Par 51 voix sur 55 suffrages exprimés, Nicolas Florian s’est sans surprise assis ce jeudi dans le fauteuil d’Alain Juppé (et d’avant lui Jacques Chaban-Delmas, dont c’était ce 7 mars l’anniversaire de naissance).
Applaudi debout par le conseil municipal de Bordeaux, le nouveau maire est chaleureusement félicité par ses collègues et son opposition, avec laquelle il promet de travailler de façon constructive. Du moins jusqu’au lancement des hostilités pour les municipales, qui va approcher à grand pas.
Dans son discours inaugural, Nicolas Florian réaffirme sa volonté de consulter régulièrement les Bordelais et de les associer aux décisions, à travers son projet de maison de la parole et du débat, mais aussi via des « consultations d’initiatives citoyennes sur des sujets municipaux ».
Quatre défis
« Mon parti, c’est Bordeaux », martèle celui qui « veut être le maire de la co-construction ». Objectif : relever le « défi démocratique » posé par la crise politique de la représentation et le mouvement des Gilets jaunes.
L’élu mentionne trois autres défis, la « cohésion sociale », « l’encadrement de notre développement démographique » et « l’urgence climatique ». Assez évasif sur les deux premiers points, il promet sur ce dernier sujet de « prendre des mesures fortes très prochainement ».
Interrogé en conférence de presse, il juge prématuré de donner davantage de détails, évoquant cependant « la création d’ilots de fraicheur à Pey-Berland », ou encore de « contraindre l’utilisation des pesticides ». Il assure par ailleurs qu’il ne remettra pas en cause le Dimanche sans voiture, comme le demandent les grandes enseignes du centre-ville… sans écarter toutefois la possibilité de suspensions conjoncturelles, comme cela a déjà été fait récemment.
« J’entends ce que disent ces commerçants sur leurs difficultés, mais j’entends d’autres commerçants qui disent faire leurs plus gros chiffres d’affaires lors des journées sans voiture. Il faudra qu’on me démontre que supprimer cette opération aurait du sens. »
Nicolas Florian estime par ailleurs que « le temps est venu d’imaginer un nouveau destin pour les boulevards », et qu’il compte « saisir rapidement ses collègues maires limitrophes pour engager une réflexion ».
Les 3M
Cela tombe bien : le maire du Bouscat semble être sur la même longueur d’onde. Jusqu’à présent vice-président chargé des finances de la métropole, désigné par le groupe Communauté d’avenir comme remplaçant idéal d’Alain Juppé jusqu’aux municipales, Patrick Bobet a été élu jeudi après-midi président de Bordeaux Métropole (par 100 voix sur 100 suffrages exprimés, un « score soviétique », s’est amusé le communiste Max Guichard).
Après les quatre défis de Nicolas Florian (qui, à la métropole, a récupéré le poste de vice-président en charge de l’attractivité économique), Patrick Bobet a aménagé le slogan des 3M – pour mobilité, maîtrise foncière et mutualisation –, et lancé quelques chantiers de réflexion. Il souhaiterait par exemple que la métropole s’engage davantage dans le logement étudiant, le foncier solidaire, et étudie l’hypothèse d’un métro sur les boulevards (où le projet de tramway a été stoppé).
« Avec les derniers tronçons de tramway jusqu’à l’aéroport puis les autres projets de lignes, nous allons arriver à 100 kilomètres de voies. Il faut envisager d’autres modes de transports », considère Patrick Bobet, qui rappelle le déficit important du fonctionnement de TBM.
Pas question toutefois de remettre en question les trams vers Saint-Médard-en-Jalles et Gradignan, en cours de concertation publique, assure le président de la métropole. Il se dit ouvert à la proposition de Vincent Feltesse, ex président de la CUB, de créer une instance permettant d’accélérer le rythme sur le RER Métropolitain. Et n’enterre pas le projet d’Assises territoriales avec le département et la région, pour développer les relations entre la métropole et sa périphérie.
L’au revoir de Juppé
Plusieurs centaines de Bordelais sont venus saluer l’ancien maire de Bordeaux dans la cour de l’Hôtel de ville. Présent aux côtés de Nicolas Florian et de sa femme Isabelle, Alain Juppé estime que c’est « un jour heureux pour Bordeaux » (référence à un livre de son épouse) car il a « confiance en l’avenir de notre ville ». Se félicitant de son bilan, il rappelle qu’il ne va pas « abandonner » Bordeaux, et continuera à y vivre une partie de son temps. « Juppé, reviens », ont justement ironisé quelques dizaines de manifestants venus place Pey-Berland faire sa fête à l’ex édile, en mode manif de riches.
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