Médecins du monde estime à près de 2500 les personnes vivant aujourd’hui dans des habitats illégaux – squats, bidonvilles, campements… – en Gironde. Quand certains d’entre eux sont démantelés par la préfecture, nombre de ces personnes trouvent refuge ailleurs, comme les occupants des tentes de Bordeaux Lac vivant aujourd’hui à la Zone Libre de Cenon.
Et si l’hébergement d’urgence et le logement des demandeurs d’asile ou des mineurs non accompagnés (MNA) sont du ressort de l’Etat, les associations estiment que les municipalités disposent de leviers « pour assurer un accueil digne pour toute personne en situation d’exil ou de précarité », selon Aude Saldana-Cazenave, de Médecins du monde.
Aussi, l’assemblée locale des Etats généraux des migrations, dont font partie 21 associations et collectifs, interpelle les candidats aux municipales. Elle leur demande de souscrire à 33 propositions sur l’accueil et l’hébergement mais aussi la scolarisation, la santé, la participation ou l’accès à l’eau.
Réquisitions à l’amiable
Certaines posent de grands principes, comme appliquer l’engagement du président de la République – « Personne à la rue, Français ou étranger » – ou « refuser les situations inhumaines de lieux alternatifs régulièrement évacués par la préfecture sans solution de relogement ».
D’autres avancent des idées concrètes : une carte municipale de résident favorisant l’accès aux services municipaux, la nomination d’un adjoint en charge des personnes en situation de précarité, ou l’ouverture de bains douches « en nombre suffisants et gratuits » (à Bordeaux, les dernières douches publiques municipales ont fermé il y a plusieurs années).
L’association Areve (accueil des réfugiés en Val de l’Eyre) propose notamment de généraliser une expérimentation actuellement conduite dans certaines communes de « réquisition à l’amiable des logements vacants », afin de permettre l’occupation temporaires de biens en accord avec leurs propriétaires.
École des maires
Pour Gérard Clabé, du Réseau éducation sans frontière, les mairies ont aussi un rôle à jouer dans la scolarisation des enfants :
« Certains communes y mettent des filtres en remettant en question la domiciliation des personnes. Ces freins sont inutiles puisqu’au bout du compte les enfants sont scolarisés, mais cela leur fait perdre un ou plusieurs trimestres. Par ailleurs, alors qu’on a avait eu beaucoup de difficultés à scolariser 120 enfants du squat de Canéjan, cette commune n’ayant que deux écoles, la fermeture du squat par la préfète a tout remis en cause. Les mairies doivent exiger plus de compréhension et de respect des droits des enfants : on ne ferme pas un squat et on n’expulse pas des familles pendant l’année scolaire. »
La charte met aussi l’accent sur l’accès gratuit et inconditionnel aux cantines scolaires des enfants en situation de grande précarité ou encore sur la prévention des conduites à risque en termes d’addiction – Aude Saldana-Cazenave déplorant par exemple que, contrairement à Strasbourg, la mairie de Bordeaux se soit finalement opposée à l’ouverture d’une salle de consommation de drogues à moindre risque (plus familièrement appelées « salles de shoot »).
Des représentants de plusieurs listes en course dans la métropole (Bordeaux Respire !, Talence en transition, Cenon en commun, Vivons Bègles, Bègles en commun…) étaient ce mercredi à l’Utopia pour la présentation de cette charte à la presse.
Le collectif a aussi demandé à s’entretenir avec les principaux candidats, notamment à Bordeaux, et exposera avant les municipales lesquels adhèrent à sa démarche. Il n’a pour l’heure pas pu ni voulu examiner les propositions déjà dévoilées sur le sujet.
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