[A lire sur le site de l’Université Bordeaux Montaigne] Alpha Kaba, le visage impassible et le ton neutre, raconte l’enfer. Du pillage de la radio où il travaillait à Kankan, en Guinée, aux plantations de dattes, en Libye, où il fut réduit à l’esclavage. La traversée de la Méditerranée sur un canoë pneumatique, l’attente interminable d’un droit de séjour en France. Son histoire, relatée dans le documentaire « Alpha, la voix de l’exil », ressemble à tant d’autres.
Au moment de l’enregistrement, le Guinéen, journaliste sportif de profession, est demandeur d’asile politique. Aujourd’hui, il a reçu ses papiers de l’OFRPA et étudie à l’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA).
C’est là, place Renaudel, qu’il rencontre Elliot Raimbeau, diplômé de cette même école. De quelques paroles échangées dans la rue à un studio d’enregistrement, les deux confrères décident de mettre en mot et en dessin son épopée.
Celle-ci commence en Guinée, à Kankan. Tenue pour responsable des débordements survenus lors de la visite du président Alpha Condé, la radio où officie le journaliste depuis 2011 est saccagée. Menacé d’emprisonnement, comme ses collègues, Alpha Kaba doit fuir le pays.
S’ensuit alors une lente descente aux enfers : la trahison du passeur en Libye, la traite humaine et le trafic de migrants, la vente à des exploitants de dattes. « Les mille nuances de l’horreur que lui seul peut exprimer », résume Elliot Raimbeau dans un post explicatif publié sur sa page Facebook.
Pourtant, le témoignage d’Alpha Kaba ne constitue pas un énième récit des affres de la crise migratoire. Ici, il est un visage, une voix. Son histoire, racontée au crayon et à l’aquarelle par Elliot Raimbeau, devient plus accessible, plus humaine.
« Les dessins d’Elliot Raimbeau ont su la restituer avec sensibilité, comme ils ont su raconter, avec pudeur, l’épopée tragique qui a mené Alpha de Guinée (…) jusqu’à la place Renaudel », décrit Arnaud Schwartz, directeur de l’IJBA.
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