Olivier Desmettre avait suivi une formation dans le commerce. Puis la vie en a décidé autrement, presque, et lui a réservé un parcours professionnel où « le livre était toujours là ».
Jusqu’à ce mois de mars 2016 où, « comme une évidence », il crée les éditions do et publie ses premiers livres :
« Ma dernière expérience professionnelle a duré 10 ans. J’ai eu le sentiment de faire le tour de l’horloge. J’ai su qu’il fallait que je parte alors que je n’avais pas de projet. Dans mon parcours, j’ai rencontré des auteurs et aussi des traducteurs. J’avais cette envie de poursuivre l’aventure du livre d’une autre manière. J’ai décidé de créer une maison d’édition alors que je ne savais pas comment ça fonctionnait. Je me suis juste dit : “pourquoi pas moi ?” »
« La chance du débutant »
Olivier Desmettre « part à la recherche de textes ». Il aime « les formes courtes, les nouvelles, les courts romans… » Sa recherche, il la pousse plus loin dans le domaine de la littérature étrangère.
« Aujourd’hui, Internet est une mine sans fin. Tout passe par là. On peut trouver ce que les autres ont fait, ce qu’ils ont publié. Il y a tout un réseau de listes de textes. Les Américains par exemple adorent faire les classements. Ce qui m’alerte quand je vois un titre revenir souvent. J’épluche aussi la presse étrangère et je vois de qui on parle. Je recoupe ensuite avec d’autres sources pour saisir l’intérêt d’un texte… »
C’est ainsi que l’éditeur bordelais de 53 ans repère le livre d’Ota Pavel – qu’il a édité sous le titre « Comment j’ai rencontré les poissons » :
« Sur un site de littérature européenne, il y avait toutes les éditions traduites. Toutes, sauf la française. »
Son édition est un succès. Les libraires aiment le livre et le mettent en avant. Certains en parlent à la télévision et le titre s’écoule à 14000 exemplaires.
« Vous pensez bien que pour un petit éditeur comme moi qui démarre, c’est un best-seller. »
L’ancien stagiaire du Centre régional des lettres (CRL, aujourd’hui inclus dans ALCA Nouvelle-Aquitaine) voit dans son succès « la chance du débutant ».
Poker
Car Olivier Desmettre parle tout juste l’anglais. Or son catalogue présente des auteurs tchèques, ou encore portugais et brésiliens. Prend-il le risque de faire traduire un texte et d’abandonner son édition à la lecture de la version française ? « Ce n’est jamais arrivé. »
« Il y a tout un faisceau d’indicateurs qui me chatouillent derrière l’oreille et qui me disent : “ce texte, il est pour toi.” Un éditeur comme Christian Bourgois ne lisait même pas l’anglais. C’est comme au poker, il faut se lancer et payer pour voir. Mais souvent je sais que je ne suis pas en train de me tromper. Il y a beaucoup de textes qui ne passent pas sous les radars des éditeurs et l’histoire de l’édition est remplie de cas comme ça. »
Au flair donc, et armé d’une règle qui est de publier des textes inédits en langue française, Olivier Desmettre déniche ses auteurs. Maintenant qu’il est « identifié », il reçoit des propositions de traducteur : « Je vais publier pour la première fois un texte reçu. »
Avec un catalogue riche de 14 publications – une prouesse en deux ans –, les éditions do font tout doucement leur place dans le paysage de la nouvelle édition bordelaise. Les livres, diffusés jusqu’en Belgique et au Canada, se trouvent surtout en libraire et très peu sur les salons. L’éditeur n’en raffole pas.
« Je n’ai pas envie d’avoir des retours négatifs, avoue Olivier Desmettre. J’y mets tellement de moi, du coup je me protège, je me mets à l’abri. Ces livres, j’ai un peu l’impression que c’est moi qui les ai écrits. »
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