Sur le compte personnel Facebook d’un certain Michel Louis, où l’image semble avoir été postée pour la première fois, celle-ci a été partagée plus de 13000 fois et a recueilli plus de 2500 réactions. Elle est ensuite reprise, douze heures plus tard, sur la page Facebook Luttes invisibles, page en lien avec le site Info Com CGT, où les réactions et les partages ont dépassé les 500. La viralité de la photo est importante et pourrait avoir atteint plus de 200 000 personnes.
La photo montre un manifestant dans une posture pacifique, les bras ouverts, recevant un jet de gaz lacrymogène d’un policier faisant partie d’un cordon de CRS qui avance sur un large trottoir. Sur l’immeuble en arrière plan, une enseigne se détache blanc sur noir : Sephora. Une première légende dit : « Quand tu arrives chez Sephora Champs Élysées… et que la vendeuse te fait tester le nouveau parfum LREM… », une deuxième : « Le nouveau parfum Sephora : “Peau lisse”. »
L’image largement relayée veut laisser croire qu’il s’agit d’une scène sur les Champs Élysées à Paris, durant ce week-end mouvementé lors des manifestations des gilets jaunes.
Photo prise rue Sainte-Catherine
Sur google maps, on retrouve vite la façade du magasin Sephora des Champs Élysées. Celle-ci n’a rien de commun avec ce qu’on peut voir sur la photo. L’entrée est beaucoup plus luxueuse et n’a pas de fenêtres qui se suivent dans lesquelles s’affiche l’enseigne.
De plus, une recherche inversée de l’image conduit vers un article de Rue89 Bordeaux : « Manif loi Travail : maux, cris et lacrymos à Bordeaux ».
En réalité, la scène s’est déroulée rue Sainte-Catherine à Bordeaux, le 12 mai 2016 durant les manifestations contre la loi travail. La photo a été prise par Xavier Ridon, journaliste à Rue89 Bordeaux. L’enseigne Sephora a été rajoutée pour cacher l’enseigne initiale du café des Arts, qui fait l’angle de la rue Sainte-Catherine et du cours Victor-Hugo.
La retouche des images, souvent faite sur le logiciel Photoshop, est chose fréquente pour diffuser des fausses informations dans le but de manipuler l’opinion publique. Cette opération s’inscrit dans le fameux registre des Fake News, phénomène qui a fait une entrée en force dans la propagande politique et dans toutes les élections importantes. En France, la Commission d’enrichissement de la langue française a donné au phénomène le nom « infox ».
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