1 – Les températures enregistrées ces derniers jours dans la région sont elles exceptionnelles ?
Une beau temps pareil en plein hiver, et dans toute la France, c’est en tous cas rarissime. En dehors de trois jours frais, du 2 au 4 février, « les températures diurnes dépassent quotidiennement les normales saisonnières » ce mois-ci, explique Mireille Alleno, du service étude et climatologie de Météo France Bordeaux.
Depuis le 14 février, les thermomètres fluctuent souvent entre 16 et 20°C en Gironde, soit 4 à 8°C au-dessus des normales.
A ce jour, « la moyenne mensuelle des maximales en Aquitaine se situe le plus souvent plus de 3°C au-dessus de la norme », poursuit la météorologue : à Bordeaux 14 ,9°C au lieu de 11,5°C (février 1990 était encore plus doux en journée avec 16,3°C à Bordeaux. ) ; 16,9°C à Aicirits (Pyrénées-Atlantique) au lieu de 13,4°C – février 1997 y était encore plus chaud avec une moyenne mensuelle de 17,6°C)
2 – Le thermomètre a-t-il atteint un pic ?
Sur l’Aquitaine, le poste de Terrasson en Dordogne a battu un record le 23 février avec 23,0°C (un plus chaud en février depuis 1961).
Le 22 février, il a fait entre 20 et 22°C en Gironde – 22,2°C à Cazaux, 21,9°C à Bordeaux. Toutefois, « ce ne sont pas des records » pour un mois de février, indique Mireille Alleno. Le thermomètre a ainsi grimpé à 24°C le 24 février 1990, et même à 26,2°C le 21 février 1926 à Bordeaux-Mérignac.
Mais les conditions environnementales n’étaient pas les mêmes : la station a été changée plusieurs fois d’emplacements et le matériel de mesure (l’abri, les thermomètres) était bien différent avant guerre.
3 – Cette situation va-t-elle durer dans les prochains jours ?
Oui, répond Mireille Alloni. Et si les records ne seront peut-être pas battus, ils pourraient être approchés mardi ou mercredi, d’après elle :
« Les températures vont encore augmenter les 2 prochains jours et avoisiner les 25°C à Bordeaux. Depuis la fin de la guerre, il n’a fait qu’une seule fois 25°C à Bordeaux en février : le 24 février 1990. »
Selon la spécialiste de Météo France, « le changement s’opère jeudi où une perturbation peu active traverse progressivement l’Aquitaine en donnant quelques gouttes ».
4 – Le réchauffement climatique provoque-t-il cette vague printanière ?
« Le 12 février, un puissant anticyclone remonte d’Espagne et vient se positionner sur l’Europe. Il y stagne depuis et protège ainsi la France du mauvais temps », indique Mireille Alloni, de Météo France.
Alors que des conditions très douces et majoritairement sèches prédomineront sur l’Europe de l’Ouest, au contraire, une offensive hivernale froide et neigeuse affectera l’est et le sud-est du continent. 👉 https://t.co/jWuMxTCJtg pic.twitter.com/0r62c4kY0w
— Météo-France (@meteofrance) 22 février 2019
Mais comment s’explique cette onde de douceur venue du sud ?
« Le réchauffement de la stratosphère au pôle nord du début de l’année a atténué le jet d’altitude en février. Ce qui a permis à l’anticyclone des Açores de se déplacer sur l’Europe. »
Or le réchauffement de la stratosphère (la couche atmosphérique située entre 10 et 50km d’altitude) est vraisemblablement lié au changement climatique global. Mais la spécialiste de Météo France se veut prudente :
« Comme les chiffres mentionnés ci-dessus le montrent, l’Aquitaine a déjà connu dans le passé des mois de février plus chauds. On ne peut pas attacher les effets du changement climatique à un évènement en particulier. Cependant on s’aperçoit qu’en moyenne annuelle les années les plus chaudes sont presque toutes situées après 2000 en France. C’est le symptôme le plus révélateur du changement climatique. »
5 – Quelles sont les conséquences de cet anticyclone ?
Depuis le 12 février, le ciel bleu domine largement grâce à l’anticyclone. Le soleil s’est montré durant 140 à 154 heures en Gironde, et 149 heures à Bordeaux, où le record est de 184 heures en février 2008.
« Par conséquent, au vu des prévisions pour les jours à venir, il n’est pas impossible que février 2019 deviennent le mois de février le plus ensoleillé depuis 1991 (début des mesures automatiques de l’ensoleillement) », explique Mireille Alloni.
Dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, les sols sont souvent 10 à 20 % plus secs que d’habitude, ce qui se produit 1 à 2 fois tous les 10 ans à cette époque de l’année. Si les précipitations manquaient à venir, cela pourrait être synonyme de forte sécheresse.
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