Le projet d’une Maison du dessin de presse et du dessin satirique à Bordeaux a pris un sérieux coup de gomme cette semaine par le nouveau locataire du Palais Rohan. Annoncé lors du 5e anniversaire de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2020, par le ministre de la culture à l’époque Franck Riester – sur une idée de Georges Wolinski, dessinateur de presse assassiné lors de cet attentat, reprise par sa veuve –, Bordeaux s’était alors portée candidate pour l’accueillir par décision de l’ancienne mandature.
Interrogé par Rue89 Bordeaux sur ce refus, le cabinet du maire écologiste Pierre Hurmic, a répondu :
« Nous n’envisageons pas d’acheter clé en main un nouveau musée, d’autant que d’autres villes de Nouvelle-Aquitaine, comme Saint-Just-Le-Martel ou Angoulême, seraient plus pertinentes de par leur positionnement historique sur le sujet. »
La nouvelle majorité dit ne pas vouloir « favoriser la ville “magnétique” qui veut tout attirer au détriment des périphéries, mais un aménagement du territoire plus équilibré et moins auto-centré. Particulièrement dans ce moment de fragilité sociale et territoriale ». Elle rappelle par ailleurs que « la politique muséale de Bordeaux sera débattue lors des Assises de la culture et le site magnifique de l’hôtel de Ragueneau fera partie du débat et pensé en complémentarité des offres culturelles actuelles ».
« Posé un lapin »
Joint par Rue89 Bordeaux, l’adjoint en charge de la création et des expressions culturelles, Dimitri Boutleux, abonde :
« Nous n’avons rien contre le projet de Maison du dessin de presse en lui-même. Simplement, faire de l’hôtel de Ragueneau un lieu expérimental et alternatif nous semble être un choix plus pertinent au lieu de le consacrer à ce seul projet. »
En revanche, contrairement à ce que rapporte le Canard enchainé qui a révélé l’information, Dimitri Boutleux assure que Vincent Monadé, chargé de ce projet et aussi directeur du centre national du livre, leur « a posé un lapin ». Il ne se serait pas rendu au rendez-vous avec l’équipe municipale, fixé initialement en juillet 2020 à Bordeaux. Ainsi, Pierre Hurmic a dû notifier sa décision par écrit.
L’article paru cette semaine dans les colonnes du « journal satirique » ne manque pas de prendre partie contre cette décision et n’y va pas de main molle pour le faire savoir.
« L’esprit satirique, la tradition de la caricature française ne semblent pas émouvoir la nouvelle équipe », écrit le journaliste qui rapporte que le refus a été signifié par « un obscur adjoint à la culture » tandis que « l’écolo Pierre Hurmic n’a pas daigné accorder le moindre intérêt au projet… »
Si le qualificatif « a fait sourire » l’adjoint concerné, la réponse officielle du Palais Rohan condamne « une condescendance qui n’avalise que des pedigree issus d’un entre-soi… très ancien monde ».
Chargement des commentaires…