Les aménagements cyclables d’urgence créés pour le déconfinement, pour favoriser les alternatives à la voiture et aux transports en commun, « ça marche », estime Nicolas Florian. Le maire de Bordeaux a donc avancé ce mercredi que les 25 kilomètres dédiés au vélo avaient « vocation à être pérennisés ».
Il précise cependant qu’il faut « avoir une vigilance sur deux ou trois points » et que si cela provoque de nouvelles congestions, « de nouveaux aménagements pourraient être réalisés ».
Jointe par Rue89 Bordeaux, la métropole ne dispose pas encore de retours chiffrés sur la fréquentation des « pistes coronavirus ». Mais elle considère que « ces aménagements ne se traduisent pas pour l’instant par une augmentation de la congestion », dont le niveau est « très en deçà de ce qu’il était avant la crise ».
« Il y a quelques retenues entre la place Ravezies et la barrière du Médoc mais il faut évidemment persévérer, relève Ludovic Fouché, de Vélo-Cité. Il faut du temps pour que les cyclistes modifient leurs itinéraires et s’habituent à passer pas les boulevards sécurisés, et que de nouveaux pratiquants franchissent le pas en voyant ces aménagements. Par contre, tant que ceux-ci ne seront pas homogènes et continus, avec des tronçons à niveau de sécurité faible, cela risque de décourager les gens et de donner l’impression qu’ils sont sous-utilisés. »
La petite reine déboule en première couronne
L’association reconnaît que « tout faire d’un coup risque de cristalliser beaucoup de problèmes de congestion » et comprend la volonté d’ »y aller pas à pas ». Ludovic Fouché déplore en revanche la décision de Mérignac de supprimer l’aménagement avenue de la Marne, qui selon la mairie générait trop de bouchons.
« On est en discussion avec la Ville pour voir comment les repenser et les refaire de manière plus correcte. »
Car le succès du vélo ne se dément pas. Si Bordeaux Métropole ne dispose donc pas encore d’évaluation de ces « pistes cyclables coronavirus », elle note « une croissance générale [de la pratique du vélo] et une croissance plus marquée en première et deuxième couronne ».
Ainsi, les compteurs répartis sur son territoire ont relevé en mai une augmentation de 10% à 20% des passages de vélo dans Bordeaux centre, de 50% à Mérignac, ou encore de 88% à Bassens.
« Cette tendance, qui est nationale, est très intéressante, elle montre que la pratique cycliste a presque doublé dans les secteur périurbain et ruraux, pointe Ludovic Fouché. Et elle est encourageante alors que le trafic automobile est revenu à près de 90% de son niveau d’avant la crise ».
Effet d’appel
La croissance en périphérie est « un très bon signal car elle témoigne probablement de report de trajets en moyenne plus longs », souligne-t-on du côté de Bordeaux Métropole. Mais elle doit être relativisée « car les volumes ne sont pas comparables entre l’hypercentre et les couronnes » – doubler le nombre de cyclistes en passant de 5 à 10 vélos par jour a moins d’impact qu’une hausse de 10% dans le centre-ville de Bordeaux.
Ainsi, alors que celui-ci « a perdu beaucoup de pratiquants habituels (lycéens, étudiants, professeurs, cadres, clientèle des bars et restaurants…) la croissance de quelques points de la pratique vélo en hypercentre correspond à un afflux très important de nouveaux pratiquants, probablement issus des transports en commun », poursuit la métropole.
« C’est cohérent avec les files d’attente que l’on voit encore tous les jours devant les nombreux vélocistes de la ville. Les aménagements d’urgence, pour l’instant plus nombreux en centre-ville, ont donc dû aussi jouer un effet d’appel. »
« Trop tôt » cependant pour trancher sur leur pérennisation, indique l’intercommunalité, qui entend « aller au bout du programme de réalisations qui se déploie jusqu’à l’été ».
De son côté, Vélo-Cité aimerait que la métropole se lance rapidement dans des travaux lourds et définitifs, pour mettre par exemple les quais de Bacalan à double sens. Et qu’elle étudie des aménagements cyclables dans des secteurs qui en sont totalement dépourvus comme le boulevard Jolliot-Curie, prolongement du pont Saint-Jean sur la rive droite.
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