Pour beaucoup, cette journée est symbolique. Et pour cause, ce vendredi 24 janvier, la réforme des retraites est présentée devant le conseil des ministres, avant d’être débattue en février au Parlement.
Nombreux sont donc ceux qui sont descendus dans la rue, pour ce 51e jour de grève nationale. A l’issue d’une manif qui s’est déroulée dans le calme, sans aucun incident à déclarer, le décompte, de plus en plus abyssal entre les statistiques préfectorale et cégétiste, a fait été de 7 500 manifestants selon les premières, et de 40 000 pour le syndicat.
A 11h30 place de la République, les groupes de toutes professions – avocats, profs, cheminots, fonctionnaires, personnels hospitaliers… – sont venus gonfler les rangs de l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-CFE-CGC-FSU.
Les avocats masqués
En grève depuis le début de l’année 2020, les avocats bordelais multiplient les actions pour faire entendre leurs revendications. Si l’ensemble des audiences sont toujours annulées, s’ils ont manifesté leur mécontentement lors des vœux perturbés de la député LREM Catherine Fabre, ou encore jeté leurs robes d’avocat devant le palais de justice de Bordeaux le 9 janvier, cette fois, les avocats bordelais ont rejoint le cortège munis de masque blancs.
Selon Cecile Kremers, avocate généraliste collaboratrice dans un cabinet à Bordeaux, ces masques représentent « le symbole de la mort de notre profession car on prévoit 30% de fermeture des cabinets d’avocat en France ». Sa profession est selon elle déterminée à poursuivre le mouvement au moins jusqu’au 28 janvier prochain.
Le barreau de Bordeaux attend de connaître la suite de la discussion avec le premier ministre, qui rencontrera le conseil national le 2 février prochain.
Les cheminots déterminés
En Gironde, les blocages continuent et sont soutenus par les manifestants qui voient une tentative de poursuivre le mouvement sur le long terme. Applaudie par le cortège, la CGT Energie de Gironde a revendiqué des coupures d’électricité, dont récemment celles de la permanence de Dominique David, députée En Marche ! de Bordeaux, et celle de l’imprimerie du journal Sud Ouest, ciblé car le quotidien n’a pas donné suite à un communiqué du syndicat lui « demandant de traiter l’actualité de la lutte sociale sur la Gironde et non de perpétuer l’omission de la révolte populaire ».
Jean-Christophe, cheminot à la SNCF de Bordeaux, salue ces initiatives. Il a rejoint l’entreprise à 24 ans après plusieurs petits boulots.
« Je ne veux pas crever au travail. On nous parle d’âge pivot, de partir le plus tard possible mais les conditions de vie régressent même si l’espérance de vie augmente. Je veux profiter de ma vie ! »
Il déplore que les cheminots ne puissent changer de service en fin de carrière, lorsqu’ils ont d’importantes responsabilités en terme de sécurité.
« Mon métier propre, c’est la sécurité des personnes, de l’infrastructure et de la circulation. On a des visites médicales poussées, des horaires décalés, on ne peut pas faire ça jusqu’à 65 ans et plus, c’est dangereux. »
Il est heureux de voir que la mobilisation ne faiblit pas, après 51 jours de grève.
« Je manifeste depuis 10 ans pour défendre nos droits, je n’ai jamais vu autant de monde dans les rues. On ne lâchera pas, on ne peut pas perdre deux mois de salaire… et nos retraites ».
Les fonctionnaires motivés
Les fonctionnaires sont eux aussi venus en nombre à Bordeaux pour manifester. 15 écoles élémentaires et primaires de la capitale girondine ont totalement fermé leurs portes ce 24 janvier. L’opération « collège mort » a quant à elle visé symboliquement l’accès à 24 collèges girondins. Selon le syndicat du primaire Snuipp Fsu, une centaine d’établissements étaient également fermés aujourd’hui. Ce vendredi matin, des enseignants et des élèves ont procédé au blocage du lycée Nicolas-Brémontier, à Bordeaux. Les cours ont repris l’après-midi.
Selon deux professeurs à l’université de Bordeaux rencontrés dans la manifestation mais qui préfèrent garder l’anonymat, « chacun se mobilise comme il peut et les blocages ont toute leur importance pour faire pression sur le gouvernement ». D’ailleurs, comme tous les corps de métier, le même mot revient en conclusion : « on ne lâchera rien. »
A Bordeaux dans le cortège, ils n’ont rien lâché jusqu’à la fin de la manifestation place de la Victoire. A 15h, elle s’est achevée sans échauffourées avec les forces de l’ordre pourtant déployées en nombre pour barricader le centre-ville. Buvette, discours et concert sont venus mettre un terme à une journée suivie, dont se sont félicités les syndicats. Ils ont donné rendez-vous mercredi 29 janvier prochain pour une nouvelle manifestation.
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