulouse, s’était rendu à la justice le 17 novembre 2016, après vingt-huit ans de cavale. Gilles Bertin était jugé mercredi par la cour d’assises de Haute-Garonne, à Toulouse.
L’ancien chanteur punk, aujourd’hui 57 ans, encourait vingt ans de réclusion criminelle. Il a finalement écopé d’une peine de cinq de prison avec sursis, l’avocat général reconnaissant « le bon comportement de l’accusé ».
Gilles Bertin aurait en effet pu attendre 2024 et la prescription de sa peine à dix ans fermes prononcée en 2004, pour se rendre aux autorités françaises. Mais depuis la naissance de son fils en 2011, l’homme en cavale a ressenti la nécessité de faire face à ses responsabilités, afin de se reconstruire.
« Pour retrouver sa liberté d’homme, Gilles Bertin a pris le risque de la perdre, c’est admirable », a déclaré Christian Etelin, son avocat.
Après moins de deux heures de délibérations, le verdict a été accueilli sous les applaudissements. Et Gilles Bertin, venu avec un petit sac et ses affaires en cas d’enfermement, d’esquisser un sourire.
De la scène à la cavale
Enfant du rock bordelais, Gilles Bertin, chanteur charismatique de Camera Silens – du nom des cellules d’isolement où étaient emprisonnés les membres du groupe terroriste d’extrême gauche allemande Fraction armée rouge – a été un temps une voix de la scène française émergente.
Né en 1981 d’une rencontre dans le quartier Saint-Pierre, le groupe fut une référence de la vague punk bordelaise, au côté des Noirs Désirs (futur Noir Désir).
Junkie, accro à l’héroïne, le jeune rockeur a peu à peu sombré, avant de tomber dans le banditisme social. Minutieusement préparé pendant deux ans, le braquage du dépôt de l’entreprise américaine de sécurité Brink’s, à Toulouse, rapporte à la dizaine d’amis musiciens dans le coup 11,7 millions de francs – soit 1,8 millions d’euros. Et ce sans le moindre coup de feu.
S’en est suivi pour Gilles Bertin la fugue, la planque sous le nom de Didier Ballet, en Espagne et au Portugal, et le combat contre le sida. Avant la réapparition, en France, vingt-huit ans plus tard, puis la rédemption.
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