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Manifestation à Bordeaux contre « le ministère du viol »

Vendredi, des centaines de personnes se sont réunies à 18 heures sur la Place Pey-Berland pour dénoncer le nouveau « gouvernement de la honte », incarné par la présence en son sein de Gérald Darmanin et d’Eric Dupond-Moretti.

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A Bordeaux, les militantes féministes dénoncent "Darmanin nommé, permis de violer"

Des centaines de manifestant-e-s ont répondu vendredi soir à l’appel lancé sur les réseaux par deux organisations féministes : le mouvement Collages féministes Bordeaux visant à désinvibiliser les femmes victimes de violences et de féminicides, et le collectif NousToutes33 réunissant militantes et associations en lutte contre toute forme de violences faites aux femmes (psychologiques, sexuelles, salariales…).

Elles dénoncent un remaniement gouvernemental « antiféministe, honteux et insultant pour toutes les victimes de viol et d’agressions sexuelles » suite à la nomination de l’ex-Ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, au Ministère de l’Intérieur alors qu’il est accusé de viol et auteur de propos homophobes ; et celle d’Eric Dupont-Moretti, au Ministère de la Justice, en dépit de son hostilité envers les luttes féministes.

A Bordeaux, les militantes féministes s’opposent à une culture du viol jusque dans les ministères de l’Intérieur et de la Justice (MP/ Rue89 Bordeaux)

« Pas de petit sexisme »

Avocat médiatique de plusieurs hommes politiques accusés d’agressions sexuelles et de viol, Eric Dupont-Moretti s’est aussi opposé à la loi contre l’outrage sexiste pour enrayer le harcèlement de rue, évoquant celles qui regrettent « de ne pas être sifflées ».

« Seul un homme n’ayant jamais vécu cette humiliation récurrente peut tenir des propos aussi ridicules, lâche Myriam, militante féministe de 23 ans et pour qui ce remaniement est une douche froide, alors que ses deux parents ont eux-mêmes été les victimes de violeurs restés impunis. Qui plus est, M. Dupont-Moretti ne veut pas admettre que ce n’est pas “qu’un sifflement” mais nos craintes, fondées, qui en découlent : être suivies, agressées, violées. Il n’y a pas de petit sexisme : des mecs qui tolèrent le harcèlement sexuel cautionnent aussi une société où l’on viole les femmes. C’est ça, la culture du viol. »  

Elles soulignent le « message hostile et je-m’en-foutiste » qu’envoie Emmanuel Macron à toutes les victimes de viol mais aussi à toutes les femmes qui vivent le sexisme ordinaire, lui qui avait pourtant fait de l’égalité entre femmes et hommes la grande cause de son quinquennat.

« Je suis pour la démission pure et simple de ces deux ministres, s’indigne Camille, étudiante en droit et militante féministe. Je ne peux pas admettre que le nouveau chef de la police, qui est chargée de prendre les plaintes de ces victimes déjà beaucoup trop classées sans suite, soit un mec lui-même accusé de viol et d’abus de faiblesse. Il y a comme un couac! Celles qui hésitaient déjà à porter plainte – par honte, peur ou découragement face au système judiciaire – reçoivent le signal clair qu’on est dans une société où le viol peut rester impuni, et pire, qu’il n’empêche pas d’obtenir les plus hautes fonctions de l’État. »

Les manifestant.e.s font brûler leurs pancartes « Violeurs à l’Intérieur » devant la mairie de Bordeaux (MP/ Rue89 Bordeaux)

Et même s’il est légal de nommer à un tel poste une personne sous la coupe d’une information judiciaire, des activistes rappellent que ça n’est pour autant « pas éthique ».

Devant la mairie, des militantes ont tagué « 3919 », le numéro national de référence pour l’accompagnement des victimes de viol soutenu par le Ministère en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, comme un appel lancé directement à l’Élysée.

« Blagues à la machine à café »

Pendant ce temps les manifestantes coincent toutes leurs slogans aux barreaux de la mairie, espérant interpeller les pouvoirs publics. Des « colleuses » s’activent également pour plaquer ces mots contre l’hôtel de ville: « État coupable, justice complice » , « Impunité pour les bourreaux » et « Ministère du viol ».

Des « colleuses féministes » dénoncent en plein jour un « État coupable et une justice complice », acclamées par des manifestantes devant la mairie de Bordeaux (MP/ Rue89 Bordeaux)

Dans une moindre mesure, la nomination d’Elisabeth Moreno à la suite de Marlène Schiappa comme Ministre déléguée de l’égalité entre les femmes et les hommes leur pose question. Elles mettent notamment en doute sa conscience féministe après les propos tenus lors d’un entretien en 2018 pour IONIS Mag : « Les blagues à la machine à café sont très importantes, car il ne faut pas qu’on se sente verrouillé et qu’on ne puisse plus s’exprimer. Je ne veux pas d’un climat de défiance où le sexisme met tout le monde mal à l’aise et où chacun mesure constamment chaque mot qu’il utilise… », avait déclaré la nouvelle ministre.

Reste maintenant à voir si après les nombreux rassemblements qui se sont tenus dans toute la France, les féministes continueront à mettre la pression sur le gouvernement.


#féminisme

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