L’épidémie de coronavirus continue son inquiétante progression en France : 231 personnes sont mortes lors des dernières 24 heures, portant le bilan à 1331 décès en milieu hospitalier en France (le bilan dans les Ehpad reste pour l’heure inconnu). Au moins 2 827 patients sont actuellement en réanimation et 25233 cas sévères sont recensés.
En Nouvelle-Aquitaine, selon le dernier bilan de l’Agence régionale de santé, 25 personnes sont décédées du Covid-19, soit 11 de plus en une journée. 69 personnes sont actuellement en réanimation ou en soins intensifs. Et 122 nouveaux cas confirmés ont été recensés en 24h, pour un total de 875 cas confirmés dans la région depuis le début de l’épidémie.
A l’hôpital Pellegrin, on se prépare à accueillir cette vague de patients. Des tentes ont été dressées dans le parking des ambulances, devant l’entrée des urgences, pour recevoir les personnes présentant les symptômes du Covid-19, et les séparer du flux des patients conventionnels.
Médecine de catastrophe
Une ambulance du SAMU arrive. Aussitôt des médecins protégés de pied en cap des gouttelettes que pourraient émettre les malades, prennent toutes les informations nécessaires auprès de la personne transportée, avant même de le sortir du véhicule.
« Nous avons pris exemple sur la médecine dite de catastrophe, explique Philippe Revel, chef du pôle des urgences au CHU de Bordeaux. Dans des circonstances exceptionnelles, il faut être le plus près possible des zones de conflit et des patients. Se positionner avant l’entrée à l’hôpital permet d’éviter l’engorgement des structures hospitalières. »
Les cas les plus graves sont aiguillés directement vers les services adaptés, voire en réanimation. Le CHU dispose encore de plusieurs dizaines de lits libres, ce qui lui permet de recevoir des malades d’Île-de-France ou d’Alsace.
D’autres patients viennent de leur propre chef. On leur prend aussitôt la température, puis ils sont testés s’il s’agit de personnes à risques (personnes âgées et/ou à la santé fragile, femmes enceinte, professionnels de santé…). S’ils vont bien, ils peuvent rentrer à leur domicile avec des consignes strictes d’isolement et des numéros à joindre en cas d’urgence.
Les urgences de Pellegrin reçoivent ainsi actuellement 30 à 35 cas suspects par jour, dont 20% s’avèrent positifs au Covid-19.
Pour l’instant, « le flux n’est pas important, ce qui nous laisse le temps de nous organiser », reprend Philippe Revel. Il faut par exemple deux fois plus de personnel infirmier par patient, du fait du temps nécessaire au respect des consignes de sécurité, notamment le long temps d’habillage et de déshabillage. Pour l’instant, l’effectif est suffisant. « La grande inconnue » reste selon le docteur Revel les effets du confinement : la mesure parviendra-t-elle à enrayer l’épidémie ?
Deux fois moins de visites conventionnelles
Cloitrer les Français chez eux aura au moins eu un mérite : désengorger les urgences. Le nombre de visites a été divisé par deux, en raison de l’effondrement du nombre d’accidents de la route, du travail ou sur les terrains de sport… Plus, sans doute aussi, la peur des patients de se rendre à l’hôpital dans le contexte actuel.
La tendance est identique à l’hôpital de Bordeaux Nord, qui a également installé des tentes devant l’entrée de ses urgences pour séparer les flux de patients. En deuxième ligne derrière Pellegrin, cet établissement privé reçoit actuellement une quinzaine de cas suspects par jour, et dispose d’un soixantaine de lits, dont la moitié en réanimation. Tout est là aussi prêt pour affronter une crise sanitaire.
« Mais j’espère qu’on aura fait tout ça pour rien », lâche Bruno Boutet, médecin urgentiste à Bordeaux Nord.
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