L’impact des paquebots sur la pollution atmosphérique à Bordeaux est « négligeable », selon l’Atmo (agence de mesure de la qualité de l’air). Pourtant, les inquiétudes des riverains face aux nuisances générés par les navires en escale à Bordeaux, ou encore l’action de militants écologistes ayant récemment visé un de ces paquebots, ont poussé les élus à réagir.
La Ville de Bordeaux, la Métropole, le Grand port maritime (GPMB) et les Pilotes de la Gironde ont signé ce lundi une « charte des bonnes pratiques environnementales pour la croisière ».
Des navires qui sentent le soufre
Parmi ses six engagements, elle imposera notamment aux armateurs d’aller au delà des normes en vigueur, en utilisant un carburant à 0,1% dès l’entrée dans la zone de pilotage obligatoire (l’estuaire de la Gironde), et pendant toute la durée de l’escale. La réglementation actuelle n’oblige à utiliser du 0,1% que lorsque le navire est à quai.
« Le transport maritime a une très mauvaise image mais il est encadré au niveau international, estime Jean-Frédéric Laurent, président du directoire et directeur général du Grand port maritime de Bordeaux (GPMB). A partir du 1er janvier 2020, les paquebots devront ainsi baisser leur taux de soufre dans les carburants de 3,5 à 0,5%. Mais on veut pousser les armateurs à faire mieux. »
La Charte préconise ainsi d’ »encourager la desserte de Bordeaux par des navires à propulsion GNL (gaz naturel liquéfié) » et de s’engager vers le « zéro rejet d’eaux usées y compris traitées » et le « zéro rejet d’eaux issues du système de lavage des fumées ».
Charte bleue
Les paquebots seront soumis à d’autres contraintes telles que d’ »utiliser le service de collecte des déchets par barge fluviale initié par Bordeaux Métropole », de réduire leur vitesse à l’approche du port, ou de « limiter les impacts sonores lors des escales ».
« Si les navires ne nous donnent pas leurs informations ou ne satisfont pas à ces exigences, nous leur demanderons de faire escale ailleurs, et nous n’accepterons plus certains bateaux, assure Jean-Frédéric Laurent. Nous sommes confiants car nous ne sommes pas les seuls à nous engager dans une démarche volontariste. »
Une « charte bleue » a par exemple été signée récemment à Marseille avec des croisiéristes.
« Il y a un niveau d’acceptabilité et d’intégration de ces paquebots à ne pas dépasser, relève Nicolas Florian, maire de Bordeaux. Ils ont un impact sur la vie urbaine, et la levée du pont Chaban-Delmas sur la circulation. On n’est pas obligés de faire arriver tous les bâtiments place de la Bourse. »
Un projet est d’ailleurs toujours à l’étude au port de Bordeaux pour faire accoster les plus gros navires à Pauillac, en aval, dans des eaux plus profondes. La commune du Médoc pourrait être en mesure de raccorder les paquebots au réseau électrique, grâce à de grands transformateurs. Bordeaux ne peut elle « électrifier » que les paquebots fluviaux.
43 escales en 2019
L’équilibre est délicat : il s’agit de pas faire fuir les paquebots et leurs passagers très solvables – ils dépenseraient deux fois plus que des touristes classiques, soit autour de 150 euros par jour, indique Stefan Delaux, adjoint au maire de Bordeaux.
Ce dernier relativise toutefois l’importance du trafic : en 2019 Bordeaux a accueilli 43 escale pour 26100 passagers, contre 523 escales à 1,7 millions de passagers à Marseille, ou encore 2,6 millions à Barcelone et 30 millions à Venise. Ces villes reçoivent des navires transportant jusqu’à 6000 personnes, contre 600 en moyenne à Bordeaux.
« Mais des hommes et des femmes vivent grâce au fait que des bateaux viennent à Bordeaux, rappelle Philippe Dorthe, président du conseil de surveillance du port. C’est de l’emploi direct, avec nos 21 pilotes et le personnel du port, de l’emploi indirect chez nos commerçants et de l’emploi potentiel pour le pôle naval chargé de l’entretien des navires et des barges. »
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