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« C’est mieux de louer aux étudiants qu’à des touristes » tonne l’académie de Bordeaux

Lors de leur conférence de presse de rentrée, ce lundi, le recteur et les chefs d’établissements d’enseignements supérieurs ont réitéré le constat d’une crise aiguë du logement étudiant sur l’agglomération bordelaise. Sans toutefois y apporter d’autre réponse qu’un appel au « civisme » des bailleurs privés, alors que le nombre d’étudiants continue d’augmenter.

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« C’est mieux de louer aux étudiants qu’à des touristes » tonne l’académie de Bordeaux

Préoccupation majeure pour bon nombre d’étudiants en cette rentrée, la question du logement n’a pourtant été abordée que tardivement lors de ce point presse. Elle a néanmoins fait l’unanimité, du président de l’Université de Bordeaux (UB), Manuel Tunon de Lara, qui se dit « préoccupé » par cette situation, au directeur de Sciences Po Bordeaux, Yves Déloye qui parle d’ « alerte » :

« Une étudiante suédoise est repartie dans son pays, des étudiants ont passé 3 semaines dans un camping », à cause de l’impossibilité de trouver un logement, a-t-il donné pour exemples.

Du côté de l’Université Bordeaux Montaigne (UBM), la présidente Hélène Velasco-Graciet a annoncé avoir lancé une enquête auprès des étudiants, il y a quatre jour, et détaillé les 82 premières réponses : « 42 étudiants logent chez des amis, 14 sont sans logement, 13 habitent à plus de 50 km du campus, et 10 à l’hôtel. »

Preuve de civisme

Jugeant que ces conditions pourraient ralentir l’ « attractivité des établissements universitaires », Sciences Po devrait mettre en place un système visant à se porter garant auprès des bailleurs pour les étudiants étrangers.

« Il existe un dispositif national permettant aux étudiants d’être garantis par l’État, mais un blocage subsiste pour les candidats internationaux » a-t-il expliqué, tout en précisant que cela ne concernerait qu’une vingtaine d’étudiants.

Il y a peu, les étudiants avaient tenté d’alerter sur cette problématique (déjà décrite sur Rue89 Bordeaux) en plantant des tentes sur le campus. Le message semble avoir été reçu, Yves Déloye affirmant notamment qu’ « on ne peut pas aller vers une rentrée prochaine [2019] sans solution ».

Pourtant, ça coince quand on en vient à évoquer les moyens. Le problème venant de l’offre locative privée, le recteur de l’académie de Bordeaux et chancelier des universités, Olivier Dugrip a réitéré son appel, déjà lancé l’année dernière, aux bailleurs privés, afin « qu’ils veuillent bien mettre leur bien sur le marché ».

« C’est mieux de louer aux étudiants qu’à des touristes de passage. Il faut que les bailleurs privés fassent preuve de davantage de civisme », a-t-il conclu comme une déclaration d’impuissance.

Parcoursup

Olivier Dugrip s’est surtout félicité de la nouvelle procédure d’affectation dans l’enseignement supérieur :

« Parcoursup a parfaitement rempli sa mission. Nous avons pu accueillir tous les bacheliers qui le souhaitaient, mieux les orienter, et assurer notre objectif de démocratisation », a affirmé le recteur.

Les chiffres officiels, plus compliqués à interpréter, donnent 25 808 admissions dans l’enseignement supérieur en Aquitaine, pour 36 744 candidats, soit 70%. Parmi les presque 11 000 bacheliers ayant quitté la procédure, impossible de dire s’ils l’ont fait par choix (après avoir été acceptés dans des formations qu’ils préféraient, hors Parcoursup) ou par dépit.

Face à l’augmentation démographique liée au baby-boom des années 2000, et à la croissance du nombre de bacheliers (environ 30 000 en plus à l’échelle nationale), l’augmentation des capacités d’accueil dans l’enseignement supérieur demeure limitée. Sur l’ensemble de l’Aquitaine, 400 places ont été ouvertes en BTS, 170 en STAPS (120 à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour sur les sites de Tarbes et Bayonne, 50 à l’UB), 45 en LEA et 50 en histoire (UBM).

« Nous avons toujours une inadéquation entre l’offre et la demande en STAPS, sociologie, psychologie, mais le différentiel est tel que nous ne pouvons pas répondre à la demande, et que cela ne serait pas souhaitable. Car l’objectif est d’offrir une insertion professionnelle […], non pas d’engager nos étudiants dans des parcours qui seraient sans issue » a affirmé Olivier Dugrip.

L’Académie de Bordeaux comptait en 2017-2018, 132 361 étudiants, soit 6% de plus que l’année précédente. Le chiffre total pour cette rentrée n’est pas encore connu, mais se concentre principalement sur les universités de Bordeaux (plus de 56 000 étudiants) et Bordeaux Montaigne (17900 étudiants), et devrait encore progresser.

Arrêté licence

Le gouvernement vante pour les étudiants un gain de pouvoir d’achat de 100 millions d’euros, avec la baisse des droits d’inscription, et surtout la suppression du régime spécial de sécurité sociale étudiante et de sa cotisation obligatoire de 217 euros. Ce gain est partiellement effacé par la nouvelle « cotisation étudiante pour la vie du campus » fixée à 90€, reversée aux établissements où son utilisation sera confiée à une commission spécifique.

Enfin, l’organisation de l’enseignement supérieur et le contenu de ses formations vont encore changer d’ici la rentrée prochaine, avec notamment l’application de l’ « arrêté licence », censé prolonger la réforme Parcoursup. Il devrait donner davantage de latitude à chaque établissement dans la constitution des programmes en licence.

« La licence se caractérisait par un cycle de trois années, maintenant ce sera par le nombre crédits (180), mais selon un rythme qui pourra être modulé » a expliqué Olivier Dugrip.

Mais certains syndicats étudiants craignent surtout la suppression de l’encadrement national des programmes, qui accentuerait la différence de valeur des diplômes selon les établissements. Soit un renforcement de l’autonomie des universités en même temps que de la compétition entre elles et entre étudiants.


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