Présents sur place, une vingtaine de manifestants n’ont pu que constater les dégâts – 17 arbres sont abattus, leurs branchages passés à la broyeuse -, et s’en indigner aussitôt sur les réseaux sociaux.
« Les marronniers de Gambetta, patrimoine naturel bordelais, ont été abattus au milieu de la nuit malgré l’opposition citoyenne, s’indigne le député bordelais (France insoumise) Loïc Prud’homme. Abattre des arbres c’est encore plus de sols artificialisés et des “îlots de chaleur” à venir. (…) Face à l’urgence climatique le maire poursuit sa politique d’éradication du végétal à Bordeaux. Irresponsable. »
La mobilisation (10000 signataires d’une pétition, nombreuses actions sur la place…) n’auront donc pas suffi. Le conseiller municipal écologiste Pierre Hurmic parle de « massacre » dans une vidéo postée sur la page Facebook du collectif Les marronniers de Gambetta :
« Imaginez si c’était une tempête qui avait abattu ces arbres l’émotion que cela susciterait. Or aujourd’hui c’est la main de l’homme qui a décidé, pour des raisons essentiellement esthétiques, d’abattre 17 marronniers sains. C’est une véritable honte un tel mépris pour le vivant. Jusqu’au dernier moment je pensais qu’il [Alain Juppé, NDLR] n’oserait pas, je me suis trompé. »
Une « place jardin »
Dans un communiqué de presse diffusé ce jeudi matin, la mairie de Bordeaux s’est au contraire réjouie que « le chantier de requalification débute enfin ». Dévoilé en septembre 2016, le projet du cabinet d’architectes West 8 (associé à Sabine Haristoy, paysagiste) met en avant l’objectif d’une « place jardin », piétonisée sur sa moitié Est, et comportant « 85% d’arbres en plus » :
« Oubliant l’ilot central isolé par la route, Gambetta « place jardin » sera rattachée au secteur piétonnier avec un espace vert ouvert, valorisant les plus beaux arbres du site. (…) Le parti-pris du projet est d’instaurer un dialogue entre les façades XVIIIe et le paysage pittoresque d’un jardin à l’anglaise, composé d’une large palette d’essences d’arbres, aux feuillages et floraisons variés, renouvelé pour les années à venir : la place comportait 38 arbres, il y en aura 71 (emprise des espaces verts existants 2392 m² / emprise des espaces verts du projet 3851 m²). »
La Ville ajoute que des « allées sinueuses et de vastes pelouses ombragées offriront un espace de promenade et de repos au cœur du jardin. Élément de fraicheur, une fontaine modulable (jets, miroir d’eau ou simple placette) deviendra un nouveau point de rendez-vous pour s’asseoir ou jouer ».
De quoi tenter de désamorcer les critiques sur la place du végétal à Bordeaux.
« L’émotion gagne les habitants »
Mais en attendant que la place soit achevée, à l’horizon 2020, puis que les arbres mettent quelques années à pousser, il faudra sans doute composer avec les réactions des Bordelais devant ce « spectacle de désolation » dénoncé par l’élu municipal socialiste Matthieu Rouveyre :
« A en croire les expressions hébétées des personnes qui s’arrêtent devant la place depuis ce matin, l’émotion gagne les habitants. Pourtant, il y a une responsabilité collective. La sentinelle militante nous alerte depuis des mois, (…) l’information circulait. La très grande majorité d’entre-nous sommes convaincus de l’impérieuse nécessité d’agir pour le climat mais aujourd’hui ceux qui portent réellement le combat sont peu nombreux. Puisse cet évènement malheureux faire grossir leurs troupes. »
En commençant par boycotter le « black friday » ?
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