Des bancs, des chaises, un autel avec tous ses accessoires, ont été installés au Jardin Public de Bordeaux ce dimanche 29 novembre. A l’heure du rendez-vous, 10h30, entre 200 et 300 personnes s’y sont retrouvées pour une messe en plein air.
L’événement, annoncé la veille sur le site d’extrême droite Medias-presse.info, est minutieusement préparé depuis quelques jours. Son affiche précise que la « manifestation publique [a été] déclarée en préfecture le 25 novembre ». L’organisation est signée du Prieuré Sainte-Marie de Bruges (33) où est hébergée l’association de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (« qui n’est pas liée au diocèse de Bordeaux », a tenu à préciser ce dernier).
L’abbé qui a assuré la messe est Michel Frament, qui officie d’habitude à la chapelle Notre-Dame du Bon Conseil, près de la Barrière du Médoc, qui dispose pourtant d’environ 180 places. Dans la ligne des rassemblements pour la messe des dimanches précédents à Bordeaux, visant elles l’interdiction des cérémonies religieuses pendant le confinement, celle-ci visait selon le prêtre intégriste à protester contre la jauge des 30 personnes imposée aux cultes (du moins jusqu’à ce que ce règlement soit cassé ce dimanche par le Conseil d’Etat). Une règle d’après lui « injuste et insultante » pour les fidèles.
Il a déclaré cette manifestation à la préfecture, qui ne pouvait « l’interdire que si elle présentait un trouble à l’ordre public », ce qui n’était selon l’abbé pas le cas.
Manifestation revendicative
La préfecture de la Gironde a confirmé à Rue89 Bordeaux que les organisateurs avaient déclaré une « manifestation revendicative » précisant qu’elle prendrait la forme d’une messe. Pour le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, cette « privatisation du Jardin public est un coup de force de la Fraternité », la manifestation religieuse n’ayant selon lui « fait l’objet d’aucune demande d’autorisation auprès de [ses] services ».
A moins de fermer totalement le parc ce dimanche, la Ville ne pouvait néanmoins l’interdire, pour les mêmes raisons que la préfecture. Elle a tenté de dissuader l’ordre religieux, en vain, assure Pierre Hurmic. Une seule mesure a pu être engagée :
« Apprenant la présence d’un camion entré sans autorisation dans l’enceinte du Jardin Public, le Maire de Bordeaux a demandé à la police municipale de constater l’infraction et d’engager une procédure de verbalisation. »
Le maire affirme en effet que personne ne leur a ouvert les grilles du parc. Sur sa page Facebook, Amine Smihi, adjoint chargé de la tranquillité publique, de la sécurité et de la médiation, écrit :
« L’irresponsabilité des organisateurs de cet événement non autorisé est une provocation scandaleuse et une remise en cause de la laïcité et des lois de notre pays ! Comme beaucoup de riverains, j’ai été choqué ce matin de découvrir cette privatisation du jardin public avec service d’ordre et périmètre contrôlé. Choqué encore plus par les propos anti-IVG et anti-réglementations tenus ! »
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