C’est une nouvelle figure de la tranche radiophonique la plus écoutée de France, le 7/9 sur France Inter. Pierre Haski est le cofondateur de Rue89, « une expérience journalistique » comme il l’appelle, lancée en 2007 dans un paysage médiatique gagné par le doute au début de ce siècle.
Journaliste chevronné, spécialiste de la politique et de la diplomatie internationale, il préside l’association Reporters sans frontières. Ce mercredi 22 janvier, il était l’invité de La Papote, organisée conjointement par La Fabrique Pola et Rue89 Bordeaux.
La Papote, un rendez-vous mensuel ?
Ce premier rendez-vous pourrait devenir mensuel si la campagne 1000 abonnements est réussie pour Rue89 Bordeaux. Ce sera l’occasion de nouveaux échanges avec, par exemple, Anne-Sophie Novel autour de son ouvrage et de son film Les médias, le monde et nous, ou avec Jean-Michel Becognee, photographe auteur de Douce France.
A ce jour, 720 Bordelaises et Bordelais, Girondines et Girondins, et habitants de Nouvelle-Aquitaine qui ont rejoint le cercle des lecteurs abonnés à Rue89 Bordeaux. A 8 jours de la fin de la campagne, c’est un signe qui nous emplit d’espoir pour stabiliser notre modèle économique, 6 ans après avoir lancé un nouveau média sur la métropole bordelaise.
En 2014, ce pari était fou, c’est le moins que l’on puisse dire. Notre accord à peine signé avec Rue89, qui nous permettait de dupliquer son modèle de média participatif à l’échelle d’une métropole, la « maison mère » se retrouvait en effet dans la tourmente. Suite à son rachat par le Nouvel Obs, les journalistes de Rue89 se sont opposés à leur nouveau propriétaire au sujet de l’indépendance de leur rédaction.
Mais de 2007 à 2017, Pierre Haski a donc conduit l’aventure d’un média novateur, premier pure player français. Il a ouvert la porte à la création des « locales » de Rue89 Lyon, Strasbourg et enfin Bordeaux, accordant à leurs petites équipes de journalistes le droit d’exploiter le nom de Rue89 sans autre contrepartie que le respect de sa ligne éditoriale, « l’info à trois voix » (journalistes, experts, internautes). Il a ainsi rappelé l’indispensable place de l’information locale dans le paysage mondialisé et globalisé de l’info.
Le chroniqueur géopolitique soulignera cependant les dangers qui guettent ces initiatives. Outre la fragilité du modèle économique sans l’implication du lecteur, la connivence avec les décideurs économiques et politiques locaux peut-être fatale à la crédibilité du journalisme de proximité.
Le journalisme a besoin de modèle alternatif
Comment l’arrivée d’internet a frappé la presse de plein fouet jusqu’à provoquer sa crise économique ? Comment sont nés le désenchantement et la perte de confiance des lecteurs ? Comment, pour faire face à ces deux paramètres, faire émerger des modèles alternatifs ?
Pierre Haski balaye l’histoire récente de la presse de ces 15 ou 20 dernières années où, malgré l’arrivée des réseaux sociaux et le phénomène inhérent d’infobésité, malgré « la dégradation des débats en ligne », un journalisme participatif est né.
« Cette idée portait en elle l’information locale, puisque la valeur numéro un du participatif était dans le local, et plus on était dans le local et plus l’idée du participatif était valable. »
Avec un regard lucide sur le journalisme qui, souvent, « a renoncé au rôle de contre-pouvoir pour être coopté par une élite politique et économique », Pierre Haski a offert à la Fabrique Pola un échange passionnant d’une heure et demie.
Retransmise en Facebook live avec un millier de spectateurs au rendez-vous, la vidéo est toujours disponible et visible ci-dessous.
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