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Camille Choplin, l’écologirl qui raconte l’écologie

En 2006, Camille Choplin lance son blog pour partager ses coups de cœur et astuces bio avec ses copines. Douze ans plus tard, son lectorat s’est élargi et la blogueuse s’apprête à publier un roman pour sensibiliser aux problématiques environnementales. Premier portrait de notre série « Rencontres Bordelaises », publiée chaque mardi de cet été.

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Camille Choplin, l’écologirl qui raconte l’écologie

« Militante du bon sens », voilà comment se définit Camille Choplin, 39 ans. C’est en septembre 2006 qu’elle crée son blog, tout juste diplômée de l’école des hautes études en sciences de l’information et de la communication (CELSA) à Neuilly-sur-Seine (92) et déjà assistante de communication dans un petit laboratoire de compléments alimentaires à Paris.

C’est dans ce cadre professionnel, en contact avec ses clients et des magasins bio, que Camille Choplin découvre de « nouvelles façons de se nourrir et de se soigner, notamment avec les huiles essentielles… » Rapidement, la volonté de partager « toutes ces astuces » la pousse à « ouvrir un blog avec les coups de cœur beauté, santé, alimentation et des conseils pour mieux consommer », pour les copines d’abord puis plus largement.

Ecologirl sur son blog et les réseaux sociaux : la super-héroïne Elastigirl mise à la sauce « green ». (Illus. Joëlle Ducouret)

Ainsi, « Ecologirl » est né et compte aujourd’hui 5000 visiteurs en moyenne par mois, 3128 abonnés sur Facebook et 2012 sur Twitter. Son avatar : la super-héros Elastigirl, personnage du dessin animé « Les Indestructibles », revisité par une illustratrice bordelaise et mis à la sauce « green » avec une combi verte – couleur qui s’imposait – estampillée d’un « E » (comme « écolo » ou « environnement »…) et une fleur dans les cheveux.

Très vite, le blog Ecologirl lui permet de faire de multiples rencontres enrichissantes, notamment grâce aux apéros écolo qu’elle organise chaque mois et, après son arrivée à Bordeaux en 2007, de trouver un emploi encore davantage en accord avec ses convictions : depuis 2012, la trentenaire est chargée de communication à la Maison écocitoyenne de Bordeaux, un espace pédagogique et ludique pour expérimenter et vivre l’écocitoyenneté au quotidien.

Tombée dedans petite

Cette fille d’ingénieur passionné par le surf, qui a suivi son père et sa mère, chaque été, « à la recherche de la vague » au Portugal, en Angleterre, en Irlande, et ailleurs, se souvient aussi de ses promenades familiales en Ardèche et dans le Vercors :

« Mes parents m’ont transmis le goût des belles et bonnes choses. J’ai vécu avec ma grande sœur et mon grand frère dans la campagne valentinoise, je faisais des élevages d’escargots et m’occupais des chats errants. […] Je me souviens aussi de mes camps de scout où je profitais de la vie en plein air. »

Son goût pour l’aventure et ses lectures – abonnée à « Terre sauvage » – lui insufflent le rêve de pratiquer la photographie animalière. Finalement, elle suit des études de Sciences du langage à Grenoble et décroche sa maîtrise de communication et marketing. « Un choix de vie » l’emmène à poser ses valises à Bordeaux avec son mari.

Depuis une quinzaine d’années, la jeune femme s’investit pour « un monde plus écolo » dans sa vie de tous les jours. Elle se déplace exclusivement ou presque à vélo, « l’écogeste de base ».

« Je ne mange presque plus de viande : pour produire un kilogramme de bœuf, il faut 15 000 litres d’eau ! En outre, l’élevage bovin accentue l’effet de serre et la déforestation. L’empreinte écologique du bœuf est donc énorme. J’achète local et bio, notamment à la Supercoop dont je suis membre. Je fais des courses d’appoint dans les Biocoop, les épiceries du quartier ou au marché des Capucins. »

Camille Choplin se déplace quotidiennement à vélo pour tous ses trajets ou presque, l’ « écogeste de base » (FH/Rue89 Bordeaux)

« A la maison, nous avons un fournisseur d’électricité 100 % renouvelable (Enercoop) depuis 10 ans, nous trions nos déchets et avons un compost dans le jardin de notre échoppe. J’achète des vêtements d’occasion pour mes enfants – 4 et 9 ans – et pour moi. Nous allons à la bibliothèque et à la ludothèque pour emprunter des livres et des jeux plutôt que de les acheter… Ou sinon, on s’équipe à R’2 Jeux, une association-recyclerie située aux Chartrons qui donne une seconde vie aux jouets tout en favorisant le retour à l’activité de personnes éloignées du travail… »

Sans se revendiquer écologiste, Camille Choplin se dit « juste une citoyenne qui a pris conscience qu’il faut agir ». Elle entraine dans son sillage toute sa famille et ses enfants, « fière de transmettre ses valeurs ».

Des livres inspirants

Ses lectures du moment ? « On a 20 ans pour changer le monde » (qui accompagne le film documentaire d’Hélène Médigue, NDLR) de Maxime de Rostolan, ingénieur agronome, agriculteur et fondateur du réseau Fermes d’Avenir et Blue Bees, la première plateforme de financement participatif dédiée aux projets agricoles.

« Il a un discours très clair, très bien construit, analyse-t-elle. Il montre que le modèle agricole actuel est dépassé, qu’il fait des ravages sur notre environnement et notre santé et qu’il ne permet plus aux agriculteurs de vivre décemment. Un maraîcher gagne 500 euros par mois et un agriculteur se suicide tous les deux jours. Maxime de Rostolan expérimente notamment dans sa ferme à Montlouis-sur-Loire (37) le modèle de l’agro-écologie à taille humaine et se bat pour que celui-ci remplace l’agriculture chimique de grande échelle. Pour ce faire, il essaie de mobiliser les pouvoirs publics, les citoyens, les paysans… »

Pour l’été, Camille Choplin compte aussi s’offrir (ou emprunter !) le « Petit Manuel de résistance contemporaine » de Cyril Dion, réalisateur du documentaire « Demain ». Un ouvrage pratique dans lequel l’auteur s’interroge sur les réponses à apporter face à l’effondrement écologique actuel et propose des pistes d’actions individuelles, collectives, politiques…

Militant aussi pour l’égalité des sexes, elle est abonnée au magazine « Femmes ici et ailleurs », centré sur les femmes agissantes. Enthousiaste, elle explique :

« Cette revue part du constat que 80 % des personnes qui s’expriment publiquement ou dans les médias sont des hommes et que les représentations de la femme sont stéréotypées (mamans, bimbos, personnes faibles, victimes…). En donnant la parole uniquement à la gent féminine, elle contribue à rétablir l’équilibre, à mettre en lumière celles qui mènent des actions à travers le monde et à combattre les clichés. »

« Tout le monde ne raffole pas des brocolis », roman de Camille Choplin, à paraître en octobre prochain. Copyright (FH/Rue89 Bordeaux)

Toucher madame Tout-le-monde

C’est en lisant « Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une » de Raphaëlle Giordano (vendu à plus d’1,5 millions d’exemplaires tous formats confondus, NDLR) que la Bordelaise a l’idée de son livre :

« Je me suis dit qu’elle avait trop raison, cette fille : plutôt que d’écrire un énième guide pratique, elle met du développement personnel dans de la fiction, et ça marche ! Cela m’a donné l’idée de rédiger un recueil de nouvelles dans lequel des héroïnes accompliraient des gestes environnementaux en matière d’énergie, d’alimentation, d’agriculture… Sur les conseils d’une amie qui travaille dans l’édition, j’ai finalement écrit un roman pour que le lecteur puisse s’attacher aux personnages. »

Le livre, un roman « feel good, rigolo, pratique », va s’appeler « Tout le monde ne raffole pas des brocolis ». Il sortira le 11 octobre prochain aux éditions Hugo & Cie.

Le pitch ? C’est l’histoire de trois héroïnes : l’une, quinquagénaire, n’en a que faire de prendre soin de la planète, l’autre, sa fille, complètement perdue en école de commerce, et la troisième, leur voisine, jeune mère trentenaire, écolo engagée à tendance radicale, qui fait de son mieux pour laisser l’empreinte la plus légère possible sur terre.

Au cours d’une année, au fil des rencontres et des saisons, chacune va faire ses propres expériences et découvrir qu’une autre façon de vivre est possible.

« Ce roman s’adresse à tout le monde mais avant tout aux femmes, car j’ai la conviction que ce sont elles qui vont opérer le changement. Mine de rien, ce sont encore surtout les femmes qui font les courses, le ménage, s’occupent des enfants… Je veux toucher madame Tout-le-Monde, qui fait ses achats à Auchan parce que c’est soi-disant pas cher et achète des fringues bon marché, mais éthiquement et écologiquement incorrectes, de chez H&M. »

La chute de la biodiversité, la disparition des abeilles, la pollution des océans, le réchauffement climatique et celui des eaux… Pour Camille Choplin, « l’homme est en train de s’auto-détruire ». Elle ne se résigne pas pour autant et ne veut pas entendre ses enfants lui dire un jour : « Mais qu’est-ce que t’as fait ?! »


#Rencontres Bordelaises

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