Après l’annonce d’un plan de départs volontaires visant 299 postes, Radio France a connu ce lundi une journée de grève qui a perturbé les antennes. Au lieu de leurs programmes habituels, France Inter et France Culture diffusent des playlists. FIP, la plus musicale du groupe, est elle encore moins bavarde que d’habitude. Les animatrices qui abreuvent l’antenne d’informations culturelles sont remplacées chaque quart d’heure par un message pré-enregistré :
« En raison d’un appel à la grève porté par les organisations syndicales… »
Plus d’informations culturelles, d’idées de sorties ou de jeux concours pour remporter leurs entrées, préfigurant ce qui va advenir à partir du 30 juin 2020 : la suppression de la locale de FIP Bordeaux-Arcachon, dans le cadre du plan d’économies de Radio France. Ses cinq salariées en CDI se voient proposer un reclassement dans le réseau France Bleu. Ses deux intermittentes resteront sur le carreau.
Ce lundi allée Serr, où France Bleu Gironde et FIP Bordeaux-Arcachon partagent des locaux, les auditeurs sont venus soutenir les « Fipettes » grévistes, qui comme à Nantes et Strasbourg, réclament le maintien de leurs postes.
« 50 ans de travail détruit »
Elles affirment « détenir le meilleur ratio coût-audience de Radio France ». Et elles dénoncent « la destruction de 50 ans de travail de terrain aux côtés des artistes et des opérateurs culturels partenaires » qui y trouvent « un formidable relais pour [leurs] actualités ».
Parmi leurs soutiens, on comptait ce lundi un membre du chœur de l’Opéra de Bordeaux, un musicien de l’ensemble Proxima Centauri, d’autres musiciens locaux diffusés à l’antenne de FIP, les fidèles Action Jazz et Jazz&Wine, etc.
En tout, une soixantaine d’auditeurs, acteurs culturels et artistes étaient rassemblés devant les néons roses de la radio. Côté politique, le porte parole du NPA Philippe Poutou était présent. La Ville de Bordeaux et le Département de la Gironde, qui déplorent également « une grande perte pour la valorisation de [leurs] territoires » ont assuré de leur soutien à la mobilisation en cours par courrier.
Les auditeurs du collectif Sauver Fip Bordeaux Arcachon regrettent « un abandon du service public ».
« Je paie plus d’impôts mais j’ai moins de services au quotidien », commente l’un d’entre-eux.
« L’État demande des coupes budgétaires à un grand nombre de structures publiques, il faut qu’il y ait une véritable prise de conscience » ajoute un autre.
Conquête terrestre
Ils envisagent de se mobiliser sur le terrain, dans les salles de concert, de diffuser une pétition et d’envoyer des cartes à la Présidente Sibyle Veil contre la fermeture des micros en région.
A Paris, la directrice de FIP Bérénice Ravache justifie un besoin d’évolution de la radio avec le déploiement de la Radio Numérique Terrestre sur le DAB+ (le système intégré à tous les nouveaux récepteurs) dès l’an prochain. Elle y voit « un potentiel de conquête extraordinaire [pour FIP qui a] toutes les raisons de nourrir une ambition nationale ».
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Envoyez la musique
Muriel Chedotal, déléguée syndicale CGT Radio France, affirme que « le numérique n’empêche pas un travail en région ni la diffusion de FIP Bordeaux-Arcachon sur le réseau DAB+ ».
Les équipes des trois locales de FIP ont proposé de restructurer le réseau en cinq grandes régions pour couvrir le territoire national avec les équipes actuelles ; ce projet a été refusé par la Présidence.
Elle leur a annoncé la suppression de leurs postes mais la possibilité d’évoluer sur les antennes de France Bleu et de disposer de formations pour s’y adapter. La création de quatre postes de « délégués musicaux » est également en projet dans les trois villes ainsi qu’à Lyon pour maintenir le lien avec les acteurs locaux.
« Mais quel relais radiophonique sera proposé aux artistes et lieux de diffusion des art contemporain, théâtre ou cirque ? » se demandent les Fipettes.
La question reste en suspens.
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