« Inégalité » ! Le terme est lâché. La grogne des commerces de proximité, vent debout contre les termes du confinement, a trouvé un écho chez plus de cinquantaine maires et présidents d’agglomérations urbaines. Dans un courrier à l’entête de France Urbaines – une organisation représentant l’ensemble des métropoles, communautés urbaines, communautés d’agglomération et grandes villes de France –, ils demandent à Jean Castex de « travailler rapidement à une solution ».
Pierre Hurmic, maire EELV de Bordeaux, a co-signé ce texte envoyé le 31 octobre au premier ministre et souligne « la demande légitime d’équité de traitement entre les commerces de proximité et les grandes surfaces ».
Élus pas concertés
L’exemple pris, « mais il n’est pas le seul » précise le courrier, est celui des libraires. Interrogé par Rue89 Bordeaux lors de son point presse ce vendredi, Pierre Hurmic avait annoncé qu’une « solution était à l’étude » au vu de la colère qu’a soulevée le maintien de la Fnac-Darty ouverte. Interrogée également, Martin Guespereau, préfet délégué pour la défense et la sécurité avait justifié l’ouverture de l’enseigne par la vente du « matériel informatique nécessaire au télétravail ». La Fnac-Darty a finalement été contrainte par le gouvernement de fermer son rayon livre, comme les autres grandes surfaces.
Signataire également de cette lettre adressée au chef du gouvernement, Alain Anziani, maire PS de Mérignac et président de Bordeaux Métropole, a précisé dans un courrier adressé aux commerçants :
« Il est incompréhensible de pouvoir acheter des fleurs, des ustensiles de cuisine ou des vêtements dans une grande surface, mais non sur un marché ou dans le commerce de proximité ». Il regrette également que les élus « n’aient pas été concertés pour l’ouverture et la fermeture des commerces ».
Le président de la métropole précise par ailleurs que « les arrêtés pris par des maires autorisant l’ouverture des magasins seront inévitablement annulés pour incompétence » et « rappelle que de tels arrêtés ne protègent pas les magasins qui risquent une sanction ainsi qu’une fermeture administrative ».
Marketplace
C’est le cas de Franck Raynal, maire divers droite de Pessac, qui a signé « un arrêté municipal pour autoriser les commerces non-alimentaires à rester ouverts ». Reconnaissant un geste symbolique, il a annoncé que la ville de Pessac mettrait en place dès cette semaine la liste de tous les commerces non-alimentaires qui proposent un service « click and collect » et une drive, ainsi que la gratuité du stationnement.
Pressée par l’opposition, la ville de Bordeaux, qui a refusé de rendre le stationnement gratuit en centre-ville et a proposé des aires pour y déposer gratuitement les voitures, envisage cette semaine la mise en ligne d’un « Marketplace » avec une formation en visioconférence pour les commerçants qui souhaitent y souscrire :
« Cette semaine, le projet aura sa forme définitif, précise Sandrine Jacotot, adjointe au maire chargée des commerces, des marchés et des animations de proximité. Nous avons voulu une solution simple, rapide et efficace. Les commerçants qui le souhaitent pourront positionner leurs produits. Les clients pourront commander ou réserver. Il y aura une plateforme de paiement en ligne et les livraisons seront effectuées en vélo. »
L’adjointe espère surtout initier une dynamique auprès de « tous les commerçants qui ont peur de la vente digitale, ou qui ne sont pas armés » qui pourrait perdurer au-delà du confinement. Elle compte sur l’adhésion de 2000 commerçants.
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