Après avoir révélé en 2014 le détournement de 40 millions de francs guinéens par l’OGP (Office guinéen de la publicité) avec la complicité du Ministère de la Culture, le journaliste de 33 ans a vu sa vie devenir un enfer, comme il l’a raconté à la revue Far Ouest (voir ci-dessous). Intimidé, menacé de mort, il a échappé à une descente de police dans son domicile de Matoto en mars 2015, puis réussi à quitter la Guinée à l’occasion des 45e Assises internationales de la presse francophone à Madagascar, d’où il a pu rejoindre Paris en novembre 2016.
Mais son titre de séjour provisoire ne lui permettait pas de travailler. Puis la France a refusé de lui accorder le droit d’asile, compliquant beaucoup sa situation. Excepté le soutien de quelques amis et de la Fédération Internationale des journalistes et l’aide alimentaire des Restos du cœur, il vit sans ressources.
Le Club de la presse au soutien
Cela ne l’a pas empêché pas de s’investir comme bénévole pour plusieurs causes (prévention contre le sida et les MST à Aides, manutention et distribution des repas aux Restos du Cœur, engagement au sein de l’association culturelle de la paroisse Saint-Michel…) et de reprendre des études en Sciences de l’information et la communication à l’Université Bordeaux Montaigne.
Le Club de la Presse de Bordeaux le soutient depuis plusieurs mois en l’ayant intégré à son collectif de journalistes, lui permettant notamment de rester en contact avec des confrères et de se tisser un nouveau réseau professionnel. Il a lancé une cagnotte qui espère récolter 3000 euros d’ici le 12 juillet afin de couvrir ses frais d’avocat pour la seconde demande d’asile qu’il vient de déposer, et assurer sa subsistance jusqu’à la fin de l’année. Plus de 800 euros ont déjà été récoltés.
Ce mercredi, le Club de la presse organise également une table ronde demain, accessible à tous sur Zoom, qui abordera la « politique et la démocratie en Afrique de l’Ouest » et la situation des journalistes exerçant leur métier sous des régimes autoritaires dans la région.
Marcel Tolno y reviendra sur son expérience de journaliste en Guinée, classée 110e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 publié par Reporters sans Frontières, soit trois places de moins que l’année dernière. En novembre dernier, il avait déjà témoigné des risques encourus en Guinée lors d’une intervention à l’IJBA (Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine).
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