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Ces sujets que Rue89 Bordeaux ne pourrait plus traiter après la loi « sécurité globale »

La loi « sécurité globale » a été adoptée le 4 novembre en commission des lois de l’Assemblée nationale. Le texte sera examiné par l’ensemble des députés à partir du 17 novembre. Cette loi représente une atteinte à la liberté de la presse, en particulier son objectif de limiter la diffusion d’images des forces de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions.

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Ces sujets que Rue89 Bordeaux ne pourrait plus traiter après la loi « sécurité globale »

« Protéger ceux qui nous protègent. » La proposition de loi « sécurité globale » des députés de la majorité LREM soulève de nombreuses inquiétudes. Outre l’article 21 qui veut déréguler l’utilisation des caméras portées par les forces de l’ordre et l’article 22 visant à légaliser la surveillance par drone, l’article 24 entend tout bonnement interdire au public la diffusion des images de policiers.

Cet article, s’il est validé, considèrerait comme délit la diffusion, par tout moyen, de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » – à l’exception du numéro de matricule (RIO) – d’un policier ou d’un gendarme en intervention, quand cette diffusion a pour but de « porter atteinte à son intégrité physique ou psychique ». La sanction serait d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende.

A cette occasion, Rue89 Bordeaux a jeté un coup d’œil dans le rétro pour repasser en revue les publications qui seraient aujourd’hui contraire à cette loi. Les mouvements sociaux de ces dernières années sont bien sûr en première loge – Loi travail, Gilets jaunes, Nuit debout… S’y ajoutent également d’autres actualités comme l’arrestation musclée d’un cycliste en mai dernier par les policiers municipaux.

Loi travail

En suivant le mot clé Loi travail, de nombreux articles de nos journalistes rapportent les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, accusés à l’époque d’avoir directement visés des reporters.

De l’interpellation puis la libération d’un jeune manifestant et la prise à partie d’un commissaire, à l’arrestation d’un lycéen place Saint-Michel et ensuite son témoignage livré à Rue89 Bordeaux, ces situations ont fait l’objet de reportages visant à informer nos lecteurs le plus exhaustivement possible.

Tension en fin de manifestation (Capture d’écran)

En 2018, la Loi Vidal a également été l’objet de nombreuses confrontations entre les forces de l’ordre d’un côté, les étudiants et lycéens de l’autre. Nos lecteurs se rappellent encore de l’intervention violente de la police pour évacuer un amphi occupé à la faculté de la Victoire. Ces images, réalisées par les étudiants, ont suscité l’indignation jusqu’à provoquer la mobilisation du personnel de l’université ainsi qu’un groupe de doctorants.

Gilets jaunes

2019 et 2020 ont été le théâtre, en plusieurs actes, des rassemblements des Gilets jaunes partout en France, et particulièrement à Bordeaux, ville devenue un des bastions de la contestation. En avril 2019, celle-ci a donné lieu à la publication d’une impressionnante série de photographies de Jean-Michel Becognee, un travail qui a fait l’objet d’une édition d’un album du photographe bordelais indépendant.

(Photo Jean-Michel Becognee)

Lui et bien d’autres photographes œuvrant en première ligne pour couvrir les heurts, ont rapporté des témoignages de violences policières argumentées par des images saisies sur le vif. Ces journalistes, qui ont contribué à documenter le mouvement et la répression qui l’a visé, ont raconté à Rue89 Bordeaux les risques de leur travail sur le terrain, rendu souvent difficile par les intimidations et la défiance de tous les protagonistes.

Un an plus tard, 41 signalements de violences policières ont été enregistrés à Bordeaux, propulsant la capitale girondine en tête de liste des villes comptabilisant le plus grand nombre de victimes. La gestion des manifestations des Gilets jaunes par le préfet de l’époque, Didier Lallement, a notamment poussé l’Observatoire girondin des libertés publiques à dénoncer, dans un rapport, la « politique du maintien de l’ordre [qui] a eu un effet d’intimidation ».

« Promesse »

Si l’auteur principal de la loi « sécurité globale » est le député marcheur Jean‑Michel Fauvergue, ancien chef du RAID de 2013 à 2017, celle-ci vient répondre à la « promesse » faite par Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur avait déclaré :

« J’avais fait une promesse, qui était celle de ne plus pouvoir diffuser les images des policiers et des gendarmes sur les réseaux sociaux. Cette promesse sera tenue puisque la loi prévoira l’interdiction de la diffusion de ces images. »

Les médias, organisations syndicales et personnalité signataires d’une tribune – dont Rue89 Bordeaux – rappellent que « filmer les agissements et les comportements des agents des forces de l’ordre, dans leur action, doit rester un droit ! Il en va de la liberté de la presse, de la liberté de manifester, de notre démocratie ».


#Violences policières

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