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Le Capc submergé par les déchets de Samara Scott

L’artiste britannique Samara Scott signe une installation monumentale dans la nef du Capc à Bordeaux. Son œuvre met le spectateur au cœur d’un vortex de débris industriels et de déchets plastiques pour dénoncer la pollution et sa cause majeure, l’hyper-consommation. Plongez-vous y jusqu’au 3 janvier 2021.

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Le Capc submergé par les déchets de Samara Scott

Il y a un air de fin du monde dans la nef du Capc, musée d’art contemporain à Bordeaux. En entrant, le sol est nu. Au-dessus, à hauteur de la mezzanine, une « membrane » tendue divise horizontalement l’espace. Celle-ci donne à voir sur sa surface lisse une composition picturale translucide et offre une lumière tamisée à travers de grandes tâches colorées. Un premier effet tient d’une invitation à une déambulation apaisante et poétique.

La quiétude s’estompe quand le regard se fait plus attentif. Ces étonnants filtres naturellement rétro-éclairés sont en réalité des plaques de peintures, d’épaisses couches de vernis, de longues trainées de polymères, des plaques de polystyrène et des objets en plastique à usage unique : gobelets, pailles, cuillères… Ou encore traces du passé de l’entrepôt : épices, sucre, café.

En réalité, le visiteur est au cœur d’un vortex de déchets suspendu à quatre mètres dans les 1000 m2 de la nef.

« The Doldrums » de Samara Scott au Capc (WS/Rue89 Bordeaux)

Cette monumentale réalisation in situ est l’œuvre de l’artiste britannique Samara Scott qui s’intitule « The Doldrums ». Le titre a une double signification : marasme ou zone maritime calme. Ces significations prennent leurs sens quand on sait que l’artiste devait présenter son travail en avril, empêchée par le confinement et ballotée par ses incertitudes.

Œuvre immersive

Samara Scott signe ici son premier projet d’envergure en France. Une autre version de l’installation a été visible au Tramway, centre d’art de la ville écossaise Glasgow, où la commissaire bordelaise Alice Motard la repère et l’invite à Bordeaux.

Dans la nef, l’œuvre gagne une double lecture, « recto et verso ». De la vision plane du rez-de-chaussée, on retrouve, sur la mezzanine, le chaos des déchets, tous ramassés ou récupérés dans des usines ou des chantiers de la ville, empilés et méticuleusement disposés par l’artiste elle-même.

Inspirée par une peinture de Paul Nash réalisée en 1941, « Totes Meer » (La mer morte), Samara Scott se défend d’un message explicite. Elle évoque « un travail plasmatique » et « un assemblage alchimique ». Pourtant dans cet œuvre immersive, le spectateur vit une expérience forte, pris au piège de ce filet tendu au-dessus de sa tête, emprisonné dans sa propre pollution, englouti, le nez dedans.

Depuis l’an 2000, le monde a produit autant de plastique que toutes les années précédentes combinées. En 2016, l’humanité a engendré 310 millions de tonnes de rebuts plastiques. 40 000 tonnes se retrouvent sur l’ensemble des océans du globe. S’il y a dans The Doldrums de Samara Scott un air d’un monde d’après, il est loin d’être un monde meilleur.

Autour de l’œuvre, un premier Cosa Mentale présente dans les galeries du deuxième étage un ensemble réuni par Cory John Scozzari, directeur de Cordova, un projet curatorial initié à Vienne et actuellement à Barcelone.


#Plastique pas fantastique

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