« Une forme d’illusion plane » sur la possibilité d’une fin prochaine du confinement, a estimé Martin Guespereau, préfet délégué pour la défense et la sécurité. « La réalité, c’est plus l’aggravation de l’épidémie que le déconfinement ».
Quatrième pays au monde à atteindre ce sinistre bilan, la France a franchi mardi la barre des 10000 morts – 10869 ce mercredi soir -, dont un tiers dans les Ehpad. 7148 personnes sont en réanimation.
Aussi, Emmanuel Macron a indiqué ce mercredi que le confinement serait prolongé au delà du 15 avril, sans préciser encore pour quelle durée supplémentaire. Ce mercredi, le Conseil scientifique du gouvernement avait jugé « capital » qu’un « confinement strict » soit poursuivi « plusieurs semaines à partir de maintenant ».
Régions naïves
Cela ferme provisoirement la porte aux scénarios de déconfinement, notamment région par région évoqué par l’Académie de médecine. Mais aucun d’entre eux ne prévaut actuellement, affirme Daniel Habold, directeur de la santé publique de l’ARS Nouvelle-Aquitaine :
« J’ai vu une quarantaine d’hypothèses, dont l’une consisterait à ne déconfiner que les régions qui ne sont pas naïves, c’est-à-dire celles où le taux de transmission du virus est important, mesuré par le fameux R0 (NDLR : la capacité d’une personne contaminée à infecter d’autres personnes : à 1, l’épidémie se propage, à moins de 1, elle ralentit). »
Dans un tel cas de figure, les régions ayant connu un grand nombre de cas, et donc une grande partie de la population se retrouvant immunisée, guérie ou porteuses saine du virus, seraient les premières déconfinées. Donc pas la Nouvelle-Aquitaine.
Aujourd’hui, la région Grand Est (5,5 millions d’habitants), la plus atteinte, déplore 2244 décès (plus de 100 nouveaux morts en 24h), et compte 4819 hospitalisations dont 950 personnes en réanimation (elle ne dénombre plus les cas confirmés depuis deux semaines).
Peuplée d’un peu moins de 6 millions d’habitants, la région Nouvelle-Aquitaine est elle la moins touchée du pays, avec 2 663 cas confirmés, 797 personnes hospitalisées dont 243 en réanimation et en soins intensifs, et 165 morts depuis le début de l’épidémie.
Confinement dur
Mais l’ARS estime que la Nouvelle-Aquitaine n’a pas encore atteint le pic de l’épidémie. Si le nombre de personnes en réanimation diminue depuis plusieurs jours, depuis une petite semaine, l’ARS Nouvelle-Aquitaine déplore chaque jour une dizaine de nouveaux décès.
« Nous sommes comme un champ de blé encore indemne à côté d’un incendie, mais si nous avons moindre faille l’incendie pourrait s’y propager, résume Daniel Habold. Et cette hypothèse reste largement supérieure à celle d’un déconfinement. Notre souhait est plutôt un durcissement de la rigueur du confinement. »
Néanmoins, la préfecture de Nouvelle-Aquitaine ne compte pas pas pour l’heure renforcer les contraintes, à l’instar de ce que vient de décider le préfet de Paris à l’encontre des sorties sportives. Outre les consignes en place, elle tient cependant à rappeler que les sorties doivent être individuelles (sauf quand il s’agit d’accompagner des enfants ou des personnes non autonomes).
Bientôt 15000 tests par jour
Certes, la région Nouvelle-Aquitaine va considérablement renforcer ses capacités de dépistage, passant d’ores et déjà de 600 à 1500 tests par jour, et envisageant d’atteindre les 15000 « en prévision des stratégies de post confinement », souligne Daniel Habold.
Mais celui-ci n’est pas encore d’actualité, insiste-t-il, prévenant que ce n’est pas le moment de préparer les vacances d’été. D’abord parce que la sortie nécessitera préalablement « d’être aussi au clair sur les médicaments, sur les personnes qui devront être traitées en priorité ».
Ensuite parce que la région reste dans une situation « très aiguë », selon le docteur Habold. Et elle compte 1,7 million de personnes fragiles, soit des personnes âgées, soit ayant des facteurs de comorbidité (problèmes cardiaque, respiratoire…), soit encore ayant des problème d’obésité ou de surcharge pondérale, un risque aggravant pour les moins de 60 ans.
Le rassemblement évangélique de Mulhouse est d’ailleurs à l’origine de la diffusion du virus dans le Lot-et-Garonne, premier département de Nouvelle-Aquitaine à avoir franchi le seuil épidémique (10 cas pour 100.000 habitants). Avec 885 cas diagnostiqués sur 2539 au total, la Gironde est de loin le département le plus atteint,
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