Le fondateur de l’Observatoire Airbnb estime que « le phénomène de la location saisonnière et l’airbnbisation de la ville avaient asséché l’offre de logements de petites surfaces », recherchés par les presque 88000 étudiants bordelais. Et poussé les étudiants dans des situations très précaires.
« Beaucoup de biens aujourd’hui passés en location touristique via AirBnB, correspondent aux tailles de logements recherchés par les étudiants et ménages modestes (studio – T1bis, voir T2), relève Matthieu Rouveyre. A titre d’exemple, à Bordeaux, il y a 50% de moins de studios qu’à Lyon (par habitant), et 70% de moins qu’à Toulouse. »
Alors que « des étudiants bordelais sont encore logés chez des proches, dans des squats, des caravanes ou autres logements de fortune », et que les effectifs devraient encore augmenter à la rentrée prochaine, l’élu juge la réaction politique encore trop timide.
« Urgent d’anticiper »
Si le CROUS s’est engagé à atteindre 12000 logements étudiants en 2020 (contre 10 600 logements aujourd’hui sur la métropole bordelaise pour 87700 étudiants), cela ne permet de loger que 12% des étudiants.
« Il est urgent d’anticiper », lance donc Matthieu Rouveyre. Prédisant une rentrée 2019 « pire que les précédentes », il estime « qu’il est temps de convoquer des états généraux du logement étudiant à Bordeaux » et prie « toutes les parties prenantes d’accepter de s’y associer ».
Le conseiller municipal socialiste met d’ores et déjà 5 propositions sur la tables. Elaborées après avis « d’urbanistes, d’architectes, d’associations porteuses d’alternatives en la matière » et présentées dans un document de 12 pages, elles ont été envoyés aux élus concernés, aux bailleurs sociaux aux CROUS.
La petite maison dans le campus
Parmi ces idées figure l’installation en urgence de 200 tiny houses, des petites maisons déplaçables d’une surface d’environ 15 à 18 m2, sur trois sites tests envisageables sur le campus (Carreire, Doyen Drus et avenue Schweitzer). Rappelant qu’un mini-village de tiny house a été créé en 6 mois à Pau pour des étudiants, Matthieu Rouveyre estime à un peu plus de 6 millions d’euros la construction et l’installation de ces logements.
Matthieu Rouveyre propose également d’ « imposer qu’une part du foncier universitaire en “dévolution” soit destinée à la production de logement étudiant via le CROUS, et les bailleurs sociaux ».
L’université de Bordeaux doit en effet devenir propriétaire de son foncier, jusqu’ici détenu par l’Etat. Elle compte générer près de 450 000 mètres carrés constructibles dont 10 000 logements étudiants sur les 29 hectares ainsi acquis. L’élu souhaiterait y bâtir 2 000 logements étudiants CROUS supplémentaires sur 5 ans, ce qui « permettrait un passage de 12% à plus de 15% d’étudiants logés à Bordeaux ».
Renvois d’Ascenseur
Il souhaite enfin, et entre autres, « mobiliser les bâtiments universitaires inoccupés » (ce que le squat de l’Ascenseur a bien tenté de faire) ou « faciliter les solutions d’habitat innovantes » (multiplier le nombre de logements CROUS ou sociaux en colocation, développer les résidences intergénérationnelles…).
S’il n’a « pas la prétention de répondre à la crise en un claquement de doigt », et s’il n’est pas officiellement candidat à la mairie de Bordeaux, Matthieu Rouveyre compte en tous cas bien se poser en agitateur d’idées à gauche dans l’optique des municipales.
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