« A quand une justice qui condamne les tortionnaires d’animaux ? » « Stop à la maltraitance animale », proclament les affiches et panneaux confectionnés par les 70 militants de la cause animale. Ce sont pour la plupart des femmes, venues parfois de loin – Paris, Marseille, Lyon… – exprès pour l’occasion.
En mémoire de Cookie, Sylvie, 56 ans, fait ainsi l’aller-retour depuis Lyon dans la journée en car Macron, et pris deux jours de congés dans l’hôtel où elle travaille.
« J’en ai pleuré et j’en pleure encore tellement cette petite minette m’a touché, il ne faut pas que cela reste classé sans suite », confie cette dame, qui participe là à la première manifestation de sa vie.
Bénévole de l’association girondine Bastet, Sophie Llado a pris en charge Cookie et récolté une cagnotte pour pouvoir l’opérer, sans succès puisque la chatte est morte peu après des suites de ses blessures. Cette militante est à l’origine du rassemblement à Bordeaux. Suite au classement sans suite de la plainte contre le propriétaire de la chatte, elle explique qu’un recours hiérarchique a été fait au parquet pour qu’il poursuive son enquête, et envisage une citation directe.
Pas félin pour l’autre
Avec deux témoins ayant assisté à la défenestration, le dossier est à ses yeux et à ceux de son avocate, Isabelle Terrin, suffisant pour que le propriétaire de Cookie, un homme seul, séparé de sa femme et de sa fille, réponde de ses actes.
Lorsqu’on demande aux manifestantes pourquoi manifester pour un chat, et pas, par exemple, pour le sort des centaines d’hommes et de femmes qui meurent en tentant de traverser les Alpes ou la Méditerranée, l’une d’elle intervient, la voix tremblante :
« Ceux qui traitent mal les humains commencent souvent par les animaux, estime Catherine, décoratrice de 57 ans vivant à Saint-André-de-Cubzac. Quand j’ai appris pour Cookie, un écho a résonné, celui des cris de notre chien que bastonnait notre mère, avant de nous frapper nous quand on essayait de le protéger. Elle avait un pathologie mentale, et nous avons grandi dans cette violence. Un animal c’est comme un petit enfant, il ne peut pas se défendre. Je me sens proche de toute victime d’injustice au monde. »
Code animal
« On veut que la loi soit appliquée, c’est tout », affirme Isabelle Terrin. Elle rappelle que l’article 521-1 du code pénal punit de deux ans d’emprisonnement et de 30000 euros d’amende le fait de commettre un acte de cruauté envers un animal.
« Je ne veux pas vivre dans un pays où on jette les chats par la fenêtre, poursuit l’avocate de la cause animale – elle avait obtenu la condamnation du bourreau d’un autre félin, Chevelu. Il y a une prise de conscience sociétale mais la justice n’arrive pas à suivre, elle trouve ça un peu ridicule que l’animal fasse son entrée dans les prétoires. »
Me Terrin voit toutefois une avancée notable dans la sortie récente du premier code de l’animal. Cet ouvrage de référence unique en Europe, qui regroupe des textes nationaux et internationaux, décrets, arrêtés et jurisprudence, pourra prendre place à côté des codes civil et pénal.
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