Une nouvelle fois, le Canard enchaîné vole dans les plumes de Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux. Dans son édition de cette semaine, il revient sur la réponse donnée par l’édile écolo justifiant son refus d’accueillir la Maison du dessin de presse et du dessin satirique à l’hôtel de Ragueneau. L’hebdomadaire satirique qualifie l’explication d’ « administrative » citant « la politique muséale de Bordeaux [qui] sera débattue lors des Assises de la culture ».
Une semaine plus tôt, le Canard enchaîné avait accusé Pierre Hurmic de ne pas « daigner accorder le moindre intérêt au projet ». En réponse, l’équipe municipale a déclaré qu’elle ne voulait pas d’une ville « magnétique » et qu’elle « n’envisageait pas d’acheter clé en main un nouveau musée ».
Dimitri Boutleux, l’adjoint en charge de la création et des expressions culturelles, a fait savoir à Rue89 Bordeaux qu’un rendez-vous avait été fixé avec Vincent Monadé, en charge de l’étude de ce projet, et que celui-ci ne s’y était pas rendu.
Pour y réagir, Vincent Monadé a contacté notre rédaction et a bien voulu répondre à nos questions.
Rue89 Bordeaux : Il y a différentes versions de vos échanges avec la mairie de Bordeaux à propos du refus de cette dernière d’accueillir la maison de la presse. Quelle est la vôtre ?
Vincent Monadé : Dans l’article que vous consacrez à l’abandon du projet de maison du dessin de presse et du dessin satirique par la nouvelle municipalité de Bordeaux (lire ici), l’adjoint du maire vous répond que j’aurais « posé un lapin » en ne venant pas à un rendez-vous qui m’avait été donné. C’est faux. Dès l’élection de monsieur Pierre Hurmic, mon secrétariat a tenté d’obtenir un rendez-vous même téléphonique avec lui pour savoir s’il maintenait ou non l’engagement pris par monsieur Nicolas Florian autour de l’hôtel de Ragueneau.
Malgré une douzaine d’appels et des mails, nous n’avons reçu aucune réponse. Lorsque j’ai fait savoir que je considérais cette candidature comme abandonnée et que je rendrai public dans mon rapport cet abandon et les conditions dans lesquelles il avait eu lieu, le directeur de cabinet du Maire a prétendu avoir noté avec moi un rendez-vous le vendredi à 8h30 du matin auquel je ne me serais pas présenté. Aucun mail, aucun appel n’a été émis de la mairie vers mon secrétariat pour ce rendez-vous.
J’ai alors tenté de joindre de nouveau le cabinet de monsieur le Maire et j’ai fini par recevoir un appel du directeur adjoint de la culture de la ville, monsieur Lilian Sally, qui m’a annoncé l’abandon du projet. Lorsque j’ai demandé à monsieur Sally s’il s’exprimait au nom du Maire, il m’a précisé que le directeur de cabinet du Maire lui avait demandé de m’appeler pour me faire cette réponse.
Je n’ai jamais reçu un courrier de monsieur Hurmic sur ce sujet même si je ne doute pas d’en recevoir prochainement un antidaté. Cette invention est d’autant plus inutile que le jour du rendez-vous j’étais à Bordeaux pour des raisons personnelles. J’avais donc tout à fait le temps de me rendre à un rendez-vous à huit heures trente à la Mairie de Bordeaux.
Quelle est votre réaction à la réponse de la mairie de Bordeaux qui refuse d’être une « ville “magnétique” qui veut tout attirer au détriment des périphéries » en citant Saint-Just-Le-Martel ou Angoulême, des villes « plus pertinentes de par leur positionnement historique sur le sujet » du dessin de presse ?
Avec Fabien Robert, qui était un remarquable adjoint à la Culture, nous avions construit patiemment un projet cohérent et très respectueux de Saint-Just-Le-Martel, comme le sont d’ailleurs tous les projets construits avec les villes en lice.
J’ai rencontré à trois reprises les personnes en charge de Saint-Just-Le-Martel et elles savent l’attention que je porte à leur festival et à son histoire exceptionnelle. Où que soit implantée la future maison, ce qui dépendra de la décision de madame la ministre de la Culture, elle devra étroitement travailler avec Saint-Just.
Pourtant à l’annonce de ce projet, Philippe Henry, co-président du centre de la caricature, de dessin de presse et de l’humour de Saint-Just-Le-Martel qui venait de fêter ses 38 ans d’existence avait fait connaître son mécontentement et avait déclaré : « Nous sommes reconnus dans le monde entier mais apparemment à Paris on ne nous connaissait pas. »
Comme je vous l’ai dit, j’ai rencontré à trois reprises les co-présidents et la dernière rencontre s’est tenue à l’hôtel de Région de Limoges. Ils savent où je vais et je crois qu’ils me font confiance pour réaffirmer l’importance de leur festival et le rôle essentiel qu’il joue. Mais je les laisse vous répondre sur ce point.
Et la ville d’Angoulême ?
S’agissant d’Angoulême, dont je connais bien le maire, Xavier Bonnefont, qui a beaucoup œuvré pour le redressement du festival international de la bande dessinée d’Angoulême, la ville n’a pas été candidate. Peut-être parce que le maire d’Angoulême, qui est compétent sur les matières culturelles, sait que la bande dessinée et l’image animée n’ont rien à voir avec le dessin satirique et le dessin de presse. Les deux sont des arts majeurs, c’est incontestable, mais ils résident sur deux monts séparés.
Quelles étaient les chances de Bordeaux pour accueillir cette maison de la presse ?
Comme je viens de l’évoquer, nous avions travaillé avec Fabien Robert et ses équipes en toute transparence. Bordeaux avait un projet très solide, financé à hauteur de deux millions d’euros pour la rénovation de l’hôtel de Ragueneau pour la part ville, et à hauteur de deux cent mille euros par an pour le fonctionnement de la future maison.
Mais j’avais averti, bien entendu, Messieurs Florian et Robert des autres candidatures en lice. Encore une fois, le choix final appartiendra à Madame Bachelot une fois mon rapport remis.
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