« Nicolas Florian, notre nouveau maire de Bordeaux ». Depuis mercredi et pendant 15 jours, les Bordelais font la connaissance parfois en 4X3 avec le successeur d’Alain Juppé. Effectuée sur le réseau municipal de panneaux, cette campagne aurait selon le cabinet du maire un coût modeste (1500 euros), celui de la réalisation des affiches.
La mairie les justifie par le fait que Nicolas Florian (les Républicains) « a succédé à Alain Juppé sans passer par une élection classique sur son nom, dans ces circonstances exceptionnelles. Il est important que les Bordelais connaissent leur nouveau maire ».
« Promotion personnelle »
L’élu d’opposition Matthieu Rouveyre est monté ce jeudi au créneau. Il accuse Nicolas Florian d’utiliser « des moyens de communication de la Ville pour faire sa promotion personnelle » :
« Nous n’avons rien dit lorsqu’il s’est servi du journal municipal pour s’afficher en Une et dont le contenu était très orienté. On ne peut pas aujourd’hui rester silencieux quand on voit qu’il a utilisé des centaines de panneaux d’affichage normalement destinés à informer les Bordelais.e.s sur les politiques publiques et les services à leur disposition pour de la propagande électorale. »
Le conseiller municipal PS rappelle que « Nicolas Florian a déjà déclaré sa candidature à la Mairie de Bordeaux » et que l’on se trouve à « moins d’un an de l’échéance ». Matthieu Rouveyre signale donc qu’il saisit la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Celle-ci « aura le moment venu à dire si oui ou non Nicolas Florian a franchi les lignes de la légalité ».
Des dépenses électorales ?
Jointe par Rue89 Bordeaux, la CNCCFP répond qu’elle « n’occulte aucun signalement ». Elle précise toutefois que cela « fait partie du rôle d’un exécutif local d’informer les citoyens sur qui est le nouveau maire », du moins « en dehors des périodes électorales ».
Ses calculs sur les comptes de campagne s’opèrent en effet pendant cette période, c’est à dire 6 mois avant le premier jour du mois des élections (les dates des municipales de 2020 ne sont pas encore connues, mais les précédentes s’étant déroulées fin mars, la période électorale pourrait commencer le 1er septembre 2019).
« Pendant cette période de comptage, on peut intégrer dans les comptes de campagne une dépense municipale si celle-ci est engagée dans le but d’obtenir des votes, indique la CNCCFP. Et on peut réintégrer dans ces comptes de telles dépenses, même si elles sont intervenues avant l’investiture du candidat. »
Surtout compter les « faux pas »
Si Nicolas Florian était investi par son parti et déclaré candidat en préfecture seulement deux mois avant le premier tour, la commission des comptes ne pourrait remonter que 4 mois avant pour ausculter les dépenses engagées par la Ville. D’où la certaine sérénité affichée dans Sud Ouest par Ludovic Martinez, le directeur de cabinet du maire :
« Ce n’est pas l’intention d’être candidat qui compte juridiquement, c’est la déclaration officielle en préfecture, et si demain, on nous demande d’intégrer cette dépense dans un compte de campagne, cela ne nous gêne en rien et nous pourrons le faire car le coût n’est pas si important, simplement ce sera à la justice de le trancher ».
L’équipe municipal espère en tous cas cultiver la notoriété du nouveau maire pour l’imposer comme candidat naturel à sa succession. L’opposition compte elle qu’il multipliera surtout les « erreurs politiques qui interrogent sur sa capacité à investir la fonction », dixit Matthieu Rouveyre. Il cite « sa sortie tonitruante concernant le BHNS et son projet avorté de le retarder », ou encore sa « déclaration maladroite de « Bordeaux Ville morte » » en marge des manifestations des Gilets jaunes.
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