Maylis Lavau Malfroy est engagée depuis moins de deux ans en politique, au sein de Nouvelle Donne. La Landaise, originaire de Soustons, avait choisi ce parti, fondé en 2013 par l’économiste Pierre Larrouturou, par volonté de militer dans une petite structure, « proche de l’associatif » et bien sûr, de sa sensibilité de gauche.
Etudiante à Bordeaux (aujourd’hui en Master 2 de communication publique et politique, de l’Isic et Sciences), elle rejoint le groupe local, un des plus actifs de Nouvelle Donne. Puis effectue un stage pour la com’ du parti, à son siège parisien, dont elle devient porte-parole.
Lorsque son parti décide de rallier la liste Place Publique – Parti socialiste – Radicaux de gauche, menée par le philosophe Raphaël Glucksmann, la jeune femme se voit proposer d’être candidate, et obtient la 20e place sur la liste – ce qui, au vu des sondages actuels, est loin des rangs éligibles.
Rue89 Bordeaux : Quelle relation personnelle entretenez-vous avec l’Union européenne ?
Maylis Lavau Malfroy : J’ai profité du programme Erasmus, avec lequel je suis partie étudier en Espagne, à Bilbao. Quand on se retrouve aux mêmes cours et aux mêmes soirées avec différents étudiants étrangers, on mesure cette dimension européenne qui nous rassemble. On se rencontre, un échange se crée et peu importe la nationalité.
Habitant dans les Landes, je passais souvent la frontière, c’était aussi facile d’aller à Bilbao qu’à Bordeaux – il n’y a plus de douanes ni de longues minutes d’attente à la frontière. J’ai d’ailleurs décidé de rester en Espagne pour travailler – comme téléopératrice à Barcelone. J’ai pu voir à quel point les Européens sont avantagés sur le marché du travail par rapport aux extra-communautaires. On peut partir s’installer sur un coup de tête, sans visa, et il suffit d’obtenir un papier pour travailler.
Tout cela a conforté mon point de vue. Je suis d’une génération pour laquelle les frontières en Europe sont quelque chose de folklorique. Je me suis rendu compte des bénéfices que les peuples tirent d’être partenaires. Cela permet de voyager, de faire des études et des rencontres humaines, d’apprendre des langues et d’autres cultures… C’est très enrichissant et c’est pour cela que nous voulons proposer Erasmus à tous les jeunes travailleurs et aux filières courtes (BTS, IUT).
On accuse souvent l’Europe d’être trop éloignée de la vie des citoyens. Quelle mesure a selon vous eu un impact particulier, bon ou mauvais, sur le quotidien d’un Bordelais ou d’un Néo-Aquitain ?
La politique agricole commune (PAC) n’est pas parfaite, il y a des choses à revoir, notamment le soutien qu’elle accorde à l’agriculture intensive, ce qui est beaucoup le cas dans les Landes. Mais elle permet aux agriculteurs de tenir un peu la route, je ne sais pas s’ils se porteraient aussi bien sans la PAC.
De même, on ne se rend pas compte du nombre de travaux et d’améliorations des infrastructures financés par le FEDER (fonds européen de développement régional) : lycées, routes, internet à haut débit dans les zones rurales… On n’y voit pas forcément très clair dans ces aides, mais l’Europe est très présente.
En quoi voter pour votre liste pourrait changer cela ?
L’enjeu n’est pas aujourd’hui « est-ce qu’on veut ou pas de l’Europe » mais « quelle Europe on veut ». Nous portons un projet de développement durable, écologique et social. Envie d’Europe est la seule liste qui arrive à combiner vraiment les deux, et propose des solutions concrètes. Le Pacte finance climat de Pierre Larrouturou (réorienter une partie de la création monétaire de la Banque centrale vers l’économie verte, NDLR) , on peut le mettre en place demain.
C’est la clé de voute qui permettra de faire comprendre que les politiques européennes ne se préoccupent pas que de déficit budgétaire, mais permettent de mettre l’économie au service des plus précaires et de l’écologie. Alliés aux Verts et à la GUE (gauche unitaire européenne au Parlement, NDLR), on peut changer le dogme libéral, et sortir des critères des 3% toutes les dépenses environnementales et d’urgence sociale.
On n’est pas obligés pour cela de sortir des traités, on peut les amender. Pour les listes les plus à gauche, il faut l’unanimité des 27 pour agir. Ce n’est pas vrai. Avec une vraie volonté politique, ont peut faire des coopérations renforcées, à l’image de ce qui a été fait pour l’espace Schengen. L’Europe du sud est très demandeuse de telles coopérations car elle fait face à des problèmes climatiques et budgétaires ; on pourrait faire un plan pour le climat avec 7 pays.
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