Hasard du calendrier ou programmation volontaire ? Un concert regroupant deux formations musicales apparentées extrême droite est annoncé dans la région bordelaise, le samedi 16 mars pour l’acte 18 des Gilets jaunes. L’affiche du concert utilise l’image de Christophe Dettinger, le boxeur gilet jaune qui a frappé un CRS.
France-soir parle d’un rendez-vous où « les “ultras”, sont attendus en nombre » à Bordeaux. Le site d’information cite la préfecture qui dit « prévenir tout risque de trouble à l’ordre public, notamment du fait d’une rencontre entre les organisateurs ou participants au concert et la mouvance antifasciste ».
Alors que les identitaires bordelais ont été éconduits à plusieurs reprises des cortèges des Gilets jaunes, ils pourraient en effet chercher à prendre leur revanche lors de l’acte 18, en mobilisant au-delà du département.
Signalement
SOS Racisme s’inquiète de l’organisation de ce concert. Dans un communiqué, l’antenne girondine demande l’annulation du concert :
« Les deux groupes de musique participant à ce concert interprètent des chansons dont les paroles appellent à la haine raciale. SOS Racisme a donc fait partir cette semaine un signalement à la préfecture du département pour demander l’annulation de l’événement. »
Les deux formations sont annoncées sur la page facebook de la communauté du Menhir. Celle-ci est rattachée à un bar situé sur la commune de Bègles connu pour ses accointances avec l’extrême droite et aussi pour avoir organisé un concert d’In Memoriam, groupe d’extrême droite radicale créé dans la foulée de la mort de Sébastien Deyzieu, militant de l’Œuvre française qui fuyait la police à Paris lors d’une manifestation organisée par le GUD et les Jeunes nationalistes révolutionnaires en 1994.
Concerts à Bègles ?
Les deux groupes annoncés à Bordeaux ce samedi sont de la même mouvance. Le premier, Lemovice, est un groupe qui se dit « nationaliste Limougeaud » et « formé en 1999 avec le courant skinhead ». Un de leurs albums s’intitule Le Front des Patriotes et fait l’éloge de l’homme blanc.
Le second groupe, Match retour, est Lyonnais avec à sa tête Renaud Mannheim, un militant connu de l’extrême droite radicale lyonnaise proche du Bastion social ainsi que de Blood and Honour menacé de dissolution.
Bien que le lieu du concert soit gardé secret, le collectif Pavé Brûlant dit avoir identifié le bar qui les accueille. Il s’agirait du Grenier Bordelais à Bègles.
Le restaurant « avait carrément privatisé sa salle pour que Thomas Bégué y organise une réunion du Parti de France, le 26 janvier dernier, en compagnie de son secrétaire général Thomas Joly et de son fondateur Carl Lang », détaille le collectif.
Le Grenier Bordelais est enregistré sous le nom de KLBV, une société dirigée par Mélanie Cadet, candidate Rassemblement national aux élections municipales de Bègles en 2014 et aux départementales de la Gironde en 2015.
« Provocation »
Le collectif Pavé-Brûlant rappelle qu’il y a deux ans, un concert prévu à Saint-Quentin-de-Baron avait été annulé suite à une avalanche de coups de téléphones à l’hôte. Pavé Brûlant appelle ainsi à renouveler l’opération contre cette « véritable provocation » :
« Situé à deux pas d’un quartier populaire, le Grenier Bordelais s’apprête donc à accueillir des groupes affichant publiquement des positions racistes, antisémites et islamophobes. Il est inenvisageable de les laisser répandre leur haine dans ce quartier. Nous devons faire empêcher la tenue de ce concert. C’est pourquoi nous en appelons à une mobilisation générale : que toute personne partageant notre colère diffuse l’information dans ses réseaux et mette le Grenier Bordelais devant ses responsabilités. »
Ce vendredi, le maire de Bègles, Clément Rossignol Puech, dit avoir « obtenu l’assurance de la part de l’établissement qu’il n’accueillerait pas un tel concert ». L’édile « demande ainsi au Préfet de la Gironde de tout mettre en œuvre pour que ce concert n’ait pas lieu ni à Bègles, ni ailleurs, mais également pour dissoudre les groupes néo-nazis ».
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