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Les Stylos rouges passent une première épreuve à Bordeaux

La première action des Stylos rouges à Bordeaux a peu mobilisé : une dizaine de salariés de l’éducation nationale se sont retrouvés ce mercredi devant les locaux de l’académie pour distribuer le manifeste de ce mouvement. Ils revendiquent davantage de reconnaissance – notamment salariale – de leur travail.

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Les Stylos rouges passent une première épreuve à Bordeaux

Né sur les réseaux sociaux en décembre dernier, le mouvement des Stylos rouges regroupe 64000 membres – un millier pour celui de l’Académie de Bordeaux, lancé fin décembre sur Facebook.

S’ils s’inspirent évidemment de l’horizontalité des Gilets jaunes, ces groupes sont toutefois fermés, a priori réservés aux personnels de l’éducation nationale, ce qui explique peut-être la faible mobilisation pour cette première action bordelaise – moins de 10 personnes distribuant des tracts devant la DSDEN (direction de services départementaux de l’éducation nationale).

Après le succès du hashstag Pas de vague sur Twitter, « l’absence de considération du président de la République, dans sa réponse aux mouvements sociaux et dans ses vœux », envers les enseignants ont poussé ceux-ci à réagir, explique Valérie (le prénom a été changé), enseignante dans un collège à Talence, et animatrice des Stylos rouges bordelais.

« Beaucoup de collèges sont à bout, et l’intérêt c’est de passer de ce constat de ras-le-bol à l’action, poursuit Valérie. Nous avons décidé de nous retrouver devant les DSDEN de Gironde (où ils n’ont pas été reçus, NDLR) et des autres départements de l’académie pour être visibles, et s’installer pour corriger des copies afin de montrer notre travail invisible ».

« Changer l’image des profs »

Finalement à Bordeaux, les militants ne sortiront pas leurs stylos rouges, mais ils veulent « changer l’image des profs » et que leur travail soit « reconnu du grand public ». Ils soulignent qu’une enquête est en cours pour évaluer l’amplitude horaire de leur travail, estimée à plus de 44 heures par semaine en moyenne, soit 20 de plus que le temps d’enseignement hebdomadaire. Et que les profs ne sont pas « tout le temps en vacances ou absents », ajoute Stéphanie, professeur des écoles dans le Nord Gironde.

« C’est le mépris de notre institution qui m’a poussé à agir, témoigne la jeune femme ce mercredi à Bordeaux. Tous les jours on se lève pour former les citoyens de demain, tout le monde pense savoir ce qu’est notre métier, mais de moins en moins de gens veulent le faire ! Il y a e plus en plus de démissions ou d’abandons pendant l’année de stage. On ne parle de nous que pour dire qu’on est mauvais, que la France est mal classée par Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), mais personne ne rappelle qu’on est aussi payés 12% de moins que dans la moyenne des pays de l’OCDE. »

Dégel

Et Stéphanie n’est guère convaincue par les propositions de son ministre pour l’amélioration du pouvoir d’achat des enseignants, comme l’accès des fonctionnaires à la prime d’activité ou les heures supplémentaires :

« J’en fait 43 par semaine, ça suffit ! Nous faisons déjà beaucoup d’effort. Bac+5 et cadre A de la fonction publique, je suis payée 1780 euros net par mois, et on doit s’endetter pour mettre nos enfants à la crèche. Et depuis le gel du point d’indice des fonctionnaires, nous avons perdu l’équivalent de 500 euros par mois, soit notre augmentation de salaire s’il suivait l’inflation. les profs sont des Français de la classe moyenne, pas des nantis. »

Le dégel est donc l’une des revendications des Stylos rouges, avec celle d’être davantage écoutés par le ministère, notamment pour ce qui concerne la révision des programmes ou l’évaluation des élèves.

Le mouvement est donc suivi avec bienveillance par les syndicats, dont les mots d’ordre sont proches – des représentants de la FSU et du SNES se sont joints à eux à Bordeaux. Mais les Stylos rouges cherchent d’autres moyens d’action que syndicale, afin de toucher une base plus large. Ceux de Bordeaux tiendront leur deuxième assemblée générale ce samedi, dans un lieu encore indéterminé.


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