En janvier 2016, la Mairie de Bordeaux faisait part de sa décision de céder l’Hôtel de Ragueneau. Propriété de la Ville depuis 1860, ce patrimoine du XVIIe siècle situé rue du Loup était inoccupé depuis le déplacement des Archives municipales rive droite, à la ZAC Bastide Niel.
Pourtant, deux ans après cette annonce, les locaux semblent aujourd’hui toujours inoccupés. Selon la mairie, la vente est maintenue, mais pas encore programmée :
« Le musée des Arts décoratifs s’est servi du bâtiment comme lieu de stockage des collections et du mobilier ancien. D’ici la fin de l’année, elles vont être déménagées. Les services fonciers de la métropole mettront alors en place la vente aux enchères courant 2019. Ce sera fait un peu sur le modèle de l’ancienne tour de Gaz-de-Bordeaux, devenu l’hôtel Mama Shelter ».
En 2016, la décision de mettre en vente cet hôtel particulier d’une superficie de 985 m² – estimé en 2005 par France Domaine à 2 millions d’euros – avait suscité le mécontentement de l’opposition. « On vend des bijoux de famille pour équilibrer le budget », avait commenté le conseiller municipal PS Matthieu Rouveyre, après avoir rendu publique la délibération à l’annonce à venir du conseil municipal.
Régulièrement, l’opposition s’élève contre la politique de privatisation du patrimoine bordelais menée par la mairie et la métropole. Ce fut le cas lors de la vente d’un bâtiment place Pey Berland en 2014, de l’ancien CCAS cours Saint-Louis en 2015, et plus récemment, en juin dernier, d’un immeuble métropolitain au 28 rue Paul Bert. Au grand dam de Sylvie Cassou-Schotte, élue écologiste de la métropole :
« S’agissant en effet d’un bien exceptionnellement bien situé au cœur de Bordeaux, à deux pas du centre social Paul Bert, structure susceptible de contribuer à l’accompagnement social, il nous semblait intéressant d’examiner toute possibilité permettant de mettre à disposition ces logements pour un dispositif favorisant le parcours d’insertion dans le logement. (…) A notre sens, la vente de ce bien revêt donc un goût amer (…). Car pour retrouver ce même type d’offre, aussi idéalement situé, et dans le contexte d’emballement du marché immobilier bordelais, cela coûtera inévitablement beaucoup plus d’argent public. »
Castéja transformé
Le déficit de logements sociaux dans le centre de Bordeaux avait aussi fait débat lors de la ventre de l’ancien commissariat central Castéja, rue Abbé de l’Épée. Anciennement couvent, institut des sourdes et muettes et caserne militaire, il a été acquis en octobre 2014 par Gironde Habitat, suite à un appel à projet de l’État, pour 12 millions d’euros.
Mais son rachat par un bailleur social (dépendant du département) ne donnera pas lieu à un quartier HLM à deux pas du Triangle d’or, comme le réclamaient des élus de gauche. Dénommé (Ré)public, le projet laissera une grande place à de la promotion privée : sur 180 logements, dont 45 % en locatifs sociaux, 20 % en accession sociale à la propriété et 35 % en accession libre. Un foyer de jeunes travailleurs pourra accueillir environ 45 personnes. Sur les 12 000 m² de disponible, un hôtel de luxe, une brasserie, un local associatif, une école maternelle et un parking souterrain verront le jour.
Cependant, la hauteur de ces nouvelles constructions suscitent la contestation des riverains, en particulier celle d’un voisin, Hanoé RPP. Cette société de location de terrains et biens immobiliers située rue de Thiac (une des voies bordant Castéja) a déposé plusieurs recours contre le projet de réhabilitation, dénonçant entre autres les vues plongeantes des nouveaux logements et la perte d’ensoleillement.
Face au rejet, le 22 mars dernier, de son dernier recours par le tribunal administratif de Bordeaux, Hanoé RPP a décidé de se pourvoir en cassation auprès du Conseil d’État. La plus haute juridiction administrative française a confirmé la réception du dossier, toujours en cours d’examen. Une audience se tiendra, mais aucune date n’est encore fixée.
Gérée en amont via une étude approfondie du site, la découverte exceptionnelle d’une nécropole antique contenant plus d’une quarantaine de fosses n’a pas retardé le début des travaux de construction. En revanche, les procédures judiciaires – mais aussi « la concertation, les études et la dimension du projet », selon Gironde Habitat – ont contraint le bailleur social à repousser la date de livraison de l’îlot de 2019 à 2021.
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