Les citoyens mettraient-ils un peu plus leurs nez dans les affaires publiques ? Après la forte mobilisation pour l’environnement, plusieurs centaines de Bordelais se sont retrouvés place Pey Berland en soutien à l’Aquarius. Le navire qui vient au secours des exilés en perdition sur la Méditerranée est menacé :
« On nous empêche de faire des sauvetage et on nous menace de nous retirer notre pavillon panaméen, sans quoi on ne pourrait pas naviguer, informe Tiphaine Salès, co-responsable de l’antenne bordelaise de l’ONG. Il n’est pas encore retiré mais le Panama a lui même indiqué que l’Italie (pays où, en majorité, les exilés posent la première fois le pied en Europe et désormais géré par l’extrême droite, ndlr) faisait pression en ce sens. »
Ce samedi, SOS Méditerranée et Médecins Sans Frontières avaient donc lancé un appel national à la solidarité en parallèle d’une pétition qui a réuni plus de 200000 signatures. La veille, son local a été saccagé à Marseille, port où le bateau avait accosté jeudi. Une vague orange – couleur du navire – était attendu à travers le pays. A Bordeaux, une foule compacte a réuni plus de 700 personnes (un millier selon les organisateurs), vêtues pour la plupart en orange.
Retournement
La mobilisation girondine surprend autant qu’enchante les organisatrices. Tiphaine Salès se réjouit de savoir que le mouvement, annoncé au départ dans seulement dix villes en France, s’est finalement tenu dans une soixantaine de communes du pays, et ailleurs en Europe.
Dans le rassemblement que SOS Méditerranée voulait « apolitique », pas ou peu de badges et de drapeaux mais des militants associatifs et syndicaux et des partisans (du PS au NPA) étaient présents. Tous à l’écoute de l’organisatrice rappelant, mégaphone en main, qu’il y a cinq ans (presque) jour pour jour le premier naufrage à Lampedusa avait provoqué « une émotion internationale et un deuil national en Italie ».
« Il a fallu cinq ans pour remettre en question le sauvetage en mer, pour que les personnes sur les embarcations de fortune soient déshumanisées… », souligne Tiphaine Salès.
Le mouvement demande aux états européens de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à l’Aquarius de repartir au plus vite mener sa mission vitale de sauvetage. Mais SOS Méditerranée exige aussi que les Etats européens respectent leur obligation de porter assistance aux personnes en détresse en mer, et assumer leurs responsabilités en établissant un véritable modèle de sauvetage en Méditerranée. Mieux vaudrait que ce retournement prenne moins de 5 ans pour empêcher qu’avec un nouveau bateau coule aussi les idéaux européens.
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