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A Bordeaux, les expositions se manifestent dans la rue

A travers plusieurs expositions présentées dans des espaces et des lieux publics, Rue89 Bordeaux vous propose un circuit, à faire à pied ou à vélo, de la rive droite à la rive gauche de Bordeaux. Ce parcours artistique en plein air permet surtout de découvrir des œuvres dans une approche adaptée à la crise sanitaire.

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A Bordeaux, les expositions se manifestent dans la rue

La crise sanitaire de la Covid-19 a bousculé les programmes culturels, les programmateurs, et surtout les artistes. Ils ont non seulement subi l’annulation d’expositions, de commandes et autres missions, ils ont été également poussés à repenser leurs créations pour ce qui est des artistes et à revoir leurs propositions pour ce qui est des opérateurs culturels.

A Bordeaux, comme ailleurs, des idées d’expositions ont émergé et trouvé des échos sur de nouveaux supports ou à travers des parcours qui décloisonnent les espaces. Rue89 Bordeaux en a sélectionné trois qui pourraient former un parcours de promenade en ville en partant du pont chaban-Delmas sur la rive droite jusqu’aux Chartrons, en passant par la rue Sainte-Catherine.

Carole Lataste et « Les gens qui partent en sucettes »

Carole Lataste ne manque pas d’idées. L’épreuve de la crise sanitaire a été certes difficile mais la co-fondatrice de N’a Qu’un Œil, association de promotion de projets artistiques relationnels, relève le défi :

« J’avais dans l’esprit cette idée de mettre mon travail, qui est un travail relationnel, dans l’espace public. C’est une initiative qu’on retrouve dans d’autres villes comme Rennes ou Nantes. J’ai fait cette proposition de 100 dessins dans des panneaux Decaux pendant l’été lors d’une réflexion menée pendant le confinement avec l’équipe de la mairie [de la mandature précédente, NDLR]. D’autres structures ont fait des propositions similaires et on s’est réuni pour y réfléchir. »

De cette réflexion est né le programme Ré-clamer dans le cadre d’ « Un été à Bordeaux ». Deux projets d’exposition sur quatre en lien avec les supports Decaux ont été retenus et portés par les quatre opérateurs : la Fabrique Pola, Zébra3, N’a Qu’un Œil et Kloudbox (qui prend le relais de l’affichage). Une troisième signé Guillaume Ruiz propose un affichage « sauvage » sur les supports de la mairie et se fera le messager de paroles glanées des habitants du quartier de La Bastide.

Au pied du pont Chaban-Delmas, une série de Les gens qui partent en sucettes (WS/Rue89 Bordeaux)

Les gens qui partent en sucettes est une exposition encore visible jusqu’au 4 août. Son ambition est de « remplacer la publicité par des histoires de relations humaines, des images d’évasion ».

Dans différents lieux de la ville, une soixantaine d’affiches sont réparties, moitié sur des sucettes fixes et l’autre moitié sur des sucettes mobiles (recto et verso). Cette dernière moitié, divisée en trois groupes de cinq, jalonnent notre parcours dès le début de la promenade du parc des Angéliques en bas du pont Chaban-Delmas jusqu’à la place Stalingrad.

15 œuvres en façade de la Fabrique Pola

Entre deux groupes de sucettes, quinze artistes et collectifs s’exposent sur la totalité de la façade extérieure de la Fabrique POLA à Bordeaux (toujours dans le cadre de Ré-clamer). L’exposition se déploie sur 1000 m2.

« Le bâtiment devient cimaise géante, les œuvres de différents formats jouent avec les dimensions de ce support à ciel ouvert. Les artistes proposent des enseignes, revisitent des sigles, utilisent les matériaux et répertoires de la communication urbaine, s’appuient sur la nature industrielle de son parement, et évoquent une temporalité aussi vaste et vague que l’environnement dans lequel s’inscrit cette exposition » explique le dossier de présentation.

Aperçu de Code Quantum sur la façade de la Fabrique Pola (WS/Rue89 Bordeaux)

Depuis ce 22 juillet, sous le nom de Code Quantum, sont réunis After Affect, Charlie Aubry, Pierre Clement, Ladislas Combeuil, Countach Studio, Franck Éon, Lyse Fournier, Geörgette Power, Rémi Groussin, Benoît-Marie Moriceau, Nani$ôka Groupe, Marianne Plo, Julien Tardieu, Marianne Vitale, et Youg.

On doit le titre de l’exposition à une série télévisée « dans laquelle le docteur Samuel Beckett se retrouve accidentellement prisonnier dans le passé suite à une expérience de voyage spatio-temporel qui a mal tourné : il entreprend alors un périple pour retrouver son époque et son identité ».

Ce clin d’œil est à mettre en parallèle avec l’expérience de confinement qui trouve un écho dans la diversité des œuvres qu’il s’agisse de leurs tailles, leurs techniques, ou leurs matériaux. Code Quantum évoque la confusion et l’incertitude qui semblent s’installer hélas pour longtemps dans l’actualité. Pourvu que le décrochage de cette exposition, le 17 octobre, soit le jour où cette période trouble ne sera plus qu’un mauvais souvenir.

Météoroïdes, trois artistes dans la ville

L’itinéraire est tout tracé. Jusqu’au 12 septembre, trois artistes réunies par Elise Girardot et l’association Föhn dans « une déambulation subjective » invitent à la découverte d’œuvres et aussi d’espaces : XHC Minor Street, la Vitrine des Essais, et Eponyme Galerie.

Rebecca Brueder, Brigitte Zieger, et Jeanne Susplugas (dans l’ordre des lieux cités plus haut) y montrent une œuvre chacune. Coïncidence : le parcours a été pensé indépendamment de la crise sanitaire et de ses contraintes. Le hasard du contexte offre alors une « une déambulation à travers l’espace public dont nous avons été privés pendant le confinement », relève avec intérêt Elise Girardot. Elle ajoute :

« Ce projet réunit trois regards sur trois sujets très différents, des œuvres engagées situées dans des champs esthétiques distincts. […] Plus généralement, cette sélection nous invite a être mobiles, et à regarder différemment les vitrines qui nous entourent d’une part, et les œuvres d’art déplacées du contexte d’un espace d’exposition classique d’autre part. Par la vision des artistes, on est invités à réfléchir “à l’air libre” à des questions telles que la pollution des océans (Rebecca Brueder), la place des femmes “fichées” par les autorités policières ou le FBI (œuvre de Brigitte Zieger, portraits redessinés aux paillettes et à l’ombre à paupière), ou sur notre rapport à la consommation de médicaments ou de drogues (Jeanne Susplugas). »

Aperçu de l’exposition Météoroïdes, Brigitte Zieger à la Vitrine des Essais (WS/Rue89 Bordeaux)

Elise Girardot propose une visite pour les publics le 5 septembre à 10h30 au départ de la vitrine XHC.

Le titre de l’exposition, Météoroïdes, est un hommage à un roman inachevé de Flaubert, Bouvard et Pécuchet (1881). En observant le ciel : « Quelques étoiles filantes glissèrent tout à coup, décrivant sur le ciel comme la parabole d’une monstrueuse fusée. “Tiens, dit Bouvard, voilà des mondes qui disparaissent.” » Une nouvelle coïncidence ?

Bonus

En remontant la rue Sainte-Catherine, une exposition de Joseh Helie est visible à la Galerie bordelaise (à partir de 28 juillet). Plus loin, sur les grilles du Jardin public, carte blanche est donnée à six photographes pendant le confinement. François Jonquet, Miguel Ramos, Marie Fontecave, Sophie Pawlak, Loïs Mugen et Marine Lécuyer, montrent un extrait de leurs travaux jusqu’à fin juillet. Une exposition de photographies de la terre vue de l’espace par l’astronaute Thomas Pesquet devrait suivre à partir du 1er août.


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