Divisées lors des élections municipales, les principales organisations et personnalités de gauche locales se sont ressoudées autour texte commun demandant à la préfecture de « prendre ses responsabilités » face à la situation des squats de l’agglomération bordelaise, confrontés à l’épidémie de Covid-19.
« Les services de l’État doivent désormais prendre leurs responsabilités et assurer la sécurité sanitaire et matérielle des 2000 hommes et femmes dont 500 enfants qui vivent dans ces conditions indignes », alertent cinq partis politiques – le Parti communiste, la France insoumise, Europe écologie-Les Verts, le Parti socialiste et Génération.s.
Ils rappellent que « plusieurs associations, ONG et organisations politiques » ont déjà saisi la préfecture sur cette situation, la mise à l’abri des sans-domicile étant du ressort de l’Etat. Bordeaux Métropole a également demandé officiellement à la préfète que soit assurée la sécurité des distributions alimentaires dans les bidonvilles et squats.
Mais, poursuit la déclaration, « jusqu’à ce jour rien n’a été fait par les services de l’État pour apporter une réponse à la hauteur de l’urgence. Aujourd’hui l’aide aux femmes et aux hommes et aux nombreux enfants vivant dans des squats, plus d’un millier, est entièrement assurée par des communes, des CCAS, des bénévoles de nombreuses ONG et associations locales toujours très réactives pour répondre aux nombreux besoins sociaux, sanitaires et alimentaires. »
Une question humanitaire et de santé publique
L’État doit donc « mettre en œuvre les mesures permettant à ces femmes et ces hommes d’avoir un toit afin de pouvoir se confiner, d’avoir l’accès au droit, à la santé et à l’aide alimentaire », estiment les premiers signataires de cette déclaration – parmi lesquels Clément Rossignol-Puech, maire (EELV) de Bègles, Loïc Prud’homme, député (FI) de Bordeaux, Thierry Trijoulet, secrétaire fédéral du PS, ou encore Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF.
Ils demandent à la préfecture de réquisitionner les logements et chambres d’hôtels vides afin de « permettre le confinement en priorité à ceux et celles qui sont déclarés atteintes du Covid-19 ».
Ils souhaitent en outre que les services de l’État se mobilisent « afin que chacun ait accès à une consultation », régularisent « des personnes sans papiers afin de leur permettre de bénéficier de leurs droits sociaux et sanitaires » et portent « une attention particulière aux gens du voyage ».
« C’est une question humanitaire de venir en aide aux plus fragiles, et une question sanitaire pour l’ensemble de la population de la métropole », conclut ce texte coup de poing :
« Le préfet et les services de l’État ont, non seulement, les moyens de mettre en œuvre ces mesures, mais ils sont les seuls à pouvoir le faire. Le coronavirus ne connait pas les frontières, pas plus qu’il ne se soucie de la nationalité, de l’âge ou de l’origine sociale des humains qu’il contamine. »
40 millions de l’État
Dans un communiqué, Fabienne Buccio, préfète de la Gironde, avait pourtant apporté mercredi quelques « précisions » pour répondre aux interpellations dont elle est l’objet.
Elle a notamment rappelé que l’État finançait « le maintien de 166 places hivernales qui auraient du fermer le 31 mars », l’ouverture d’un « centre de 60 places à l’auberge de jeunesse de Bordeaux le 22 mars » et celles de « centres de desserrement pour un total de 72 places pour les personnes malades qui ne nécessiteraient pas d’hospitalisation ».
La préfecture souligne aussi la création « de 44 places en hôtel à compter du 28 mars et de 50 places pour SDF avec animaux sur le site de Darwin », et le financement de « 18 000 chèques services qui seront mis à la disposition de 7 associations pour un montant de 63 000€ afin de fournir de l’aide alimentaire et des kits d’hygiène ».
Enfin, l’État « finance 6 postes d’adulte relais au sein du GIP Médiation pour 92 000 € par an », qui « intervient quotidiennement dans les squats à la demande de la métropole et de la ville ».
« Les montants seront à rajouter aux 40 millions d’euros mobilisés par l’État chaque année pour l’hébergement et l’alimentation des personnes sans domicile et en demande d’asile en Gironde ».
Mais ces aides semblent aujourd’hui trop cosmétiques, et trop indirectes, aux yeux des acteurs de terrain et des mouvements de gauche bordelais.
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