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Après l’avis négatif de la commission d’enquête, le projet d’hôpital Bahia en soins palliatifs ?

Le chantier du regroupement des hôpitaux de Bagatelle et de Robert-Picqué, Bahia, a démarré depuis novembre à Talence. Et pourtant, à l’issue de l’enquête publique, la commissaire enquêtrice vient de rendre un avis défavorable au projet pour la deuxième phase, qui nécessite une modification du plan local d’urbanisme (PLU). Et ce en des termes cinglants…

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Après l’avis négatif de la commission d’enquête, le projet d’hôpital Bahia en soins palliatifs ?

Mercredi, deux ministres, Geneviève Darrieussecqet Christelle Dubos se sont rendues ce mercredi sur le chantier de la maison des consultations qui a démarré en novembre à Talence. C’est la première phase de la fusion entre la fondation Bagatelle et l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Robert-Picqué, une opération baptisée Bahia.

La deuxième phase de travaux – un plateau technique de 19000 m2 avec blocs opératoires, urgences et réanimation, réadaptation, maternité – devait théoriquement s’achever en 2023 (le chantier est conduit par Vinci).

Sauf que l’opération nécessitait de retoucher le plan local d’urbanisme (PLU), du fait de la démolition-reconstruction de la façade de la Maison de santé Protestante de Bagatelle (MSPB), où doivent être transférés les services de Robert-Picqué, situé 900 mètres plus loin. Et donc une enquête publique, nécessaire à toute modification PLU.

Patatras : dans son rapport rendu public ce jeudi, la commissaire-enquêtrice, Anne-Marie Caussé, rend un avis défavorable à la modification du PLU, et étrille le projet présenté dans un dossier « parfois confus, embrouillé et (…) pas de nature à permettre une bonne mesure des enjeux ».

« Impacts sous-évalués »

D’abord, elle remet en cause le fait même qu’une partie seulement de Bahia ait été soumise à la concertation. Celle-ci n’incluait ni Bahia 1, ni les chantiers de Cogedim (2 barres d’immeubles avec commerces, 149 logements et parkings) et de la Fondation John-Bost (maison d’accueil spécialisé pour maladie mentale). Ces deux opérations sont conduites sur des emprises de Bagatelle, vendues (18 millions d’euros) pour financer Bahia.

« Je regrette, écrit la commissaire, que le dossier ne présente que les impacts de Bahia 2 alors qu’en réalité, c’est la construction de tous les bâtiments qui vont impacter les riverains, tant au niveau urbanisme, qu’environnemental, social et économique. Il m’apparait que les impacts mesurés pour le seul chantier Bahia 2 sont sous-évalués, puisque, en réalité, plusieurs chantiers impacteront le site. »

Le projet de fusion de Bagatelle et de Robert-Picqué (DR)

Elle souligne notamment que « l’impact sur la circulation/stationnement sera important, puisque les employés, les patients et les visiteurs de Bahia emprunteront la route de Toulouse ». Or l’impact du projet Bahia, qui regroupera à terme 1400 salariés et 450 lits, est traité de manière « succinte », indique le rapport d’enquête publique, alors que cette voie a déjà « dépassé le seuil de gêne ».

Plus de 2000 avis défavorables

L’avis défavorable est d’ailleurs motivé entre autres par le fait que « l’acceptation sociale du projet n’est pas avérée », avec notamment « une grande mobilisation » lors de l’enquête publique  – 2 574 participants, dont 2086 défavorables au projet. La commissaire classe ces derniers en deux catégories :

« Certains souhaitent un hôpital de droit public, type centre hospitalier rattaché à une collectivité, sur le site de Robert-Picqué, pour raison politique : établir un projet bien plus ambitieux et visionnaire à la mesure d’une grande métropole, et garder la mainmise sur un service public essentiel. Certains souhaitent un établissement hospitalier pouvant être Bahia (puisque Bagatelle étant un établissement garanti par l’Agence régionale de santé) mais sur les parcelles de Robert-Picqué pour des raisons environnementales urbanistiques et de préservation de la qualité de vie. »

Et Anne-Marie Caussé reprend à son compte leur questionnement, rappelant que le site de Robert-Picqué compte 25 hectares, contre seulement 5 pour Bagatelle, qui n’aura pas de réserve foncière pour un futur développement :

« Je considère que le site de Robert-Picqué apparait comme un choix sérieux dont les impacts environnementaux/ urbanistiques, sociaux et écomico-financiers n’ont pas été présentés ; j’ai constaté que les citoyens ayant participé à l’enquête souhaitent vivement que ce sujet soit débattu sereinement. »

Des élus « déterminés »

Réagissant ce jeudi, Jacques Mangon, vice-président à l’urbanisme de Bordeaux Métropole, se dit « étonné » de cet avis outrepassant selon lui la mission initiale :

« Nous attendions un avis technique sur la protection patrimoniale de Bagatelle. La commissaire a rendu un avis sur l’opportunité de rapprocher ou pas les deux établissements de santé. »

Dans un communiqué, Bordeaux Métropole indique que les élus restent « déterminés » à poursuivre le projet Bahia, « projet structurant pour le territoire métropolitain ». Le projet devrait donc revenir en conseil de métropole. Le dossier de l’enquête souligne que les élus locaux, notamment les maires de Talence, Bègles, Villenave d’Ornon et Bordeaux, directement concernés, sont favorables à Bahia. D’autant que l’État, propriétaire de Robert-Picqué et souhaitant fermer ses HIA pour des raisons d’économies, les a mis devant le fait accompli.

« Un projet qui acte un net recul dans l’accès aux soins pour un bassin de vie de 180000 personnes ne peut pas être déclaré d’intérêt général, s’est au contraire réjoui le député (France insoumise) de la circonscription, Loïc Prud’homme. J’espère qu’après lecture de ce rapport les élu.e.s locaux qui soutiennent unanimement le projet Bahia feront de même en sortant des arrangements entre amis pour se mettre enfin à défendre l’intérêt général dans ce dossier. »


#Bègles

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