« Les Vivants » de la compagnie Auguste-Bienvenue n’a pas plus que ça la prétention d’en mettre plein les mirettes. On pourrait se contenter d’une chorégraphie assez bien ficelée d’une heure et repartir avec la satisfaction d’avoir assisté à un bon spectacle.
Mais la démarche des deux chorégraphes bordelais mérite qu’on s’y intéresse de plus près. Depuis dix ans, Auguste Ouédraogo et Bienvenue Bazié réunissent en juillet des danseuses de plusieurs pays du continent africain à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, dans un programme intitulé « Engagement féminin ». Ce rendez-vous permet de révéler chaque année une nouvelle génération de femmes chorégraphes. Celle de 2017 signe la création « Les Vivants », avec la complicité du Lacine Coulibaly.
Emancipation
Sur la scène du Glob théâtre, une femme blanche entame une chorégraphie sur la musique d’Eric Truffaz & Murcof, extraite de l’album « Being Human Being ». Derrière elle, un mur. Derrière le mur, des têtes de femmes noires apparaissent et scrutent la scène avant de disparaître.
Ce sont ces premiers regards furtifs qui traduisent toute la difficulté de la femme africaine à franchir les lignes tracées par les sociétés dans lesquelles elles évoluent. Là où la danse contemporaine semble avoir peu d’intérêt. Il leur faudra beaucoup de ténacité pour s’inscrire « coûte que coûte » dans cette voie.
Quelques minutes plus tard, elles sont sept danseuses devant le mur. Elles sont originaires du Burkina Faso, Niger, Côte d’Ivoire, et également de France. Elles s’affrontent et se confrontent pour parvenir à un langage commun qui leur permettra d’affirmer « la présence des femmes dans le processus de création, ici et ailleurs, sans qu’il ne soit plus possible de les ignorer », qui leur permettra finalement d’être « vivantes ».
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