Après avoir donné son feu vert à Aquitanis pour la vente de 80 maisons à Claveau, la Ville de Bordeaux a donné ce lundi son feu vert à la cession par Clairsienne de 106 logements sociaux.
Il s’agit de 66 maisons individuelles livrées en 2002, des T3 et T4 de la résidence Jean Forton à la Bastide, disposant toutes de garage et jardin ; de 31 maisons individuelles de taille équivalents rue Bourbon, aux Chartrons, avec garage, achevées en 2005 ; et de 6 logements T5 rue Lombard.
« Les cessions de logements HLM constituent des opportunités d’accession à la propriété à prix modéré pour les ménages modestes et les classes moyennes », justifie la mairie, qui voit aussi là « une ressource importante des bailleurs pour permettre la construction de nouveaux logements sociaux ».
Un nouvel élan
Contraints par le gouvernement de baisser leurs loyers pour répercuter le rabotage de 1,5 milliard des aides au logement (APL), les bailleurs sociaux sont encouragés par la loi ELAN à vendre 40000 logements par an pour reconstituer leurs fonds propres. Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, rappelle que ces aliénations ne peuvent se réaliser qu’à trois conditions, récemment arrêtées par la métropole :
« Qu’elles obtiennent l’avis de la commune concernées ; qu’elles ne se fassent pas dans des quartiers très déficitaires en logements sociaux, même si ces logements resteront comptabilisés pendant 10 ans ans après leur vente dans l’inventaire communal des logements locatifs sociaux ; et enfin que ces ventes ne représentent pas plus de 50% des logements sur une résidence, afin que les bailleurs restent majoritaires, pour prévenir les risques de copropriétés dégradées. »
Mais pour la conseillère municipale Delphine Jamet, ce n’est pas aux bailleurs sociaux de « compenser les inepties du gouvernement ». L’élue écologiste d’opposition déplore cette « privatisation du patrimoine des bailleurs », qui concerne de surcroit « leurs fleurons, des maisons individuelles, les plus faciles à vendre » :
« Elles vont être achetées en bloc par des organismes privés, et vont finalement faire perdre des logements sociaux à la Ville, un comble pour Bordeaux, qui en manque ».
Chipoter pour 100 logements
La commune est effectivement déjà déficitaire en HLM : avec 18% de logements sociaux, Bordeaux est encore loin de son objectif de 25%, fixé par la loi SRU… Le socialiste Matthieu Rouveyre s’est demandé au passage pourquoi Paris avait relevé son ambition à 30% de HLM quand Bordeaux ne dépassait pas les 20%, suscitant l’agacement d’Alain Juppé : « Alors pourquoi Paris perd des habitants et Bordeaux en gagne ? »
« Vous savez combien il y a de logements sociaux à Bordeaux ? 25905 et vous êtes en train de parler de 100 logements, tente en outre de relativiser Alexandra Siarri, adjointe en charge de la cohésion sociale. On ne peut pas se plaindre que certaines familles n’arrivent pas à accéder à la propriété de logements à bas prix et refuser de voter cette délibération. »
L’élue socialiste Emmanuelle Ajon explique l’hostilité de son groupe (dont ne fait désormais plus partie Vincent Feltesse, qui a quitté le PS) à la vente de biens récents, donc encore non amortis par Clairsienne, et qui permettaient de loger des salariés dans Bordeaux.
OFS, OMG
Elle déplore en outre que contrairement à Aquitanis pour la cité Claveau, le projet de Clairsienne ne prévoit pas d’organisme foncier solidaire : celui-ci permet à un bailleur de rester propriétaire du terrain sur lequel a été construit le logement, ce qui limite la spéculation immobilière en cas de revente du bâti, en encadrant son prix.
Les logements de Clairsienne seront vendues entre 221500 euros et 263900 euros, « en priorité au profit des locataires occupants, ou de leurs ascendants et descendants, ainsi qu’à d’autres locataires du parc du bailleur ». La mairie signale en outre que pour tout logement social vendu, un autre sera construit.
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