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Pour « voir les hirondelles », François Ruffin veut interdire (entre autres) 16 vols Paris-Bordeaux

Afin de lutter contre le changement climatique, le député a présenté ce lundi une proposition de loi « visant à limiter le trafic aérien substituable en train ». Co-signée par 14 députés majoritairement France insoumise, dont le bordelais Loïc Prud’homme, mais aussi socialistes ou République en Marche, elle suggère d’interdire 72 lignes, dont la navette Paris-Bordeaux.

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Pour « voir les hirondelles », François Ruffin veut interdire (entre autres) 16 vols Paris-Bordeaux

« Je veux que mes enfants puissent voir les hirondelles » assène sur un ton catastrophiste François Ruffin, député dans le groupe parlementaire de la France Insoumise, lors d’une rencontre avec la presse ce lundi. Il a aussitôt été suivi par plusieurs députés.

« Il est grand temps d’atterrir », estiment 15 parlementaires. Menés par le réalisateur de « Merci Patron », ils ont présenté ce lundi une proposition de loi visant à limiter le trafic aérien substituable par des trains :

« Pour s’aligner sur une trajectoire compatible avec les 1,5°C en France, les émissions de CO2 doivent baisser d’au moins 55 % d’ici 2030. Ces objectifs sont incompatibles avec la croissance du transport aérien, ni même avec son maintien. Ce n’est pas qu’une affaire de comportements individuels : la volonté politique doit suivre. La liberté de voyager n’est pas la liberté de polluer. Il faut une décroissance mondiale des vols. »

Pour commencer, les signataires de ce texte veulent interdire les vols intérieurs, si le même trajet, en train, « garantit un déplacement d’une durée au maximum supplémentaire de 2 heures 30 minutes en comparaison au temps prévu du trajet en avion ».

En effet, un passager effectuant le trajet Bordeaux-Paris en avion émet 85 kilos de gaz à effet de serre par habitant, soit 60 fois plus que la même distance en train (1,384 kilo de CO2 par passager). Or le trafic aérien ne cesse de progresser : il a gagné 4% en France en 2018, et même 9,3%  à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, où le nombre de passagers a doublé en 10 ans.

TGV versus avion

Sont notamment visés les 16 trajets aériens entre Bordeaux et Paris. Ces vols d’une durée d’1h10 seraient selon eux aisément remplaçables par 29 trains, dont le voyage dure 2h04.

Car la simple création de la ligne à grande vitesse n’a pas suffi à détourner massivement les passagers de l’avion vers le TGV, déplorait récemment en conseil de métropole l’élu écologiste Pierre Hurmic :

« Le dernier bilan de l’aéroport montrait une diminution de 17% du trafic de la navette Paris-Bordeaux (assurée par Air France, NDLR). C’est peanuts, quand on pense qu’une des raisons ayant motivé l’investissement de 9 milliards d’euros dans la LGV, c’était de diminuer le trafic aérien ! Aujourd’hui, 83% des usagers continuent à utiliser l’avion. »

La navette d’Air France entre Bordeaux et Paris (Dylan Agbagni/flickr/CC)

Dans l’aéroport d’Amsterdam

Aujourd’hui, à l’exception de l’élu mérignacais Gérard Chausset, ou encore de la maire d’Eysines Christine Bost, inquiète pour l’impact sur les riverains, peu d’élus locaux s’interrogent sur la stratégie de croissance tous azimuts (et ses conséquences) de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, fondée sur le boom du low-cost. Les restrictions viendront-elles de la loi mobilité, dont le débat va commencer à l’Assemblée nationale ?

L’initiative de 14 députés insoumis (dont le girondin Loïc Prud’homme), socialistes, écologistes (dont Delphine Batho, ex ministre de l’écologie) mais aussi LREM (Sébastien Nadot) est en tous cas une première en France. Elle s’inspire de la démarche initié aux Pays-Bas, où les partis au pouvoir envisagent de supprimer la ligne Amsterdam-Bruxelles.

Mais le ministre de l’écologie du gouvernement Philippe, François de Rugy, est loin d’être enthousiasmé par la démarche. Celle-ci permettra de tester le plan de vol écolo de la majorité.


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