Mercredi 13 février, Alain Juppé annonçait quitter ses fonctions de maire et de président de la métropole, suscitant la surprise générale. Le lendemain matin, il expliquait devant la presse, les raisons ayant motivées son départ. Pendant ce temps, quelques curieux se tenaient devant l’Hôtel de Ville, en espérant croiser une dernière fois – ou pour la première fois – le futur-ex maire de Bordeaux :
« Je suis là depuis une petite heure, avoue Mohamed, retraité. J’habite ici depuis 50 ans, mais je ne l’ai jamais vu de ma vie, j’espérais pouvoir le saluer ce matin avant son départ. C’était un bon maire, j’aurai aimé qu’il reste après tout ce qu’il a fait pour la ville ; il l’a beaucoup modernisée. Les quais sont devenus plus agréables. »
Encore sous le choc, certains confient avoir « du mal à songer à ce que sera l’après Juppé » et à celui ou celle qui pourrait prendre la relève. Les spéculations vont bon train, certains parient sur Nicolas Florian, actuel adjoint aux finances de la mairie de Bordeaux, sans réellement imaginer qu’il serait choisit quelques heures plus tard.
Emblème
Bordeaux : les quais, le tramway, les cannelés…et Juppé ? Pour Laure, guide touristique de 30 ans, l’homme est indissociable de la ville :
« C’est un emblème ! C’est la fin d’une ère, la transformation urbaine a été fulgurante ces dernières années et j’ai peur que l’avenir ne soit pas aussi dynamique. »
La majorité des Bordelais rencontrés par Rue89 Bordeaux jour-là, ont révélé avoir été étonnés par la nouvelle, même si nombreux sont ceux qui ne lui donnaient pas un mandat supplémentaire : « Il a fait son temps » ; « Le changement ça peut faire du bien » a t-on pu entendre. Certains ont décelé en Alain Juppé des signes de fatigue depuis plusieurs semaines. Michèle, professionnelle de santé, sait de quoi elle parle :
« Je le trouvais de plus en plus las. Physiquement il faut être solide et en quarante ans de vie politique je pense qu’il a fait beaucoup de choses mais qu’il a pris aussi beaucoup de coups. »
Plus que surpris, certains ont été déçus de voir le maire quitter la ville avant la fin de son mandat et à un moment « où le bateau est en train de couler » :
« C’est dommage de partir en pleine tempête, regrette Robert, médecin bordelais. Il y a encore des habitants qui ont besoin de lui et des commerçants qui sont prêts à déposer le bilan. »
D’autres, n’ont guère été troublés par ce choix et ont souligné son « destin national » « même s’il a raté le coche de la présidence » ; « il ne pouvait pas s’empêcher de répondre à l’appel du pouvoir ».
Souvenirs en béton
Les Bordelais interrogés ont reconnu que beaucoup de travaux avaient été faits à Bordeaux ces deux dernières décennies. En a t-il trop fait ?
« Il a bétonné la ville, s’indigne Isabelle. Ce qui a été construit aux Bassins à Flots c’est une catastrophe, et ce qui est fait est fait : on ne détruira pas les immeubles qui ont été bâtis. »
Virginie, périgourdine de 43 ans, faisait ses études à Bordeaux en 2003, alors qu’Alain Juppé y était déjà maire, elle se souvient :
« Il n’y avait pas encore le tram à l’époque ! Ça a beaucoup changé depuis, il en a fait une ville agréable à vivre. C’est peut être pas plus mal qu’il s’en aille, il en a fait le tour. »
Et vous, qu’en pensez-vous ?
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