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E3C : en Gironde, les lycéens passent la BAC d’abord et les profs font le mur

Une centaine de manifestants mobilisés contre la réforme des retraites et les E3C ont bâti un mur devant le rectorat, ce jeudi à Bordeaux, pour dénoncer une tension permanente autour du passage des épreuves du baccalauréat. Ces derniers jours, les examens se sont déroulés sous surveillance policière dans les lycées François Mauriac, à Bordeaux et Max-Linder, à Libourne.

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E3C : en Gironde, les lycéens passent la BAC d’abord et les profs font le mur

L’image rappelle l’interpellation de lycéens à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, en décembre 2018. Agenouillés, mains sur la tête, une centaine d’enseignants ont fait entendre leur colère, ce jeudi, devant le rectorat de Bordeaux, scandant « policiers, hors de nos lycées ».

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Dès 7 heures du matin, un collectif interprofessionnel Bordeaux Centre, mobilisé contre la réforme des retraites, avait investi les lieux pour bâtir un mur de parpaing et ainsi bloquer symboliquement l’entrée de l’établissement.

« On est très remontés contre ce projet de dévalorisation de nos retraites, contre la réforme Blanquer et les épreuves anticipées qui ont été mises en place de façon précipitée, explique Cécile Calme, enseignante au lycée François-Magendie à Bordeaux. Et les réponses du ministre sont lamentables, il est dans le déni et tente de faire croire que la contestation vient d’une poignée de gauchistes extrémistes, alors que tous les profs sont à cran. »

Entre les enseignants et le ministère, c’est le parpaing quotidien (SB/Rue89 Bordeaux)

Drôle de cinéma à Max-Linder

Dans le cortège mobilisé à l’entrée de la rue Joseph Carayon Latour, les professeures des lycées François Mauriac et Max-Linder ne décolèrent pas. Mercredi, c’est sous présence policière que se sont déroulées les premières épreuves de contrôle continu du bac dans l’établissement libournais. Les enseignants ont eux été mis à l’écart, explique une professeure d’allemand :

« Dès que nous sommes arrivés, il y avait 25 policiers à l’entrée de l’établissement et une quinzaine derrière. Ils nous ont fait comprendre qu’on ne rentrerait pas. »

Les épreuves avaient déjà préalablement été reportées à 4 reprises au lycée Max-Linder suite à la mobilisation des enseignants, élèves et parents d’élèves opposés à la réforme du bac. Mercredi, les élèves de première étaient convoqués pour réaliser l’ensemble de leurs 3 premières épreuves. Les cours étaient eux banalisés pour l’occasion.

« Le chaos a commencé »

Devant les équipes mobiles du rectorat mobilisées pour l’occasion, les élèves, pourtant décidés à ne pas passer leurs épreuves dans ces conditions, perdent leur moyen et entrent finalement dans l’établissement pour composer.

« C’est là que le chaos a commencé, témoigne une professeure. On a récolté une centaine de témoignages. Certains ont déchiré leur copie, d’autres appelaient leurs parents en pleurs. On recevait même des photos des sujets qui venaient d’être donnés à l’intérieur. On leur a donné un sujet dont le thème n’avait pas été traité en classe. Ils ont rendu copie blanche. »

Ce n’est pas la première fois qu’un tel imbroglio se produit autour des épreuves du bac dans l’agglomération bordelaise. Le 29 janvier dernier, les élèves du lycée Mauriac avaient eux aussi composé sous encadrement policier. Sur les 370 élèves convoquées, ils n’étaient qu’une centaine à franchir les portes de l’établissement.

« Les policiers étaient devant et à l’intérieur de l’établissement, dans les couloirs, dans les toilettes et dans la cour », explique Dominique Darrip, enseignante de philosophie.

Zéro, la tête à Maumau

« Ils ont interdit l’entrée à certains élèves sous prétexte qu’ils étaient les meneurs du mouvement, précise Christian Detrieux, le secrétaire de la FCPE du lycée. Les élèves disent aussi avoir reçu des menaces de la part de la brigade mobile du rectorat, comme celle d’un retrait de leur bourse s’ils refusaient de passer l’examen, poursuit-il. »

La menace aurait depuis été retirée… Quelques jours auparavant, la rectrice de l’académie de Bordeaux était intervenue inopinément dans le lycée. Le Comité d’Administration de l’établissement avait alors refusé d’échanger avec elle, à l’exception de quelques professeurs, explique Dominique Darrip.

Lundi, le proviseur du lycée François Mauriac recevait une délégation d’élèves pour échanger autour des suites à donner à la journée du mercredi 29 janvier. Les élèves étaient encore dans l’inconnu quant à ce qui adviendrait de leurs résultats, menacés de se voir attribuer un 0. L’établissement a finalement fait volte-face ce jeudi, en décidant d’organiser de nouvelles épreuves le 12 et le 13 février.

Jointes par Rue89 Bordeaux, les directions de Max-Linder et François Mauriac n’ont pas donné suite à nos demandes d’entretien.


#baccalauréat

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