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Projets pour Bordeaux 3/4 – Sport : les pistes des candidats en course

En 2017, le Ministère des Sports a recensé 400 équipements sportifs à Bordeaux. Est-ce suffisant pour la 9e ville de France et ses 255000 habitants ? La réponse est non, comparée aussi bien à des villes de plus grande taille que des plus petites comme Lille, Le Havre, ou Reims. Face à ce constat, que trouve-t-on dans les bagages des candidats en haut des sondages pour doper le sport local ? De grandes décisions d’ordre politique et de petites idées d’ordre pratique qu’ils partagent souvent.

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Projets pour Bordeaux 3/4 – Sport : les pistes des candidats en course

Sur la liste des villes de France classées par population, Bordeaux est à la 9e place. Si cette même liste était basée sur le nombre d’installations sportives relevées en 2017 par la Ministère des sports, la capitale girondine prendrait une sacré dégringolade. En effet, la ville qui s’étale sur 49 km2 avec environ 255000 habitants en compte 400, chiffre soutenu par un nombre importants de courts de tennis : 69, deuxième sport pratiqué à Bordeaux après le football, respectant ainsi la tendance nationale.

Plus haut dans la liste, on retrouve logiquement des villes plus peuplées et dotées de bien plus d’installations (à noter Toulouse avec 1453 installations pour 437100 habitants sur 118 km2 et Lyon, 871 installations pour 467400 habitants sur 48 km2). Plus en bas de cette liste en revanche, le sous-équipement bordelais devient criant face aux 456 installations au Havre pour 183900 habitants sur 47 km2 ou encore 777 installations pour Reims avec 210500 habitants sur 47 km2.

Ce déficit d’équipement est pointé dans une tribune publiée sur Rue89 Bordeaux qui demande à revoir non seulement la politique sportive bordelaise mais également métropolitaine :

« Il devrait y avoir au total 600 installations sportives pour que Bordeaux puisse atteindre la moyenne nationale » peut on lire dans ce texte signé par une cinquantaine de sportifs et d’acteurs du milieu (enseignants, dirigeants, bénévoles…).

Les signataires soulignent également la faible moyenne de licenciés tous sports confondus : 16% de la population bordelaise contre 25% au niveau national, notamment chez les femmes (30% contre 39%). Ils déplorent également la baisse du nombre d’athlètes de haut niveau inscrits sur les listes ministérielles : 56 en 2019 contre 124 en 1998.

Les installations neuves du stade Matmut Atlantique (WS/Rue89 Bordeaux)

Pourtant, selon une publication de l’Institut Montaigne, Bordeaux fait partie des villes présentant le plus fort budget alloué à la politique sportive rapporté à la population (273,9 €/habitant), avec Lyon et Nice (235€/hab), et Lille (234€/hab). Alors que ce budget a fortement diminué à Nantes (-60%), à Lyon (-37%), à Strasbourg (-24% entre 2017 et 2018).

Qu’en sera-t-il de la prochaine mandature ? Et que proposent les candidats pour remettre la ville dans les standards ? C’est ce que nous avons voulu savoir en épluchant certains programmes (Nicolas Florian), mais aussi à travers des notes qui nous ont été envoyées par les candidats eux mêmes (Pierre Hurmic, Philippe Poutou), ou encore lors d’un entretien (Thomas Cazenave). A savoir avant tout que, en France, chaque ville et commune définit sa politique sportive en toute indépendance, sans aucune obligation de concertation avec les collectivités limitrophes géographiquement et administrativement, et ne sont contraintes par aucune obligation légale.

Philippe Poutou contre « les errements du capitalisme sportif »

La liste Bordeaux en Luttes accuse « la métropole bordelaise […] de favoriser le sport professionnel au détriment du sport populaire, scolaire et associatif ».

« La métropole bordelaise en terme de sport ne se résume pas aux Girondins de Bordeaux et à l’Union Bordeaux-Bègles d’autant plus que les deux phares du sport métropolitain cristallisent tous les errements du capitalisme sportif », dénonce la liste menée par Philippe Poutou.

Bordeaux en luttes prône « un retour à une pratique du sport tournée avant tout vers l’ensemble des habitantes et habitants de la métropoles bordelaise » avec « une politique sportive à la fois ambitieuse mais aussi sociale pour l’émancipation et l’épanouissement de toutes et de tous ».

Précisant qu’ « il serait facile de promettre la construction de l’ensemble des infrastructures manquantes », liste qui réunit NPA et la FI souhaite avant tout « donner au sport sa juste place aux côtés de l’éducation, de la santé et de l’intégration sociale en exigeant la création d’une commission au sport au sein de Bordeaux Métropole ».

« Développer des politiques incitatives à la pratique sportive qu’elle soit active ou passive est une urgence pour relancer le sport dans une région passionnée par l’activité physique. Permettons au sport et à ses acteurs de redevenir les vecteurs d’intégration sociale qu’ils doivent être en invitant les clubs amateurs aux matchs des Girondins et de l’UBB, en tenant les promesses de livraisons des infrastructures à construire ou rénover, en recrutant des acteurs municipaux et métropolitains ou en apportant une aide substantielle aux associations actrices du sport local. »

Pierre Hurmic, pour que « le sport fasse respirer Bordeaux »

La tête de liste de Bordeaux Respire ! veut d’abord « savoir d’où l’on part pour savoir où l’on va ». Il propose de « réaliser un diagnostic territorial approfondi, à l’échelle de la Métropole, permettant de recenser précisément et le plus objectivement possible les besoins et l’offre et de mesurer les écarts entre les différents quartiers ». Il entend « réaliser un audit des équipements existants » pour « partager les priorités de mise en œuvre avec les acteurs locaux (associations, écoles…) en intégrant des critères non discriminants (égalité femme-homme, handicaps, sociaux, territoriaux) ».

Mais le candidat écolo veut surtout régler un vieux compte : il entend « rompre le contrat de partenariat public-privé » avec SBA, le consortium Vinci-Fayat constructeur et exploitant du stade Matmut, et revendre ce dernier. Si les Girondins de Bordeaux se portent acquéreur, cela permettant au passage au club « de développer son projet sportif en économisant de l’argent public ». Le produit de cette vente sera investi dans les équipements de proximité et les pratiques sportives amateurs notamment.

« Je souhaite créer un Conseil du Sport bordelais pour représenter le sport bordelais dans toute sa diversité – amateur, association, scolaire et universitaire, haut-niveau, handi-sport… –, afin de mettre en place un dialogue pérenne et constructif », annonce Pierre Hurmic.

Etendre les horaires

Il propose de soutenir « les structures qui développent des sections féminines » pour parvenir à une égalité homme-femme.

Pierre Hurmic veut élargir les horaires d’ouverture des équipements sportifs que Nicolas Florian et Thomas Cazenave envisagent également. Et il entend « mettre en œuvre une politique d’apprentissage du vélo dans toutes les écoles », ce que propose aussi Nicolas Florian et qui figure dans le programme « savoir rouler à vélo » du ministère de l’éducation et de la jeunesse.

Enfin, la tête de liste qui réunit une grande partie de la gauche locale prévoit de rénover différentes installations sportives (Maison de quartier des JSA, le gymnase du Grand Parc, la piscine Stéhélin…) et de s’attaquer à un projet qui n’a pas réussi à Alain Juppé, la restructuration de la plaine des sports du Parc Lescure.

Thomas Cazenave, « la force de frappe de la métropole »

Le candidat LREM résume ses objectifs :

« Il faut un plan de rattrapage des infrastructures, qui passe à court terme par un changement des gestions de celles-ci, et de nouveaux partenariats avec les clubs et les associations pour augmenter de 30% les créneaux d’accueil. En deuxième temps, il faut envisager une prise en charge par la métropole et, parallèlement, la sollicitation de financements privés pour les disciplines les moins médiatiques. »

Thomas Cazenave confirme donc un sous-investissement dans les installations sportives à Bordeaux qui pousse la municipalité, entre pratique amateur, scolaire et haut niveau, à « ne pas respecter les obligations ». Mais il prévient qu’ »il n’y a pas de remède miracle parce qu’on a pris un tel retard qu’il va falloir se projeter dans un programme d’investissement de rattrapage et faire sans attendre ses investissements ».

Comment ? Le candidat veut donc lui aussi « augmenter l’accès aux équipements sportifs de 25 à 30% ». « Ce n’est pas normal que la plupart des piscines de Bordeaux soient fermées le dimanche à partir de 13h. » Il espère ainsi « rendre » des temps à la pratique sportive et de haut niveau.

Cogestion avec les clubs et les assos

Sur les temps d’ouverture supplémentaires, Thomas Cazenave veut « proposer une cogestion avec les associations et les clubs […] ce qui permettra de faire venir plus de licenciés » et aussi de « créer une dynamique » permettant pour des professionnalisations et des ressources.

Sans surprise, la tête de liste de Renouveau Bordeaux insiste sur l’ « échelon métropolitain » de la politique sportive, pour le sport de haut niveau certes mais aussi pour les petits clubs qui tentent de se rapprocher – prenant l’exemple d’un sport qui lui est cher, le handball et le projet entre les Girondins et les clubs de la rive droite. Cette politique veillera également à « choisir les équipements sportifs » et « à analyser les budgets » au regard d’une pratique femme-homme.

En attendant, Thomas Cazenave entend conduire les premières priorités : rénovation de la piscine Stéhélin, du stade Alfred-Daney, réalisation du gymnase rive droite… Tout en regardant un peu plus loin, comme par exemple promouvoir les pratiques urbaines de glisse, rappelant que le siège de la Fédération française de roller et skateboard est à Bordeaux.

Nicolas Florian, sur sa lancée

Dans sa réaction à la première tribune, l’actuelle adjointe au sport du maire sortant, Arielle Piazza, fait un bilan de sa politique sportive et répond à certains points soulevés (nombre de licenciés, pratique du sport féminin…). Sans omettre de saluer les événements nationaux et internationaux (UEFA Euro 2016 de football, les demi-finales du Top 14 en 2015 et 2019, la solitaire du Figaro…), l’adjointe mise particulièrement sur les espaces en plein air accessibles gratuitement (quais des sports, plage du lac…).

Sur ce même créneau, Nicolas Florian avance quelques promesses dans son programme : installer plus d’agrès sportifs de plein air, notamment au stade Brun à Saint-Genès ; installer des équipements sportifs en extérieur au parc Pinçon à la Bastide ; créer un espace vert entre le parc sportif de Galin et la piscine (qui sera livrée en …) comprenant des équipements sportifs en libre accès ; poursuivre l’aménagement du secteur Brazza avec de nouveaux équipements sportifs…

L’actuel maire de Bordeaux veut aussi sauver des eaux le projet de piscine en plein air au bord de la Garonne… à moins qu’il ne s’agisse de celle en cours de construction par l’I-Boat aux Bassins à flot.


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Photo : WS/Rue89 Bordeaux

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