Si on doit résumer la carrière de Cami, on pourrait lui emprunter une expression, une seule : « C’est le pied ! » Et s’il faut être plus clair, ou s’il faut en rajouter, ou s’il faut y aller avec la petite cuillère, on pourrait préciser que la dessinatrice bordelaise aime ce qu’elle fait.
Et, pour la petite histoire – évidement il y en a toujours une –, malgré les conseils d’orientation de ses parents, Cami a fini par arriver à ses fins.
« Toute ma vie j’ai voulu dessiner ou être journaliste. De leur côté, mes parents voulaient que je fasse ”un vrai métier”. Je regardais alors du coin de l’œil les dessins de Plantu. J’ai fini par me dire : ”quand même, c’est un vrai métier.” »
Un métier « sous le coude »
Cami est née et a grandi à Dreux, « dans les années 1980 et le boom du Front national ». Bac option Maths en poche (sur les conseils de ses parents donc), elle s’oriente vers la communication « avec, sous le coude, l’idée de faire des dessins et des caricatures ».
« Je me suis dit que dans ce secteur, j’allais apprendre à mettre en page et connaître les techniques d’impression. Si jamais personne ne voulait de mes dessins, je pouvais me débrouiller à les éditer toute seule. »
Elle intègre le CHU de Nantes avec un emploi jeune après son BTS où elle a « réussi à glisser quelques dessins dans la lettre interne ». En 1998, elle « débarque » à Bordeaux et rejoint le service communication de l’Opéra de Bordeaux.
« J’ai plongé dans ce milieu alors que je ne connaissais pas grand chose. Le fait d’être en contact avec le monde artistique, je finis par ouvrir mon blog. »
En 2000, camioups.canalblog.com lui permet de montrer régulièrement ses dessins et de commenter l’actualité. Par la même occasion, elle croise la route de Nouvelles vagues, journal indépendant bordelais où elle rencontre Urbs avec qui elle collabore « encore et toujours » sur des projets.
En 2009, elle est élue Miss Janvier au Calendrier des Blogueurs Nus. Cette année-là, elle présente son expo Un p’tit vélo dans la Tête à la Maison du Vélo de Bordeaux qu’elle promène en Gironde l’année suivante.
« C’est parti mon kiki »
C’est enfin le grand saut en 2015. Elle tourne la page de la communication et se lance dans le dessin. « C’est parti mon kiki » résume-t-elle .
Depuis 2015, Cami illustre en direct les débats des AOC de l’Egalité organisés par l’ALIFS. Elle rejoint l’association Cartooning for Peace avec laquelle elle anime des ateliers de dessin de presse dans les établissements scolaires, les centres d’animations de Bordeaux et le milieu carcéral.
« J’aime beaucoup les échanges avec les détenus. Ceux qui sont annoncés comme radicalisés sont finalement très ouverts. Ils arrivent avec des idées arrêtées. Sur Charlie Hebdo par exemple, ils commencent par ”ils l’ont bien cherché” ou “on leur dit de ne pas faire ça et ils le font quand même”. Les débats deviennent très intéressants parce qu’ils sont directs. Ça s’est toujours bien passé. Il y a un détenu un jour qui a fait une caricature des journalistes comme des extra-terrestres dans l’espace qui regardent le monde. C’est exactement ça… »
En 2017, Cami illustre Le Guide du Réfugié porté par Welcome Bordeaux et soutenu par Amnesty International.
« Jamais monté à la tête »
Depuis 2017, Cami participe au festival des arts moqueurs au Haillan, Les Cogitations. A cette occasion, elle rencontre Guillaume Meurice, l’animateur trublion de France Inter. De cette rencontre, naîtront de nombreuses collaborations.
L’année suivante, elle participe au Ford Blanquefort même pas mort !, recueil de dessins et de textes de soutien sorti en septembre qui voit également la participation de Guillaume Meurice.
« Guillaume venait de monter son groupe, The Disruptives, raconte Cami. Il était au Rocher de Palmer pour une résidence et quelques dates de concert. Dans une soirée, il me dit que Flammarion lui avait proposé un projet de cahier de vacances avec Charline Vanhoenacker sur Macron et qu’il voulait le faire avec moi. J’ai cru que c’était une blague. Deux jours après, j’ai compris que c’était sérieux. »
Ainsi est né en mai 2019 Le Cahier de vacances de Manu, Monsieur Le Président de La République, un succès en librairie qui ne lui est « jamais monté à la tête » assure-t-elle.
« On m’a donné un boulot, je l’ai fait. Je suis super contente que ça se vende. Non seulement ça permet à des gamins de partir en vacances [tous les droits reviennent au Secours Populaire, NDLR], aussi ça met la lumière sur mon travail et il faut que j’en profite. Il m’arrive plein de trucs mignons ! Comme travailler avec Rue89 Bordeaux par exemple… »
Sur ces bonnes paroles, retrouvez dorénavant Cami dans la rubrique Le Crocnote.
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