Cette unique baisse tarifaire porte ainsi sur le « titre de référence pour les voyageurs occasionnels » – 100 000 ventes de Tickartes 2 voyages (2V) par mois depuis son lancement l’été dernier. Objectif : améliorer la vitesse commerciale du réseau, en incitant les voyageurs à ne plus acheter de Tickarte 1V dans les bus – l’achat d’un titre à bord leur fait perdre entre 10 secondes et une minute par vente –, mais aux guichets.
« Ce sont 2,8 millions de ventes à bord qui ont eu lieu en 2018 et le Tickarte 2V représente en ce sens 50% de vente à bord en moins par rapport à un Tickarte 1V, relève la délibération votée le 21 juin dernier en conseil de Bordeaux Métropole. Par ailleurs, grâce à cette baisse tarifaire, le titre sera plus accessible aux usagers à faibles revenus qui ne peuvent pas se permettre d’acheter des abonnements. »
C’est aussi pour la métropole une façon de compenser la forte augmentation du ticket unitaire, passé depuis 2014 de 1,40 à 1,70€. Car la collectivité est contrainte par le contrat de délégation de service public (DSP) conclu avec Keolis (actuel exploitant du réseau TBM) : il prévoit dans son article 46 le principe d’augmentation annuelle pondérée de 3% des tarifs.
TBM se lâche
Aussi, à côté de cet effort sur les tickets 1 et 2 voyages, TBM se lâche sur le reste de la grille : le Tickarte 10 voyages (10V) plein tarif passe par exemple de 13,20 à 13,70€ (+3,8%), le billet à la journée de 4,70 à 5€ (+6,4%), le Pass Soirée de 2,40 à 2,60€ (+8,3%).
Les abonnements vont quant à eux tous grimper entre 3,1% (l’Hebdo 7J Jeune, désormais à 9,90€) et 3,9% (les Mensuels Jeune et Cité Pass, respectivement à 34,40 et 50,30€, l’Annuel Cité Pass à 42,20€. TBM espère ainsi dégager 2,3 millions d’euros de recettes supplémentaires. L’an dernier, grâce à l’augmentation de la fréquentation du réseau, la billetterie a rapporté 80 millions, soit 36% des charges de fonctionnement de TBM, l’impôt compensant le reste des 229 millions.
TBM fait valoir que son positionnement tarifaire parmi les 15 grandes agglomérations française (hors région parisienne) n’est pas scandaleux – sur l’abonnement Cité Pass mensuel, il est par exemple inférieur de 6,4% au prix moyen de ces métropoles (48,40€ contre 51,72€).
Le deuxième ticket le plus cher de France
Pour le ticket individuel un voyage, si l’écart n’est que de 0,08€, soit 4,7% supérieur au prix moyen (1,62€), Bordeaux est la deuxième agglo la plus chère de France, derrière Lyon (1,90€), loin devant Saint-Etienne (1,40€), Rennes ou Nice (1,50€).
Et les transports en commun de Bordeaux Métropole sont clairement plus chers que les autres dans deux catégories : les Pass Seniors (de 12,5% à 20,3% plus élevés qu’ailleurs) et les Pass Mensuels Jeunes (34,40€ désormais, contre une moyenne de 28,35€).
Lors des débats en conseil, la nouvelle hausse des tarifs de TBM a donc encore fait tiquer les élus de gauche. Emmanuelle Ajon (PS) a par exemple relevé une « augmentation de 38% sur les 10 dernières années des pass Jeunes et Pitchoun » :
« Cela rend l’accès compliqué pour les familles avec de jeunes enfants, relève la conseillère métropolitaine (PS). Pourtant nous savons tous les enjeux que cela représente en termes d’écologie et de ville abordable. Et non seulement une famille avec 3 enfants allant au collège aura 60 euros par mois à payer, mais si elle habite dans le quartier Monséjour (Caudéran), elle n’a qu’un seul bus toutes les 45 minutes. La qualité de service par rapport au prix payé n’est pas au rendez-vous. »
Gratuité
Alors que les élus communistes plaident pour que la métropole s’ »engage vers la gratuité » totale du réseau, Christophe Duprat (vice-président en charge des transports), hostile à cette idée, souligne que « 48000 personnes bénéficient actuellement de la gratuité » contre 20000 avant l’instauration de la nouvelle billettique.
Les retards de livraison du nouveau système par Thales ont en effet décalé la mise en place de la tarification solidaire, censée bénéficier aux habitants de la métropole non plus en fonction du statut individuel (chômeurs, étudiants…), mais selon les ressources des ménages.
D’ici l’instauration de celle-ci, repoussée au printemps 2020, davantage de personnes ont donc fait valoir leur droit à la gratuité (demandeurs d’emplois, bénéficiaires du RSA et/ ou de la prime d’activité, bénéficiaires de la CMU, services civiques, stagiaires et personnes en contrats aidés). Étendre celle-ci à tous les habitants de la métropole (comme à Libourne) coûterait « 300 millions d’euros de dépenses de matériel pour faire face à l’augmentation de la demande, sans compter la maintenance », estime Christophe Duprat (à la louche, car cette estimation n’est fondée sur aucune étude, a vérifié Rue89 Bordeaux).
Par ailleurs, redoute le VP aux transports, elle risquerait de « diminuer la part modale du vélo et de la marche à pied, car quoi de mieux que de faire Mériadeck – Hôtel de ville en tramway gratuit ». Alors que grâce aux tarifs de TBM, la part de ces modes doux a toutes les chances d’augmenter !
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